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IL ÉTAIT UNE FOIS …LA COLONIE  8

24 Décembre 2020 , Rédigé par Kader Rawat

IL ÉTAIT UNE FOIS …LA COLONIE  8

         Ceci est un ouvrage de fiction. Toute ressemblance avec des personnes existantes ne peut être que fortuite.

 

En rencontrant Ragounadan dans son écurie en train de traire une vache, Omar n’hésitait pas de lui parler de son projet et sa résolution de s’acheter un esclave.

– Si ce n’est que ça qui t’intrigue, mon cher Omar, lui dit Ragounadan, je connais un marchand d’esclaves qui sera ravi de te présenter sa collection, les meilleurs des esclaves que tu puisses t’en procurer de toute la région. Tu pourras avec lui faire une bien bonne affaire et j’en ai vu moi-même de mes propres yeux, des grands gaillards bien costauds, musclés, détenant une énergie de fer et pouvant te servir jusqu’à la fin de tes jours. Si tu as ton argent prêt, Omar, comment penses-tu que tu ne pourras te procurer ce dont tu as besoin? Laisse-moi t’y conduire dans quelques instants et tu verras que je ne t’ai pas raconté des baratins; tant qu’à si tu pouvais te rendre dans les quartiers sans courir le moindre risque je dois être franc avec toi pour te dire que ce n’est ni le jour ni le moment; je ne te le conseille pas. Tout à l’heure, pendant que j’allais chercher de la paille dans les champs de canne, quelques officiers que j’aie rencontrés par hasard, m’avaient conseillé de me rendre au plus vite à la maison si je ne voulais pas perdre la vie sans que j’aie même le temps de prier. Vois-tu un peu combien la situation est devenue critique. Et maintenant faible comme tu es, Vieux Omar, à quelle dimension pouvait être ton courage pour bien vouloir affronter seul, sans aucun moyen de défense, les vagues déferlantes des révoltes. Je comprends combien ta vie sédentaire t’exige à te faire protéger par un esclave et pour cela je suis bien disposé à t’en chercher un qui te serait d’un bon choix. Je pouvais même t’en recommander quelques-uns que je suis certain seraient de ton goût.

 

Dans un lointain quartier, au-delà des plaines et des forêts par un temps assombri par un gros nuage épais qui cachait le soleil, un jeune homme gisait, le corps meurtri et ensanglanté ; il se trouvait derrière une brousse et dans de longues herbes humides encore par l’averse de la nuit. Ce corps inerte, blotti, dont la position démontrait la violence avec laquelle on l’avait jeté là, dans ce lieu retiré de la contrée, devait avoir subi dans l’ignominie, les plus cruelles des tortures. La nuit aurait dû être rude par le froid intense qui sévissait dans la région pour ce jeune homme en particulier dont le malheur ne l’avait pas épargné de ce qui aurait pu lui faire souffrir. Son visage, tourné vers le ciel, masqué derrière des caillots de sang et de la boue, marquait une crispation et une grimace que seul le martyre pourrait en être responsable. Qui n’aurait pas, en découvrant le corps inanimé d’une personne dans un tel état et dans une telle condition, éprouvé, à la première vue, de la stupéfaction, de l’angoisse et même de la frayeur? Était-ce un cadavre? Ou simplement un corps qui mourrait? L’imagination troublée ne pouvait, dans une situation pareille, qu’effectuer constatation pour satisfaire une curiosité instantanée et pour se libérer d’une quelconque crainte qui empreignait déjà l’esprit. Était-ce un meurtre perpétré dans le but d’assouvir une vengeance ou des coups portés avec l’intention de se débarrasser à jamais d’une personne qui était de trop déjà? Qu’importe la réponse qui pouvait convenir à toutes les questions que nous pouvions poser ?

L’important était de savoir s’il y avait de la vie dans ce corps qu’aucun regard humain ne pouvait apercevoir si ce n’était par hasard, tant il était enfoui loin des sentiers que prenaient habituellement les villageois, les colons, les esclaves se rendant aux champs pour les durs labeurs de la journée. Le nuage étant dissipé, le soleil envahissait graduellement, de ses doux rayons, les régions longtemps cachées dans une ombre qui témoignait, quelques heures auparavant, à un spectacle ahurissant, angoissant, dans le silence. La nature gardait, de cette nuit lugubre, un si mauvais souvenir que le jour se levait pale et morne derrière la Montagne longue dans le quartier de Crève-Cœur qui cachait encore l’énigme de tous les mystères qui auraient pu avoir pour conséquence la violence avec laquelle ce jeune homme avait été battu. Le corps robuste, étalé de toute sa longueur sur le sol dur, détenait dès sa première jeunesse une ressource inépuisable, étonnante de vigueur, de force, de vitalité et même d’endurance qu’en dépit de tout ce que nous pouvons imaginer de l’affliction qui l’aurait réduit dans cet état, le corps, certainement par la génération de la chaleur donna une légère secousse, signe de vie, d’espérance. Les oiseaux, devinant peut-être le malheur qui était survenu, sautillaient avec un empressement qui aurait démontré leur impatience à lui voir se réveiller, ce qui les aurait assurés et réjouis en même temps, les tirant de plus de cet air hébété qui les contraignait dans leur petit jeu du matin, avant qu’ils ne prennent leur envol habituel en quête de nourriture et d’aventure.

©Kader Rawat    

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