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DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 17

20 Février 2019 , Rédigé par Kader Rawat

Un extrait de mon autobiographie 'Le bon vieux temps'.

« Ce qui nous différencie des autres créatures c’est cette mémoire que nous possédons et que nous pouvons transmettre aux générations futures. »

 

 

D’une hauteur d'un mètre quatre-vingts, cette étagère ne contenait pas plus d’une trentaine de livres de format poche, la plupart en anglais et uniquement de littérature générale, sauf un vieux volume de 'Le cabaret de la belle femme' de Roland Dorgelès réclamé par ma cousine et que j’avais récupéré dans le fond d’une boîte. J’avais donc acquis par chance ce livre qui avait apparemment été oublié par un ancien locataire de la chambre voisine, fermée en ce temps-là.

Quand je descendais à Port-Louis, je me rendais à chaque fois à la Librairie Nationale, endroit où je passais de longues heures à découvrir des livres d’occasions dont les prix ne dépassaient pas les cinq roupies. Les auteurs français ne m’étant pas connus, je décidai de prendre des livres français en bon état et volumineux. Je rentrais chaque fois à la maison avec un paquet de plusieurs livres que je rangeais précieusement dans ma bibliothèque. J’achetais aussi des livres anglais qui vinrent grossir ma petite collection. Je m’installais la plupart du temps sur mon lit pour feuilleter les livres les uns après les autres sans ressentir aucun plaisir, aucune envie de lire.

 Quand je pense à cela aujourd’hui, je regrette de m’être montré bien difficile dans le choix de mes lectures. Est-ce que  mon  penchant pour un langage fleuri me poussait à rechercher un certain type particulier de littérature ? Je recherchais dans un passage plus l’expression, le style que les idées. J’avais déjà entendu parler de Charles Dickens par les enseignants du collège et je savais aussi que ses livres étaient étudiés dans les classes supérieures, la School Certificate ou même le General Certificate of Education.

Je voulais obtenir un de ses livres en version française, mais aucun de mes amis n’en possédaient. Je me réjouissais de lire 'Le Petit Chose' d’Alphonse Daudet, un vieux livre sans couverture que j’avais trouvé au hasard au fond d’une étagère de la Librairie Nationale. Je pris la résolution de m’abonner à la Bibliothèque Municipale de Port-Louis, et me trouvais devant un trésor de livres. L’abonnement donnait droit à deux livres. Je réussis à obtenir un gros volume de « David Coperfield » de Charles Dickens.

Le soir, à la lueur d’une bougie, je passais de longues heures à suivre les aventures de David. Je lisais jusqu’à fort tard sans me soucier de l’heure et sans aucune fatigue.

Je dévorai ensuite de très beaux livres que je découvris à force de chercher, de fouiller, de choisir. Commençant par Georges Sand, Guy de Maupassant, Henri Bordeau, Albert Camus, Alexandre Dumas, Jules Verne, je continuai avec Marcel Proust, Honoré de Balzac, Charles Baudelaire, Gustave Flaubert, François René de Chateaubriand, Emile Zola, Jean-Jacques Rousseau, Voltaire,  Restif de la Bretonne, Jules Michelet, Stendhal, Prosper Mérimée. J’avoue n’avoir pas lu tous leurs ouvrages, mais j’étais déjà content de connaître les noms de ces écrivains célèbres, et bien d’autres que je ne mentionne pas ici pour ne pas allonger la liste, mais qui m’ont procuré énormément de plaisir.

L’étude de la littérature anglaise au collège m’a fait découvrir les noms des grands écrivains anglais et américains tel que les sœurs Brontë, Robert Louis Stevenson, Thomas Hardy, Jane Austen, Henry Fielding, Joseph Conrad, Henry James, D.H. Laurence, Laurence Durell, Graham Greene, George Elliot, Elizabeth Gaskell, Archibald Joseph Cronin, Margaret Mitchell, Ernest Hemingway, William Faulkner pour ne citer que cela.

J’avais lu L’amant de Lady Chatterley de D.H. Laurence avec beaucoup de plaisir. C’était le premier livre que je lisais et qui décrivait l’érotisme frisant la pornographie que ma jeunesse m’incitait à découvrir. Avec mon ami Roy, nous avions à ce moment là des conversations animées dans lesquelles étaient évoqués les problèmes de censure, de polémique qu’avaient rencontré plusieurs auteurs supposés avoir porté atteinte aux mœurs de leur pays. Les sujets abordant l’adultère, l’érotisme, l’inceste et autres immoralités soulevaient l’indignation et un procès fut intenté au célèbre écrivain Gustave Flaubert pour son livre Madame Bovary.

Combien de livres interdits ne purent alors trouver d’éditeurs et furent publiés à compte d’auteur pour être vendus clandestinement ? Le Marquis de Sade est, par ses ouvrages érotiques, un des plus connus.

Mon ami me demanda si j’avais déjà lu « Kamasoutra » et « Le jardin parfumé ». Il me procura ces livres pour une semaine, et je les avais dévorés. Je consacrai également beaucoup de temps pour améliorer ma connaissance de la littérature générale et plus tard, j’aborderai aussi la littérature russe et allemande dont des auteurs tels que Tolstoï, Dostoïevski, Tchekhov, Goethe, Elias Canetti, E.M. Remarque, et Thomas Mann, m’ont fait connaître des ouvrages forts intéressants. Je passais mon temps dans mes études que je n’avais nulle intention d’abandonner et auxquelles je m’accrochais solidement.

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