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Dans la jungle de l’existence 3
Ceci est un ouvrage de fiction. Toute ressemblance avec des personnages réels ne peut être que fortuite.
J'aimais souvent fantasmer sur mon avenir. Cela me permettait de voir les choses avec une certaine lucidité. J'aimais aussi voyager dans le futur pour deviner les conséquences des entreprises dans lesquelles je voulais me lancer. Donc, dans le cas où j'avais décidé de retourner chez mes parents, la première chose que je devais faire était de leur annoncer que j'étais bien vivante et que je me trouvais en France. Ceci me faisait penser déjà à la joie qu’ils allaient éprouver. Je n'avais pas besoin de fournir des explications de ce qui s'était passé. Mes parents seraient plus intéressés de savoir dans quelle situation je me trouvais que de chercher à connaître mes mésaventures. Mes parents seraient impatients de me retrouver. Combien un objet perdu ne se valorise pas à nos yeux! Je serais accueillie en fanfare et une grande fête serait organisée en mon honneur. Et puis que se passerait-il quand la fête se terminerait, quand les invités seraient partis, quand je serais toute seule devant mes parents et que j'avais des comptes à rendre? Quelles explications pourrais-je donner pour justifier cette longue absence? Serais-je obligée de cacher la vérité ? Aurais-je le courage de tout raconter de mes fautes, de mes folies qui faisait mon déshonneur? Et qu'espérais-je par la suite? Que mes parents me tendaient les bras? Que je les entendais dire qu'ils me pardonnaient, que l'important était que je me trouvais avec eux, que j'étais saine et sauve, qu'ils m'aimaient et que je n'avais pas de soucis à me faire, qu'ils me protégeraient et que la vie continuerait comme auparavant? Comment mon enfant serait-il considéré et quel égard lui serait accordé? Je ne pourrais jamais supporter l'idée que mes parents ne reconnaissent pas mon enfant. Je serais déçue mais que pourrais-je faire? Je préfère ne pas y penser. Je jugeais honnête de ma part de les informer par écrit que j'existais encore. Ainsi ma conscience serait claire et tranquille.
Mon lieu de travail me permettait d'avoir des contacts avec de nombreuses personnes de différentes couches sociales. J'eus donc l'occasion de m'entretenir avec tous ceux qui voulaient me raconter leur vie. Je parvenais de cette manière à être informée des problèmes de l'existence évoqués de différentes façons. Je ne pourrais m'empêcher d'en tirer la morale pour me montrer plus circonspecte dans mes rapports avec les gens. Les revers de l'existence ont des conséquences bien néfastes. Parents et enfants ne parviennent plus à s'entendre, entraînés chacun de leur côté par leur idéologie. Les modes et les cultures de la nouvelle génération rejettent, refusent les vieilles traditions. Quand les parents imposent, les enfants disposent. Cette contradiction apporte une dégradation dans les rapports entre parents et enfants, une froideur dans les sentiments. C'est le début d'un long conflit qui se termine toujours mal. Les douleurs éprouvées ensuite s'ajoutent à d'autres épreuves de la vie. Les blessures causées après ces luttes acharnées ne se referment pas si tôt et les cicatrices demeurent à jamais sensibles. Les moindres contrariétés les ouvrent et font paraître une fois de plus la plaie. Vivre dans une telle condition exige courage, volonté et force. Combien cela est douloureux de terminer son existence autrement que de la façon dont on l’imagine. C'est dans des moments pénibles et difficiles qu'on se sent seul, isolé. N'est-ce-pas que c'est à ce moment-là que tout parait froid, lugubre comme dans un tombeau ? En vérité, la vie n'est pas autrement. Je voulais éviter que ma vie soit un échec. Toute seule je ne voyais aucune chance qui pourrait me permettre de me relever de la situation où je me trouvais. Il fallait absolument que je me débrouille pour m'en sortir. Il fut un temps où j'étais accaparée, accablée telle une patiente qui souffre des troubles psychiques. Je demandais à la nounou de rester la nuit pour s'occuper d’Akbar. Il m'arriva même d'entendre le soir des bruits étranges et de pousser des cris qui firent se précipiter la nounou dans ma chambre pour me rassurer. Je travaillais plus que d'habitude ces derniers temps. Je rentrais à la maison très tard, rompue par la fatigue. Il me manquait des distractions. J'avais besoin de sortir et de connaître un peu de monde.
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©Kader Rawat
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