UN DÉBUT DANS LA VIE DEUXIÈME PARTIE
Un dÉbut dans la vie
DEUXIÈME partie
Ceci est un ouvrage de fiction.
Toute ressemblance avec des personnages réels ne peut être que fortuite.
Avoir de bonne intention envers une fille dans le but de la demander en mariage n’est pas une simple affaire. Comment pouvais-je savoir ce que me réservait l’avenir alors que j’étais moi-même en train de tout faire pour conquérir le cœur d’une fille à laquelle je tenais énormément. A force d’insistance et de persévérance je réussi à la convaincre d’accepter mon invitation chez un glacier qui venait d’ouvrir ses portes dans la rue du Grand Chemin. Elle avait beaucoup hésité avant de me donner son accord. J’aurais dû attendre longtemps, avoir beaucoup de patience et aussi essayer de comprendre sa situation qui ne devait pas être facile. A vrai dire ce n’était pas de coutume à l’époque de s’afficher publiquement avec un garçon. Encore moins avec quelqu’un qui était complètement étranger à la famille. Je peux dire que j’avais de la chance qu’elle avait pris ma demande en considération pour me donner enfin une réponse positive. Nous avions pris place dans un petit coin tranquille au fond de la salle ; j’avais pu apprendre plus sur sa famille et je peux dire, toutefois, que la suite de cette relation ne me paraissait pas vraiment facile et que j’aurais du fil à retordre, vu que nous n’étions pas du même rang social ni de même milieu, elle une créole blanche de bonne famille et moi un cafre d’une famille modeste si l’on pouvait dire cela ainsi.
Son père était un agent de la compagnie EDF de la réunion et sa mère, employée de la collectivité locale. Des postes qui permettaient de percevoir une rémunération plus que confortable à une époque où ce n’était pas facile de gagner sa vie. Elle avait deux sœurs et trois frères plus jeunes qu’elle et tous répartis au collège, lycée et université. Elle avait tout de suite trouvé du travail après avoir terminé ses études universitaires. Elle habitait avec ses parents dans une magnifique villa entourée d’un jardin fleuri et des beaux arbres centenaires. En vérité ce n’était pas une modeste maison comme je l’avais imaginé ou qu’elle avait voulu me faire croire au début. La maison était vraiment superbe la première fois que je la découvrais pour satisfaire ma curiosité. Au cours de ce premier contact avec Karine, j’avais tout de suite compris que je devais absolument me montrer à la hauteur afin de garder toutes mes chances de me faire accepter par la famille.
Mon père avait travaillé toute sa vie comme employé dans une compagnie de construction en bâtiments. Il avait terminé sa carrière pas trop longtemps comme chef d’équipe et commençait à peine de profiter de sa retraite quand je débutais dans mon travail. Il était fier d’avoir pu transformer de ses mains et de ses économies, au fil de longues années de sacrifice, notre petite case en une superbe villa à étage qui nous mettait d’une part en sécurité et nous permettait d’autre part de mener une vie convenable. Ma mère avait toujours été femme au foyer et s’occupait avec dévotion de son mari, de son ménage et de ses enfants, sans jamais pousser la moindre plainte. Ces derniers temps des huissiers s’étaient présentés devant la porte de la maison pour réclamer le remboursement d’une dette qui remontait dans le temps. C’était bien cela qui avait perturbé la tranquillité qui régnait dans la maison. Mon père ne pouvait accepter ce genre de situation. Je compris qu’il vivait un moment difficile. Ma mère se repliait sur elle-même et avait du mal à cacher sa tristesse. J’imaginais que ce n’était pas si grave et qu’une solution devrait être trouvée dans les jours à venir.
Ce n’était pas le moment pour moi d’annoncer quoi que ce soit sur le rapport que j’entretenais avec Karine. Ce n’était pas non plus l’envie qui me manquait de rendre officielle notre relation. J’avais cru bon et même honnête de mettre ma mère dans mes confidences. Elle était sceptique et me demandait d’être prudent et surtout me montrer très vigilent avec le temps qui courait. Je préférais attendre le temps qu’il faudrait pour donner suite à mon projet. Je continuais à voir Karine dans les jours à venir. J’aurais dû utiliser toutes les ruses pour me rapprocher d’elle et de tous ceux qui faisaient partie de sa vie. J’avoue que je n’étais pas un fervent pratiquant mais quand il s’agissait de rencontrer Karine, de la voir, de me trouver à ses côtés pourquoi aller chercher loin ? L’Eglise de la Trinité était un lieu où l’on se rendait pour prier. Son espace verdoyant et arborisé occasionnait des rencontres fortuites. Je n’avais pas hésité de me tourner un peu plus souvent vers Dieu, si cela pouvait m’aider dans mes démarches de connaître davantage Karine. C’était de cette manière que j’avais eu l’occasion de faire la connaissance de ses parents que j’avais trouvé sympathiques, sociables et d’un niveau intellectuel élevé. C’était l’opportunité pour moi de prouver que j’étais un bon chrétien. Depuis petit, maman, qui était une fervente catholique, nous emmenait, mes frères, mes sœurs et moi à la messe. Très jeune, j’avais reçu le batême, la communion et la confirmation. Je n’avais pas de reproche à me faire de ce côté-là quand j’évoquais mon attachement à la religion. Je savais que tous ces critères étaient pris en considération pour évaluer le genre de personne que j’étais avant de décider si je pouvais faire partie ou pas de leur cercle familial. J’avais tout fait pour donner de moi-même une bonne image, mais je pensais que ce n’était pas suffisant. Je savais qu’il manquait quelque chose mais ne parvenais pas à trouver ce que c’était. J’avais besoin de chercher encore et cela m’agaçait énormément, au point à me faire avoir de l’insomnie tous les soirs.
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©Kader Rawat