DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 25
Le seul incident que j’avais eu était une histoire banale qui me fait aujourd’hui réaliser à quel point l’esprit de la jeunesse est faible et susceptible. Je venais d’allumer une cigarette un matin quand la cloche sonnait, et ne voulant l’éteindre si vite, je me rendais aux côtés de mes collègues durant le rassemblement du matin. Le nouveau Superviseur, Monsieur Kassenally, ayant constaté cela, me fit une remarque insidieuse et désobligeante devant les élèves. J’avais très mal digéré cette humiliation et ne pouvais l’accepter sans un sentiment de révolte parce que je me voyais atteint dans mon orgueil. Mes collègues me reprochaient mon attitude indifférente et me poussaient à aller le voir dans son bureau pour lui demander des explications.
Je me rendis dans son bureau et nous avions parlé à peu près en ces termes :
— May I talk to you Mr. Kassenally, dis-je en frappant à la porte de son bureau.
— Oh, Mr Rawat, please come in. What can I do for you? répondit-il.
— I have come more exactly to see you because I did not appreciate what you said on me during the gathering.
— But I can’t stand it, Mr Rawat.
— I understand that you cannot stand it Mr Kassenally, but this is not the reason to make such remark to me in front of the pupils. You could have called me in your office to tell me calmly what you have got to say to me but the way you humiliate me in front of the pupils is not the good one. I take great care to present what I have got best of myself to the pupils and now by your words you want to destroy my personality just because you can’t stand seeing me bearing a cigarette between my fingers. I am not giving bad examples to the pupils as you pretend.
— Well, I am sorry Mr Rawat, my intention is not to frustrate you when I said it. I did not know that this would disappoint you likewise. My intention has never been to humiliate you, make sure. Why should I destroy your personality? Maybe that I make a mistake to have made such remark to you in front of the pupils but I did not want to harm you. I am really sorry.
— No matter. It's okay. I would prefer that you call me next time in your office and tell me all you want.
— I am sure you would not give me such occasion.
— I would try my best, but as every human being, I have my weaknesses. Good-bye Mr Kassenally.
— Good-bye Mr Rawat.
Malgré ce petit incident que je tentais d’oublier, Monsieur Kassenally et moi-même entretenions de très bons rapports par la suite. Il venait souvent me rendre visite dans ma classe quand nous devions débattre ensembles des problèmes à résoudre et qui touchaient en particulier l’enseignement. Il s’était montré à mon égard bien sympathique et je le trouvais soudainement très attentif à ma personne à chaque fois que je le rencontrais sur mon chemin lorsque je quittais un département pour me rendre dans l'autre. Cette considération me touchait beaucoup et je savais, dès lors, que je m’étais trompé sur lui en imaginant le tort qu’il avait voulu me faire. De toute évidence, je lui donne raison d’avoir agi comme il l’avait fait. Je n’avais en réalité subi aucun préjudice. Cela m’avait appris à fumer dans des lieux plus discrets et à me montrer plus respectable quand je me trouvais dans le rassemblement de la cour du collège, tout en admettant que fumer devant les élèves constitue un manque d’égard envers soi-même et envers les autres.