LE POIDS DES SOUCIS
LE POIDS DES SOUCIS
Ceci est un ouvrage de fiction. Toute ressemblance avec des personnages réels ne peut être que fortuite.
Alors que la vie continuait son cours et que je me démenais à la fois dans le travail et à la maison, le moment était venu pour moi de décider de la suite à donner quant aux études supérieures qu’Akbar devait poursuivre afin de compléter son programme. C’était évident qu’après avoir réussi son BTS comptabilité au lycée de Belle-Pierre, il continuait ses études à la faculté pour se spécialiser dans la branche qu’il aurait choisie. Je souhaitais, pour le voir plus tard prendre les rênes de la société, qu’il approfondit ses connaissances dans les multiples filières des grandes écoles de commerce. Après avoir obtenu tous les renseignements auprès des conseillers d’orientation, une demande d’inscription avait été envoyée à la faculté de Lille.
Quelques semaines plus tard, la réponse étant positive je décidais d’accompagner Akbar pour son admission. Nous avions, dans un premier temps occupé une chambre dans un hôtel de proximité afin d’effectuer les démarches nécessaires. Nous avions trouvé un appartement à peu de distance de la faculté et quand Akbar était bien installé après deux semaines de démarches intenses je décidais de rentrer, l’esprit soulagé sans ayant tout de même la conscience tranquille, sachant que mon fils était seul et me demandant s’il allait pouvoir s’en sortir. Il avait besoin de grandir aussi et je n’avais aucune raison de le retenir dans le cocon familial et d’espérer qu’il deviendrait un débrouillard.
Nous étions arrivés dans une période où les activités commerciales avaient ralenti de telle sorte que nous aurions dû puiser dans nos réserves pour faire face à des situations financières difficiles. Tout en essayant de maintenir le cap, nous craignions devoir avoir recours aux licenciements économiques pour pouvoir s’en sortir. Heureusement que nous n’étions pas arrivés jusque-là quand les affaires commençaient à reprendre au début des années 90.
Nous avions embauché un expert en relation publique pour dynamiser nos activités, augmenter nos ventes en ayant recours à des supports tels que les médias, publicités, journaux, radios, télévisions. C’était des investissements que nous espérons récupérer par l’ampleur que nous voulions donner à nos entreprises et par les dimensions que nous attendions qu’elles prennent dans les années à venir.
A peine quelques mois dans la boite, Mr Frank Soler, le nouveau recru, avait su comment s’y prendre pour redresser la barre. Nous commencions à réaliser des bénéfices et étions prêts à nous lancer dans l’ouverture d’autres succursales dans des villes en pleines expansions. Mr Frank Soler occupait un bureau à l’étage et était constamment suspendu à son téléphone portable pour faire avancer les affaires. La quarantaine, beau gars, dynamique, Mr Frank Soler avait le charisme et était doué dans ce domaine qu’il exerçait pendant plusieurs années. Séparé de sa femme avec qui il avait laissé trois adolescents, il s’était échoué dans l’île au moment où nous avions fait paraître l’annonce que nous recherchions un chargé de mission. Son curriculum vitae et sa lettre de motivation avaient retenu notre attention et nous l’avions convoqué pour un entretien avant de décider de l’embaucher. Bon blagueur et connaissant son métier au bout des doigts, il nous avait démontré son savoir-faire pendant les quelques mois qu’il travaillait dans la boite. Une grande complicité s’y était installée entre mon père, lui-même et moi sans que nous nous rendions vraiment compte. Nous passions énormément de notre temps dans des discussions, des concertations, des réunions que nous commencions à nous apprécier réciproquement sans pour autant en prendre conscience.
Par une de ces journées surchargées je me trouvais dans la halle d’exposition quand un personnel était venu m’annoncer que mon père avait eu un malaise. Je courrais le voir. Quelques personnels qui connaissaient les premiers secours se trouvaient à côté de lui et lui avaient prodigué les premiers soins. Ils avaient déjà appelé la SAMU et des massages cardiaques étaient pratiqués en attendant. Il avait fait un accident vasculaire cérébral. Et c’était grave.
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©Kader Rawat