DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 14
Un extrait de mon autobiographie 'Le bon vieux temps'.
« Ce qui nous différencie des autres créatures c’est cette mémoire que nous possédons et que nous pouvons transmettre aux générations futures. »
Etait-ce naturel que l’esprit des gens du village demeure infertile, au point à limiter leur monde et les faire ignorer les frontières qui pouvaient les montrer des nouveaux horizons ? Les gens donnaient l’impression de tourner en rond et de se diriger dans la même direction sans faire attention. Chacun se débattait comme il pouvait pour s’occuper de sa famille. Les gens gagnaient si peu dans des travaux durs qu’ils se trouvaient tout le temps suffoqués par des problèmes de tout genre. Ils pouvaient à peine envisager des quelconques projets d’avenir.
Je faisais parti de ce cocon. Je me souviens des fois que je me rendais au Centre Social de mon village les après-midis pour regarder les films de l’époque. Quand nous eûmes notre poste de télévision chez nous plus tard je passais mon temps devant l’écran et y restais jusqu’à fort tard le soir. C’était une façon pour moi de m’instruire, de me cultiver pour me faire une idée de ce monde. C’était un luxe que d’avoir chez soi un tel matériel. J’ignorais de quelle manière mes parents l’avaient obtenu mais je savais que mon père, par le biais de ses activités commerciales, faisait des relations. J’avais intérêt à l’époque de bien partager mon temps entre mes études et mes distractions.
A l’approche des examens de fin d’année je bossais durement et regardais moins la télévision. Les dimanches je me rendais dans la capitale pour passer toute l’après-midi dans une salle de cinéma enfumée à regarder trois films d’affilé. En quittant la salle comme un effaré je risquais de rater le dernier bus en partance vers mon village. Je courais comme un éperdu dans les labyrinthes des rues de la ville pour joindre la gare du front de mer où le chauffeur du bus attendait les derniers arrivés.
Dans les occasions de cérémonies religieuses chacun se cantonnait au sein de leur communauté pour la célébration. Notre société nous permettait de renforcer notre foi de quelque façon que nous voulions.
Je liais amitié avec plusieurs garçons de mon âge et de différentes confessions qui habitaient le village. Nous nous regroupions les après-midis pour passer ensemble des moments qui nous permettaient de mieux nous connaître. Nous étions quatre dont trois terminaient les études et se préparaient à trouver du travail. Le quatrième travaillait déjà à l’usine pour subvenir au besoin de sa famille, étant privé de père depuis petit. Ces liens m’attacha davantage à mon village et me donnait aussi l’occasion, en leur compagnie, de découvrir d’autres régions de mon île, en faisant fréquemment des sorties à bicyclettes pour se rendre au bord de mer, sur le flanc des montagnes et dans d’autres villages de proximité. Je ne m’étais jamais autant amusé dans des promenades, des distractions, des ballades, des sorties comme à cette époque qui marquait une étape bien distincte de ma vie. Nous nous trouvions des fois jusqu’à fort tard dans l’arrière salle d’un restaurant chinois, mes amis à trinquer avec des boissons alcoolisée, moi à les accompagner avec un coca ou un Fanta à la main. Je ne buvais pas de l'alcool. C’était à cette même période que j’avais commencé à fumer. Les gens du village s’étonnaient de nous voir nous réunir régulièrement. Ils nous devaient du respect et portaient envers nous leur admiration. Nous ne pouvions pas être plus fiers. Nous avions appris à vivre ensemble comme des frères malgré que nous fussions tous issus de différents milieux sociaux, pratiquions des différentes coutumes, cultures et traditions. C’était un vrai exemple qu’une nation pouvait montrer au peuple entier. Je ne le regrette jamais ces instants de bonheur ressentis à l’époque et dans mes souvenirs je ne peux qu’être fier d’en évoquer.