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DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 29

27 Mars 2019 , Rédigé par Kader Rawat

 

L’année où je suis entré au Gouvernement, une forte inflation venait ébranler l’économie de l’ile et perturbait les budgets des consommateurs. La baisse du pouvoir d’achat et les hausses de prix obligèrent le Gouvernement à prendre des mesures draconiennes pour redresser la situation. Plusieurs systèmes furent élaborés, des lois décrétées pour apporter des améliorations de vie.

Ma cousine et moi-même, nous nous sommes abîmés chacun de notre côté au fond d’un gouffre. Je n’avais reçu aucune nouvelle de sa part depuis si longtemps que je n’avais aucune idée de ce qu’elle avait pu devenir, alors que bien des changements s’effectuaient dans ma vie.

Je pensais tout de même à elle de temps en temps, en reconnaissant comme étant le seul à être blâmé, tant le ton dont je m’étais permis pour lui écrire avait été dur, sec quelque temps avant que nous décidâmes de ne plus correspondre!

Une envie terrible me prenait parfois de vouloir rompre ce silence si pénible dans certains moments où j’aurais voulu me confier. Un sentiment d’orgueil me retenait et m’empêchait d’agir !

Un jour, alors que je rentrais de mon travail, je rencontrai en chemin un cousin lointain qui m’apprit que ma cousine était à Maurice et qu’elle avait débarqué, le matin même, au quai où il l’avait aperçue accompagnée de sa grande sœur et de son beau-frère.

Cela  produisit en moi une vraie surprise et fis renaître des émotions que je parvenais difficilement à contenir. Je fus pris d’une terrible envie d’aller la voir, ne serait-ce que pour m’assurer qu’elle se trouvait réellement dans l’ile. Mais quel visage avais-je à lui montrer, après tout nous étions brouillés.

Qu’importe, pensai-je. Je n’avais pas fait si grand mal qu’elle puisse éprouver à mon égard du mépris.  Et, si elle ne m’aimait plus, après tout, je n’avais plus qu’à retourner tranquillement dans mon coin pour continuer ma vie.

D’ailleurs, mon intention n’était nullement d’aller m’excuser ni d’aller la supplier. A supposer qu’elle ait trouvé mieux ailleurs, je comprendrais qu’il me faille cesser de la poursuivre.

Je savais qu’elle devait se rendre chez un parent. A quelque temps de là ma tante de Pamplemousses m’avait demandé de passer prendre une commission dès que j’aurais un peu de temps. J’imaginais que c’était le bon prétexte de passer chez ce parent et me donner ainsi l’occasion de rencontrer ma cousine si elle s’y trouvait, lui faisant à mon tour une surprise.

Mais, le temps était couvert, il commençait à se faire tard et je décidai de rentrer à la maison où elle devait venir me rendre visite si elle tenait encore à moi.

Je l’avais attendue fort tard le soir, sans en souffler mot à mes parents, feignant une totale indifférence.  Ce ne fut que le lendemain, alors que j’attendais le bus, que je la vis paraître avec ses parents en voiture. Elle portait une perruque couleur châtain dont les mèches droites lui tombaient sur le front et les épaules en courbant légèrement. Elle était radieuse et m’avait jeté un regard de défi avant que je ne la quitte pour me rendre au travail. 

C’était un samedi. Ordinairement, les bureaux étaient fermés mais il y avait une permanence qui exigeait la présence d’un personnel le matin seulement.

Nous étions sept personnes dans ma section  et nous effectuions, chacun son tour, cette prestation. C’était mon tour et je n’avais aucune raison de m’abstenir.

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