LES PREUVES D'AMOUR
Ceci est un ouvrage de fiction. Toute ressemblance avec des personnages réels ne peut être que fortuite.
LES PREUVES D'AMOUR
Le brouillard commençait à envahir les moindres recoins de la région plongée dans une obscurité profonde et effrayante. Rampant à travers les sentiers battus gorgés d'eau froide et piquante de l'incessante averse nocturne qui arrosait la région pendant toutes les saisons de l'année, la brume enveloppait les broussailles, suspendait sous les arbres fortement ramifiés, siégeait les habitations et les propriétés, envahissait les varangues fleuries des cases, pénétrait à l'intérieur des maisons en forçant le passage à travers les lucarnes des greniers, les impostes des portes et des fenêtres. Les lumières des bougies, toutes auréolées, palissaient et répandaient à peine une lueur suffisante dans la vaste pièce froide et lugubre de la grande maison où Véronique Hoarau se reposait sur un lit à baldaquin. Elle était vêtue d'un déshabillé de couleur sobre à base de laine et de coton mais grelottait quand même de froid. Son visage pâle et ses yeux ternes démontraient son état d'esprit perturbé au moment où ses regards fixaient les flammes du feu allumé dans la cheminée. La pièce n'était pas encore suffisamment réchauffée pour la permettre de se reposer. Elle était assaillie par des pensées qui l'obsédaient, la tourmentaient en attendant l'arrivée de Frédéric, parti en ville depuis tôt le matin. Pourquoi portait-il sur elle de tel jugement ? Est-ce qu'elle le méritait vraiment ? Il lui reprochait tout le temps de ne pas lui dire ce qu'elle pense de lui et de la vie qu'ils menaient tous les deux. Comment pouvait-il dire une chose pareille ? Pourtant il n'y existait pas autre chose qui l'intéresse au monde que lui. Elle ne cessait de faire des soucis pour que tout aille pour le mieux dans leur vie conjugale. Elle reconnaît qu'il s'occupait d'elle comme personne d'autre ne l'avait jamais fait auparavant, qu'il faisait de son mieux pour rendre sa vie agréable, que ses attentions sur son état de santé étaient les marques d'attention suffisantes qui prouvaient son amour, sa passion pour elle. Ils avaient l'habitude de se confier à l'un l'autre de tout ce qui leur pesait sur le cœur sans aucune réserve et en toute franchise. Jamais personne n'avait une seul fois décelé ni de l'hypocrisie ni de faiblesse dans les sentiments de l'autre. Pourtant ils avaient traversé de rudes épreuves pour découvrir ces sentiments profonds ancrés au fond de leur cœur. Il ne leur a pas été difficile à se comprendre après avoir passé ensemble ces quelques années qui leur avaient permis de déployer plus de vigueurs qu'il ne leur fallait pour surmonter des pentes difficiles avant de goûter à la fraîcheur de l'existence, avant de ressentir une fois de plus la joie, la gaieté, avant que naissait l'espoir, que se dissipent les doutes, les incertitudes bien qu'en des multiples occasions tristesse et désespoir venaient ternir une vie qui ne faisait que commencer. Le jugement qu'ils ne faisaient que formuler à tort et à travers sur le comportement de leur conjoint ne pourrait apporter dans leur existence que des nuages qui ne se dissiperaient pas sitôt et qui pouvaient provoquer une tempête au fond de ce petit cœur fragile. Les dégâts constatés suite à de telles sautes d'humeurs eurent toujours des effets néfastes qui ne sont jamais bons de garder dans le souvenir. "Tu ne pourras jamais comprendre le rôle que tu joues dans ma vie," songea Véronique en regardant la photo encadrée de son amant Frédéric posée sur son chevet, "je n'ai d'autres passions que toi et si tu savais combien je suis comblée par cette nouvelle vie que tu me permets de découvrir malgré les nombreuses difficultés que nous rencontrions. Ce qui importe le plus pour moi c'est de nous trouver ensemble et de déguster cette vie d'une manière différente." Elle se sentait tellement heureuse de l'immensité de cet amour que son amant éprouvait pour elle. Elle était tellement contente qu'elle ne pouvait, en esquissant un sourire, imaginer combien elle-même nourrissait une passion brûlante pour cet homme qu'elle souhaitait aimer jusqu'aux ses derniers jours.
Tard dans la nuit noire, affreuse et effrayante par les constants grondements de tonnerre et des éclairs vivaces, Frédéric rentrait enfin à la maison. Entraînant dans ses bottes mouillées une épaisse couche de boue, il alla d'abord se déchausser dans la buanderie avant de se débarrasser de son imperméable et de changer de vêtement. Il se précipitait ensuite dans la chambre à coucher où Véronique qui ne dormait pas encore l'attendait, assise sur le sofa tout près de la cheminée.
Copyright © Kader Rawat