DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 8
Un extrait de mon autobiographie 'Le bon vieux temps'.
« Ce qui nous différencie des autres créatures c’est cette mémoire que nous possédons et que nous pouvous transmettre aux générations futures. »
De mon premier long voyage que j’avais effectué jusqu'à la Réunion en compagnie de ma grand-mère paternel, alors que j’avais à peine 10 ans, il me reste encore quelques souvenirs. Je me souviens bien de cette séquence où je descendais une rue étroite de Saint-Denis, derrière mon cousin, dans une pente asphaltée, sur une patinette faite en bois et des roulements à billes. Une autre fois, je fus renversé par une bicyclette en traversant la rue sans heureusement me faire trop de mal. Je sautais par une fenêtre pour marcher sur les tôles brûlantes. Je jouais avec des bois en forme de cubes. J’effectuais un voyage fatiguant par le ti-train, le car courant d’air qui roulait pendant longtemps avant d’atteindre notre destination Saint-joseph où habitait ma tante. Je humais souvent l’odeur du savon Marseille tout près des bassins, une odeur forte, particulière, qui me rappelle à chaque fois cette atmosphère sombre de la maison et tous les décors des escaliers en pierres qui reliaient la maison à étage à la grande cour ombragée par quelques manguiers, où se trouvait également un puits et des ustensiles de cuisines posés sur le muret. Beaucoup des évènements de cette époque sont restés estompés dans la mémoire. Tous mes efforts demeurent vains pour les faire surgir. Même les visages des personnes que j’avais rencontrées ne représentent plus grand-chose dans mon esprit. L’époque remonte bien trop loin dans le passé pour que je puisse retenir davantage des séquences, le développement de mes facultés était beaucoup trop lent pour préserver encore des évènements mal imbibés par ma mémoire. Ce fut tout de même un séjour que je n'oublierai jamais e toute ma vie.
Quand je fus de retour dans mon Île, mon sommeil était des fois interrompu tard dans la nuit par l’arrivée des parents de la Réunion. Les yeux encore lourds, j’entendais des grands éclats de rire, des voix qui tonnaient de joies dans le grand salon, des froissements de belles parures, des trimbalements des valises lourdes et assurément remplies des beaux cadeaux qui seraient distribués le lendemain. J’étais trop jeune pour me mêler à l’ambiance qui régnait parmi les grands, malgré que j’aie l’envie de me lever pour aller partager ce moment exultant. Je faisais semblant de dormir en épiant d’un œil ce qui se passait dans le salon, où les lumières vacillantes des lampes s’interposaient entre les silhouettes et les ombres.
Les jours qui suivaient me procuraient de nombreuses occasions à me promener en voiture, me rendre chez des parents à Port-Louis où nous restions jusqu’à tard le soir. Nous nous rendions au bord de la mer où j’eus l’occasion de me baigner dans l’eau tiède, en profitant des sables blancs et éblouissants. Un grand cousin qui habitait avec nous et qui conduisait la voiture nous emmenait visiter les beaux sites de notre île que j’admirais avec plaisir. Ce moment fastidieux ne durait pas longtemps, malheureusement. Le départ des parents était suivi par des moments tristes et remplis de beaux souvenirs.