DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 10
Un extrait de mon autobiographie 'Le bon vieux temps'.
« Ce qui nous différencie des autres créatures c’est cette mémoire que nous possédons et que nous pouvous transmettre aux générations futures. »
Les moments qui m’avaient marqué pendant ces années d’étude dans la Capital étaient ces fêtes nocturnes tenues par les chiites. J’écoutais plusieurs nuits de suite les roulements des tambours et voyais passer les chars décorés de belles lumières.
Je me rendais des fois aux Champs de Mars pour assister aux courses des chevaux particulièrement les samedis. J’allais voir un beau film du genre péplum au cinéma Majestic, Luna Park ou Rex. J’allais me promener dans le Jardin de la Compagnie, fréquentais la Grande mosquée, passais devant les églises et les cathédrales, contemplait la Citadelle au loin.
Je découvris le port avec ses flots qui berçaient les chaloupes, les canots, les bateaux à moteur, les navires et les remorqueurs.
Une fois je me trouvais à la Saline en fin de journée. Je m’extasiais devant la belle vue qui s’offrait à moi au moment où le soleil se déclinait. Je ressentais une certaine douceur dans ce lieu où il faisait bon se promener en amoureux, se confier ses moindres secrets, chercher l’intimité et se laisser aller à des confessions. Les arbres projetaient des ombres qui invitaient les passants de venir s’asseoir, se détendre en profitant de l’air pur qui provenait de la mer.
Mais un endroit d’une telle apparence, d’un tel aspect où le silence prime, où la tranquillité attire l’attention peut en cacher bien de mystères qui peuvent se révéler à tout moment.
Je ne savais pas encore que ma présence dans ce lieu allait marquer mon état d’esprit profondément pendant que je m’étais éloigné de quelques camarades qui m’accompagnaient. Je m’étais engagé dans un sentier pour devancer mes amis et les attendre plus loin. Je fus surpris d’entendre du côté des broussailles des bruits inaccoutumés. J’avançais tout doucement pour voir un homme et une femme dans une posture inhabituelle.
Je fus très confus devant ce spectacle ahurissant et détournais mes yeux en cherchant à prendre la fuite. Je ne comprenais pas encore grand-chose des relations qui existaient entre l’homme et la femme. La société dans laquelle je vivais ne m’avait pas donné l’occasion d’apprendre davantage sur l’amour, la relation sexuelle et autre sujet de ce genre qui demeuraient encore tabous. Les amis que je fréquentais étaient aussi ignorants que je l’étais sur de tels sujets. Je n’avais pas prononcé un seul mot de ce que j’avais vu. Mais je commençais à comprendre ce qui rapprochait deux êtres de sexe opposé. Je passais des nuits à réfléchir sur les rapports qui existent entre l’homme et la femme. Dans cette période de l’adolescence le déclic causé par cette scène que j’avais vue à la Saline faisait son petit bonhomme de chemin en me faisant avoir des idées bien définies sur les liens qui unissaient ces deux êtres. Je commençais à regarder les filles avec l’intention de les plaire, d’attirer leur attention. Je cherchais des occasions à me rapprocher d’elles et mes regards ne les quittaient pas tant je croyais apercevoir en elles une source d’affinité et de complicité, un bonheur, un plaisir recherché. Le viril instinct de l’homme commençait à s’éveiller en moi. Comment empêcher la nature se développer toute seule. Aucune loi ne peut entraver sa marche. Les connaissances s’accumulent dans tout être de manière différente. Quelles que soient les idées que je me fais des femmes jamais une seule fois je ne les avais manqué de respect. Pourtant sur le chemin de l’école j’eus bien l’occasion de rencontrer des filles. Elles faisaient tranquillement leur route sans vraiment se mêler aux garçons qui les suivaient, les taquinaient. Il n’était pas de coutume encore dans notre société de permettre les filles et les garçons de se mélanger.