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LA RÉUNIONNAISE 1

22 Avril 2024 , Rédigé par Kader Rawat

 

LA RÉUNIONNAISE  1

Mes parents étaient des gens pieux. Depuis mon plus jeune âge je compris les craintes qu'ils avaient envers Dieu. Ils se réveillaient tôt le matin et consacraient énormément de temps à la prière. Mon père se rendait à la mosquée pour pratiquer les cinq prières obligatoires de la journée à des heures précises. Le matin quand il rentrait avec du pain et des croissants achetés à la boulangerie située à deux coins de rues de notre maison, j'étais déjà réveillée. Il portait une longue robe blanche et un bonnet blanc sur la tête. Il se rendait dans ma chambre, une pièce étroite et sombre où il y avait un petit lit et une penderie pour ranger mes vêtements. Il s'assit tout près de moi pendant quelques minutes pour me demander si j'avais bien dormi, si j'avais fait de beaux rêves en me caressant le visage. Ensuite il allait voir maman dans la cuisine. Elle s'asseyait toujours dans un sofa placé tout près de la porte pour profiter de l'éclairage et lire le Coran. Sa tête était couverte d'un châle de couleur sombre acheté à des marchands ambulants.

J'allais souvent les rejoindre pendant qu'ils buvaient le thé chaud et fumant. Je m'installais sur les genoux de papa et appuyais ma tête contre son épaule. Je voulais m'assoupir encore un peu en écoutant leur voix. Ils causèrent pendant un bon moment avant que papa ne décidât d'aller travailler. Les rayons de soleil commençaient à s'infiltrer à travers les vitres. Il faisait grand jour. J'avais un an quand la Réunion devint Département Français.

Quand j'étais assez grande et que mes parents me laissaient sortir toute seule, j'allais jouer avec des amis qui habitaient tout près de ma petite maison. Nous aimions beaucoup nous promener dans les rues commerciales pour admirer les vitrines des magasins. Nous passions dans des régions où nous pouvions regarder, à travers les grilles, des cours couvertes de gazon encore humide par la rosée du matin et des grandes maisons. J'aimais beaucoup contempler les belles maisons coloniales encadrées des beaux et gigantesques arbres fruitiers qui faisaient la fierté des propriétaires et des occupants.

Ma mère me faisait apprendre les rudiments de ma religion. Je récitais de longs versets du Coran le soir avant de dormir et pratiquais souvent la prière en sa compagnie dans une minuscule pièce sombre qui sentait l’encens. Quand je fus admise à l'école je pris l'habitude de me réveiller tôt le matin. Je mettais du temps pour me préparer. Avant de choisir une robe je restais longtemps devant la penderie coincée au fond d’une pièce étroite. Mes amies avaient du goût pour l'habillement. Je ne voulais pas paraître médiocre en leur compagnie. Ma mère me criait souvent après pour me rappeler que je n'avais pas besoin de me faire coquette pour me rendre à l'école. J'avais du mal à lui expliquer que pour moi c'était important de porter des vêtements à la mode. En classe je m’appliquais dans mes études et m'étais vite fait remarquer comme une élève brillante, appliquée et disciplinée.

Mes parents m'emmenaient souvent visiter les beaux quartiers de l'île de la Réunion. Nous sortions le matin avant que le soleil se lève. Nous roulions pendant longtemps sur les côtes des montagnes. Nous nous arrêtions souvent dans les rampes pour admirer les paysages pendant que le moteur de la voiture refroidissait. Le parcours était épuisant mais j'appréciais beaucoup ce moment qui me donnait l'occasion de découvrir des coins charmants de mon île. Des amis et des connaissances de mon père qui venaient de Maurice ou de Madagascar passaient souvent leurs séjours à la maison. Mon père les emmenait visiter le volcan, les cirques et leur faisait faire le tour de l'île. J'eus donc la chance dès mon plus jeune âge de connaître des endroits attrayants et d'admirer des paysages grandioses et pittoresques qui me fascinaient.

 

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