DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 13
Un extrait de mon autobiographie 'Le bon vieux temps'.
« Ce qui nous différencie des autres créatures c’est cette mémoire que nous possédons et que nous pouvons transmettre aux générations futures. »
Au collège je me familiarisais en peu de temps avec les élèves de ma classe et de l’établissement, toutes issues de familles modestes qui habitaient dans les villes et villages de proximité. Je m’étais même fait remarquer par quelques professeurs qui semblaient m’apprécier et m’estimer. C’était pour moi de l’encouragement. Je suivais leurs cours avec intérêt dans une classe peu nombreuse et mal éclairée. Pendant que je faisais des progrès dans mes études, je commençais à faire des préférences à des matières dans lesquelles je me débrouillais bien. L’enseignement se faisait dans la langue anglaise sauf le français. Je me passionnais beaucoup pour l’histoire et la littérature. Nous étudions l’histoire de la Grande Bretagne de 1066 à 1485. Une époque que nous devrions connaître pour les examens de la fin d’année. Nous étudions les grands dramaturges, poètes et romanciers anglais : Shakespeare, Byron, Browning, Shelley, Dickens, Brontë etc. Comment ne pas connaître Romeo et Juliette, Macbeth, Tempête, David Copperfield, Jane Eyre.
Entretemps, dans mon village les mœurs commençaient à évoluer. Après les études et le travail les gens avaient besoin de se distraire. Nous étions à cette époque où l’on découvrait des nouvelles technologies qui prenaient place dans la société et incitaient les gens à changer leur mode de vie. Des projections des films se faisaient souvent dans le village auprès d’un dispensaire à la tombée de la nuit ou d’un centre social. Les gens étaient avertis dans la journée par un véhicule annonçant à haute voix l’évènement. Les gens se regroupaient tôt pour voir des projections des films documentaires et d’actualités. Ces animations étaient appréciées par une foule de gens qui venaient de partout. Tout le monde était content en se rendant chez eux après la projection qui terminait parfois tard le soir.
La télévision ne tarda pas à faire son apparition. Seulement le centre social du village en possédait. Beaucoup de personnes allaient s’installer à l’arrière cour du centre social à attendre l’heure que le responsable allait allumer le poste. Généralement ce ne serait pas avant 18 h. Mais combien de personnes attendaient cet instant pour découvrir les films en noir et blanc de l’époque et y restaient jusqu’à la fin ?
A cette époque les éventuelles perspectives de développer et de motiver l’imagination étaient quasiment néant. Il n’y existait pratiquement pas grand-chose qui puisse aider à avancer, à progresser de manière à ouvrir les portes de l’avenir.
J’avais très peu de chance de développer mes facultés comme je l’aurais souhaité ou mérité en fonction des efforts que je fournissais. Les cultures, les modes, les coutumes, les traditions sont tous importées et la lenteur des activités me faisait comprendre que pas grand-chose pourrait être accomplie dans ce milieu. Je vivais dans une société encore en voie de dévéloppement. Les grandes activités qui faisaient avancer le monde se passaient ailleurs. J’étais encore trop naïf pour le savoir et je m’accrochais à l’existence comme je pouvais en ayant la sensation d’être satisfait sans jamais le démontrer. Dans un tel milieu il était difficile de nourrir de grandes ambitions, de nous inciter au progrès, de fournir de grands efforts pour mener notre vie. Nous nous contentions de ce que nous avions avec notre esprit pauvre comme l’était notre condition de vie.