L’impertinence d’une jeune fille libérée 2
Depuis ma prime jeunesse j'avais une opinion de ce qu’était la sexualité. Quelques amies intimes m'avaient montré des photos obscènes que leurs copains leur avaient prêtées. Pour moi c'était une curiosité que d'essayer de comprendre ces photos que je trouvais odieuses. Je n'avais jamais imaginé que des choses pareilles existaient. J'étais très souvent perturbée par ces images obscènes qui me hantaient l'imagination les soirs quand je me trouvais seule dans ma chambre. En classe j'avais une préférence pour la littérature générale. J'étais très intéressée de connaître la vie des plus grands écrivains français et étrangers. Je prenais un infini plaisir à parcourir les œuvres qui ont fait parler d'elles de par le monde. Je sélectionnais de nombreux ouvrages romantiques qui alimentaient en quelque sorte mon imagination. Je m'étais inscrite à la bibliothèque départementale de Saint-Denis. J'avais le droit d’apporter à la maison six livres de mon choix pour une durée d'un mois avec la possibilité bien entendu de les renouveler si je voulais les garder plus longtemps. Je lisais jusqu'à fort tard le soir après avoir terminé mes devoirs de classe. Au cours du troisième trimestre j'avais peut-être travaillé trop dur. Je commençais à ressentir des fatigues intenses. Mes parents étaient inquiets de mon état de santé. Ils m'emmenaient consulter un médecin. J'aurais dû garder le lit pendant plusieurs jours pour éviter de sombrer dans un état dépressif.
Je n'étais pas insensible à l'évolution de la société dans laquelle je me trouvais. Je portais mes observations sur tout ce qui se trouvait dans mon champ de vision quand je marchais dans les rues et quand je me promenais. Avec le temps je commençais à accepter que la vie eût certaines distractions dont seule la jeunesse pouvait profiter. Quelques amies que je connaissais depuis des années essayaient avec beaucoup de patience à me faire comprendre que je devais changer mon attitude envers les jeunes garçons du lycée qui cherchaient à flirter avec moi. Je ne voulais pas me jeter de mon propre gré dans la gueule du loup mais me disais aussi que cela ne ferait mal à personne si je me faisais belle et me montrais plus consciente des attentions que me portaient les casanovas.
Je ne tardai pas à mettre en pratique ma résolution. Ma mère qui était la première à remarquer les changements qui s'effectuaient dans mes habitudes me fit part de ses inquiétudes et me fit remarquer que je rentrais tard à la maison. Je me faisais trop belle pour aller au lycée. Je ne faisais en vérité rien de mal si ce n'était seulement de m'attarder dans l'enceinte de la bibliothèque à bavarder avec des amies sur tous nos menus problèmes. Je ne peux expliquer moi-même aujourd'hui ce qui me faisait préférer la compagnie de mes amies à l'abri discret de ma demeure. Mon père fut sitôt informé de mes retards et il venait me retrouver dans ma chambre pour me demander les raisons. Je lui expliquais que les amies que je fréquentais et avec lesquelles je restais jusqu'à tard n'étaient pas de mauvaise compagnie. J'étais suffisamment responsable pour savoir ce que je devais faire et ce que je ne devais pas. Ce n'était pas une réponse que mon père aurait voulu entendre de moi. J'étais désolée. Je n'avais pas trouvé d'autres explications à lui donner. J'étais allée le voir un peu plus tard pour lui présenter mes excuses et pour lui assurer que je ne faisais rien de mal et de compromettant. Il était soulagé et m'avait dit qu'il me faisait confiance et qu'il savait que j'étais une fille qui avait la tête sur les épaules. A l'approche des fêtes de fin d'année, tous les élèves étaient contents. Nous n'avions pas beaucoup de devoirs à faire et passions nos temps à nous distraire. Je voulais profiter des occasions qui se présentaient pour m'amuser. Ma présence parmi les groupes de jeunes qui avaient la réputation d'être les feux follets de l'établissement étonnait bons nombres de soupirants que j'avais refoulé auparavant. Je semblais être la bienvenue au milieu de ce cercle que j'avais toujours évité. Certains garçons dont j'avais peut-être blessé les sentiments sans faire attention me trouvaient une proie facile. Je n'avais jamais imaginé que la manière dont je m'étais comportée au lycée avait déplu aux jeunes loups. Ils étaient prêts à me dévorer en entier. Pourtant en dépit de toutes les peines que j'avais données pour éviter de tomber dans les pièges de l'existence je me voyais bien en train de m'amuser comme une folle garce parmi une foule de gens que je ne connaissais pas. Ce milieu m'était tellement nouveau et étrange que je me sentais complètement perdue. J'avais l'impression de me trouver dans un labyrinthe en train de chercher mon chemin comme une éperdue. Pendant que la fête s'animait et prenait de l'ampleur, les quelques amies qui se trouvaient en ma compagnie me délaissaient pour rejoindre leurs copains qui les avaient entraînées auprès des étals de jeux. Je restais toute seule avant de rencontrer quelques amies qui me suppliaient de se joindre à elles. J'avais trouvé leur compagnie tellement agréable que j'avais passé toute la soirée avec elles. A l'approche de la nuit quelques ampoules électriques suspendues au plafond étaient allumées et répandaient des lueurs faibles dans la grande pièce. Je commençais vraiment à prendre goût aux plaisirs en me mélangeant à la foule. J’étais, sans me rendre compte, en train de m'amuser, dans les bras de ces garçons que j'avais repoussés en maintes occasions. C'était pour moi le début d'une nouvelle vie qui ne cesserait de prendre des dimensions considérables.
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