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Une île lointaine https://t.co/fADG1gkAQf

21 Juin 2019 , Rédigé par kader rawat

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Une île lointaine

21 Juin 2019 , Rédigé par Kader Rawat

 

Chapitre 2

Les bosquets étaient lugubres et ternes; les champs labourés par les esclaves la veille étaient humides encore par la rosée du matin; les plaines herbeuses étaient entassées de détritus où quelques animaux laissés dès l’aube par les habitants erraient; les portes des habitations, habituellement ouvertes à cette heure-ci étaient encore fermées. Omar eut le pressentiment que des choses étranges durent se passer durant la nuit. Des mystères semblaient planer au-dessus de la ville; ses yeux étaient habitués à voir se dérouler le rythme d’une vie qu’il connaissait. Il portait grands témoignages de son environnement et il ne pouvait se tromper; il demeurait pourtant devant un spectacle qui lui rendait perplexe et mélancolique; d’un pas mal assuré, titubant, comme pris d’un étourdissement soudain, dû peut-être à la mauvaise nuit qu’il avait passée, il se dirigeait dans la direction du quai; c’était bien là son but; il apprit de la bouche d’un cavalier pressé, effarouché, l’insurrection qui causait des troubles, des désordres, des frayeurs dans le cœur et dans l’esprit de la population.

Au lieu que les rues accueillaient les habitants, se remplissaient des tumultes aux décors grouillants de la ville, un aspect bien différent régnait partout. Les cris des enfants s’étaient éteints derrière les murs des maisons; ils étaient cloîtrés, condamnés à ne plus jamais laisser échapper dans l’air frais du matin ces voix remplies d’un chant mélodieux, voix innocentes qui d’habitude perçaient les ondes de l’espace, traversaient de longues distances pour aller se perdre dans les bruits fracassants de l’océan; l’absence des grincements des roues des charrettes remplies de marchandises et qui cahotaient dans les chemins défoncés, hissées dans un tintamarre par des esclaves robustes, et disparues ce matin là de la circulation était la preuve qu’il se passait des choses drôles, étranges, singulières. Omar lui-même parvenait avec grande peine à comprendre; les grondements des tonneaux sur les trottoirs, les bruits des sabots sur les pavés s’étaient tous tus; l’absence des habitants de la ville, des marchands du quartier, des étrangers jetait une atmosphère de tristesse et de désolation qui faisait peur, qui éveillait la crainte dans l’esprit; toutes activités s’étaient évanouies derrière l’ombre d’un cauchemar que l’île aurait dû bien vivre ces dernières heures, genre de malédiction qui aurait frappé tout un chacun qu’ils cherchaient à panser leurs plaies derrière les façades remplies d’ombre et d’obscurité; la vie semblait si mystérieusement volatilisée et les événements survenus étaient difficiles à expliquer et Omar lui-même, en voulant éclaircir son esprit, demeurait incertain et sceptique; il poursuivait sa marche solitaire courageusement dans les rues désertes.

Les portes étaient verrouillées de l’intérieur, derrière lesquelles se trouvaient aux aguets des moindres bruits singuliers qui leurs parvenaient à l’oreille, les citoyens, dans l’unique but de protéger leurs familles innocentes et sans défenses, les armes à la main, prêts à surgir sur quiconque voulait les perturber dans leur vie; les citoyens attendaient dans un silence absolu, non sans crainte de se voir d’un moment à l’autre attaqué, submergé même par quelques esclaves marrons ou autres espèces de ce genre bien décidé, les hachettes à la main ou autres instruments sanguinaires tels que serpes, sabres, faucilles, couteaux qui leur tomberaient dessus comme le glaive, les tranchant la gorge d’un seul coup sec, ou le crâne, faisant répandre la cervelle sur le parquet, alors que le corps, giclant de sang comme le jet d’une fontaine bouchée, tombait en amas de chair inerte, dans un bruit fracassant. Dans une chambre noire comme de l’encre, sans avoir le courage de pousser un cri, de prononcer une seule parole, tant la voix ne voulait pas sortir de la gorge serrée, alors que des silhouettes informes se déplaçaient et que, dans un désordre qui bousculait meubles et vaisselles, maîtres et esclaves s’entrelaçaient, gesticulaient comme dans un ébat amoureux pour s’achever dans l’assouvissement d’une vengeance si longtemps restée insatisfaite et qui demeurait le facteur principal de tout ce qui aurait motivé ces actes de barbaries qui se terminaient dans le carnage, dans la mutilation sans exemple, n’épargnant ni femmes ni vieillards ni enfants.

Quelques fenêtres des premiers étages des bâtiments s’entrebâillèrent et se renfermèrent - clap - démontrant à quel degré les habitants étaient devenus soupçonneux; la terreur de toutes ces pensées que les renvoyait leur imagination, jouait sur leur conscience, ne les laissant aucun moment de répit. La rumeur de ce qui fut advenu à la famille Thomas Derfield - dont l’histoire demeurait mystérieuse dans toute sa démesure - se répandait dans toutes les maisons de sorte à installer dans l’esprit de toute personne la crainte qu’un sort semblable les attendait, horreur qu’ils avaient bien du mal à soutenir, leur esprit étant bien trop faible pour supporter l’écho de tous ces malheurs qui pourraient leur tomber dessus.

Tandis que sur la ville une atmosphère de peur semblait régner partout, Omar, de son imagination troublée, confuse, de son oeil de suspicion et de méfiance, hésitait à poursuivre plus loin sa marche quand il remarqua dans un carrefour, tout près des casernes, des cavaliers qui surgissaient comme des fantômes pressés avant de disparaître derrière un nuage de poussière, ayant l’air d’être poursuivis par le diable. Omar ne pouvait aucunement ce jour là réaliser ce qu’il avait l’intention de faire : de s’acheter un esclave. Il pensait à sa petite fortune et décidait de ne pas se risquer dans les rues; malgré son état délabré, pitoyable, un malheur pouvait lui arriver, lui achever l’existence là où il ne l’aurait jamais attendu. Il décida de reporter ses démarches dans un jour bien plus propice, imaginant que le destin ne voulait pas qu’il procurât son esclave ce jour si néfaste. Bien qu’il remarquât que les gens rasaient les murs furtivement pour rentrer chez eux, il n’abandonna pas l’idée de se renseigner à la première occasion ce qui avait bien pu se passer pour que les choses lui semblent inhabituelles. Et pourtant ce qui se passait non loin de lui ne pouvait demeurer un mystère ni un secret pour personne. Les hommes s’étaient regroupés au fin fond des bois, se déplaçant dans l’orée opalescente du matin comme des silhouettes macabres avec entre les mains, baïonnettes, poudre d’escampette, fusils et tous les accessoires nécessaires pour une défense bien organisée que la garnison avait bien voulu mettre à la disposition des braves défenseurs et qui furent trimballer, dès l’aube, dans des chariots formant des caravanes sur les divers sentiers qui relièrent la ville aux différents quartiers de l’Ile. Tout en choisissant des positions stratégiques sous le commandement d’un officier de la milice, dans l’unique but de porter main forte à la garnison et de renforcer les régiments composés de quelques maigres poignées de soldats, ces défenseurs parmi lesquels s’étaient joints bons nombres d’esclaves bien décidés à rester aux côtés de leurs maîtres, des affranchis, des jeunes garçons poussés plus par la curiosité, par une aventure palpitante que par aucune raison bien plausible à définir leur présence dans ces lieux, tous ces défenseurs attendaient le moment décisif, le surgissement de ces esclaves révoltés comme l’ombre du démon dans l’effroyable obscurité du bois, rempli déjà des bruits sinistres parvenant des régions lointaines dans un silence bien effrayant, un silence de mort, un silence qui leur fit frémir jusqu’aux leur moelle, leur donnant envie de fuir, de ne plus jamais retourner dans ces lieux où les uns à plat ventre, les autres tapis dans le creux d’un arbre, ou derrière un taillis, dans un fossé, ils attendaient avec une inquiétude infinie, le glaive leur tomber dessus, la mort les surprendre dans leurs positions embarrassantes, les pieds longtemps engourdis, les mains ayant perdue toute énergie et les jambes recroquevillées pouvant à peine se remuer, l’esprit tari dans une frénésie incommensurable.

A un croisement de chemin, après qu’il ait assisté dans la perplexité au passage des esclaves enchaînés dans un long et languissant traînement de chaînes sur la terre dure des sentiers, escortés par un nombre inhabituel de soldats, Omar rencontrait un prêtre qui se dirigeait vers un presbytère au centre ville.

– Bonjour révérend, dit Omar, en s’arrêtant au bord de la route, essoufflé.

– Bonjour vieux Cheik, répond le Révérend, mais qu’est-ce qui vous emmène de si bonne heure et à un moment si inopportun dans ce quartier de la ville? Seigneur, vous tremblez. Vous devez ne pas vous sentir bien. Laissez-moi-vous accompagner jusque chez vous. Où voulez-vous que je vous emmène à notre diocèse? Nos frères prendront soins de vous.

– Non, merci Révérend. Vous êtes bien aimable. Mais le Bon Dieu me donnera du courage. Je ne suis pas si mal que ça. Dites-moi, mon Révérend, j’ai entendu parler d’une insurrection. De quoi s’agit-il? Je ne comprends presque rien malgré le peu d’explication qu’un malheureux cavalier m’a fournie.

– Ah ! Ça, vieux Cheik, je m’en doutais que vous ignorez tout pour vous trouver à vous promener jusqu’ici par une période pareille. Eh bien ! Durant la nuit il y eut une révolte des esclaves et beaucoup de maisons ont été brûlées, des granges, des champs de cannes et plusieurs centaine de personnes, des femmes, des hommes, même des esclaves tués, massacrés.

– Est où est-ce que cela s’est passé, Révérend? demanda Omar Cheik, inquiet.

– Dans le nord de l’Ile, dans les quartiers de Pamplemousses, de Rivière du rempart.

– Est-ce qu’on a pu capturer les responsables?

– A ce qu’il parait, l’instigateur de cette révolte, un certain Blake, aidé par les pirates, par des esclaves et même par des mercenaires a pu s’enfuir, soit caché quelque part dans l’île, soit en train de voguer quelques part en mer. Il avait emmené avec lui, la fille d’un riche colon, une certaine Roseline Derfield, pour lequel il travaillait comme régisseur. On parle aussi d’un nommé Charles, son antagoniste qui seul avait osé lui tenir tête malgré le peu de pouvoir qu’il détenait. Le Gouverneur est actuellement préoccupé à trouver remède à la situation et à se rendre dans les lieux pour constater les dégâts. Les soldats sont mobilisés et des détachements de régiments sont expédiés dans divers quartiers pour prendre contrôle de la situation. Plusieurs esclaves ont été capturés et seront exécutés, pendus sans qu’aucun jugement ne leur soit rendu. Ce Charles, dont je t’ai parlé, se représente comme un prodige, une personne dotée d’un pouvoir si extraordinaire, certains prétendent que c’est un illuminé qui seul pouvait apporter toutes les lumières sur les ténèbres qu’englobe actuellement cette affaire. Mais jusqu’à maintenant on ne l’a pas encore retrouvé, on est en train de le chercher partout parmi les décombres et les cadavres jonchés de-ci, de-là dans les plaines.”

Omar, en entendant cela, ne put prononcer aucune parole et bien que le Révérend lui fit ses adieux en s’éloignant dans la direction opposée, Omar demeurait longtemps dans une profonde réflexion ne sachant quoi faire dans cette situation si confuse. Tout en imaginant pouvoir se rendre sur le lieu par un moyen de transport qu’il n’aurait pas de peine à trouver, pensant à la charrue que pouvait lui emprunter Ragounadan un coolie qu’il connaissait de longue date et auquel il avait rendu de grands services, Omar se disait qu’il lui serait fort possible d’aller voir de ses propres yeux ce qu’il parvenait avec du mal à concevoir dans son imagination, malgré que de sa vie il ait vu des choses bien plus pires que ce qu’on lui avait raconté.

En retournant sur ses pas dans la direction de sa demeure, Omar constatait que les rues étaient moins désertes et que des gens commençaient à quitter leur demeure avec un esprit plus rassuré, moins frustré ; sur leur front se dessinaient des signes d’inquiétudes tout de même et leurs yeux demeuraient hagards aux moindres mouvements singuliers. Omar ne put s’empêcher de se demander si ses jugements ne lui faisaient pas défaut et si une résolution aussi brusque que d’entreprendre ce déplacement comme il l’avait prise dans son imagination ne contraignait pas sa santé par la suite.

– Non, se disait-il, ne connaissant de ce type, ni le sens de sa moralité, ni l’étendue de son honnêteté, ni la qualité de son caractère, il serait trop risquant pour ma vieille carcasse de lui avoir pour compagne du moins pour l’instant. Il me faudra tout d’abord le connaître, le voir, m’assurer qu’il m’inspire confiance afin que je puisse lui faire partager ma vie de misère. Je me ferais un devoir d’assister à ce procès dont m’avait parlé le Révérend, et qui se déroulera d’ici quelques jours afin de pouvoir déterminer s’il fallait que je porte mes intérêts à leurs égards, ou serait-il préférable pour moi de chercher ailleurs ce dont j’ai besoin, une assistance assurée pour me rendre dans mon pays natal. Voyons, vaut mieux attendre encore un peu, avant de pouvoir retrouver l’esclave qui voudrait bien s’occuper de toi, Omar. Tu t’es patienté pendant des années et il ne serait tout de même pas trop malin que tu essaies de précipiter les affaires, d’accélérer les choses dans une période aussi néfaste comme la situation se présente actuellement. Si les esclaves se révoltent aujourd’hui c’est que cela représente un très mauvais signe pour les maîtres. J’ai entendu bien souvent parler des émancipations par des gens venant des autres pays du monde et j’en ai bien peur que tout cela sont les indices des changements imminents qui pourront avoir lieu dans la population. Pour combien de temps encore les noirs supporteraient-ils la domination des blancs? Le monde évolue rapidement, les idées changent et les aspirations, les ambitions, l’intelligence s’entassent derrière l’aridité des cerveaux encore nubiles, sans toutefois pouvoir s’empêcher de s’armer de la volonté tenace de se libérer à jamais du joug des blancs, responsables des malheurs qui leur tombaient dessus. Ce serait peut-être manquer à un spectacle qui ne se reproduirait jamais en refusant à me rendre dans ce lieu où autant de sang fut versé. Les dernières années que je suis en train de vivre pourront ajouter d’autres expériences que j’aurai bien peine à effacer mais qui m’auraient fait voir davantage de ce qui devait être vu sur cette terre. Ragounadan saurait me dire si le trajet m’emmenant vers le nord ne présente pas de trop grand risque.

En rencontrant Ragounadan dans son écurie en train de traire une vache, Omar n’hésitait pas de lui parler de son projet et sa résolution de s’acheter un esclave.

– Si ce n’est que ça qui t’intrigue, mon cher Omar, lui dit Ragounadan, je connais un marchand d’esclaves qui sera ravi de te présenter sa collection, les meilleurs des esclaves que tu puisses t’en procurer de toute la région. Tu pourras avec lui faire une bien bonne affaire et j’en ai vu moi-même de mes propres yeux, des grands gaillards bien costauds, musclés, détenant une énergie de fer et pouvant te servir jusqu’à la fin de tes jours. Si tu as ton argent prêt, Omar, comment penses-tu que tu ne pourras te procurer ce dont tu as besoin? Laisse moi t’y conduire dans quelques instants et tu verras que je ne t’ai pas raconté des baratins; tant qu’à si tu pouvais te rendre dans les quartiers sans courir le moindre risque je dois être franc avec toi pour te dire que ce n’est ni le jour ni le moment; je ne te le conseille pas. Tout à l’heure, pendant que j’allais chercher de la paille dans les champs de canne, quelques officiers que j’aie rencontrés par hasard, m’avaient conseillé de me rendre au plus vite à la maison si je ne voulais pas perdre la vie sans que j’aie même le temps de prier. Vois-tu un peu combien la situation est devenue critique. Et maintenant faible comme tu es, Vieux Omar, à quelle dimension pouvait être ton courage pour bien vouloir affronter seul, sans aucun moyen de défense, les vagues déferlantes des révoltes. Je comprends combien ta vie sédentaire t’exige à te faire protéger par un esclave et pour cela je suis bien disposé à t’en chercher un qui te serait d’un bon choix. Je pouvais même t’en recommander quelques-uns uns que je suis certain seraient de ton goût.

 
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A distant Island https://t.co/TjlH2wRtUd

20 Juin 2019 , Rédigé par kader rawat

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A distant Island

20 Juin 2019 , Rédigé par Kader Rawat

A distant Island

Several nations crossed the Indian Ocean in the early 18th century. The French were the first to be really interested in Île de France. The Dutch, who were there, left it forever. They were disappointed, discouraged and even disinterested perhaps by its wild state and the distance that separated it to the great continents.

The Indies Company came to settle there. They looked rather for a port to shelter their vessels during the four long cyclonic months.  Île de France had not really great thing to offer. It was covered with dense vegetation. There were swamps, ravines, rivers, creeks, stretches of plains, forests still virgin, lakes lost in the woods, beautiful, finest white sand beaches, attractive coastal regions, and a number of fowls, eels, fish, and turtles. 

Between Port Warwyke, later Grand Port and Port North West, they opted for the latter, which was later called Port-Louis. This region of the island was separated at that time into two parts by a swampy ravine carved by mountain streams The Thumb. Thick vegetation extended up to the dreary of the discovery, today the Signal Mountain, and the district Remparts to the left and up to the district of the river Latanier to the right.

Palisades boxes, earthen and straw huts, and barracks covered with lataniers leaves served to homeless men of the East India Company and to the soldiers.

It was the beginning of a long work assiduously developed under the leadership of great men like the Governor Mahé de Labourdonnais, the Intendant Poivre, the Bailli de Suffren; their efforts, at different periods, helped to the formation of a well-built settlement in these lands and whose footprints marked the future generations.

Several important buildings such as the Hotel of the Government, the hospital, the barracks, the lodge, the parish church, housing, offices, and even a penal colony for the Maroons, repeat offenders, criminals, troublemakers were built in various places in the city. The residential and commercial areas extended to places were activities were taking momentum. A variety of plants and animals reached the island later on. The forests were proliferated with various animals, monkeys, turtles; some regions were transformed into orchards, gardens for these exotic plants coming from around the world. The colonial agriculture found its birth in the approaches and activities that the agronomists, botanists, and gardeners put in place for the implementation of major projects that took considerable dimensions years after.

 While the Director of the East India Company found in Port-Louis a fortified house, a warehouse, a port of call, the Governor Mahé de Labourdonnais found rather a well-built town in the Indian Ocean. Several services were already put in place on the Island. The openings of the accessible roads connecting one neighborhood to another helped the inhabitants to move with facilities. The settlers were engaged in frequent trips inside the island. A lot of people coming from distant regions and eager to become, wealthy, approached the Island with the intention of settling there and make fortune as quickly as possible. The arrival of the committed Indian, Malagasy and African slaves, did increase in a short time the number of inhabitants. The French fleets, in the arms race and the conquest of the land, often clashed with English squadrons who showed highly feared. During the Seven Years’ War, the East India Company, willing to act on its own, was completely ruined transferring all its outlets in India and at the same time the Île de France against a large sum of money to the King of France.

The activities in Île de France became at this time intense. The Island had the reputation of being the nest of pirates. Several unscrupulous men landed there to make fortune on public misery. At sea, privateers, pirates, filibusters, merchant ships, were struggling for survival. The natural disasters, calamities, bloodshed, and massacres could not be avoided. Only the most cunning, the most powerful, the best equipped, best prepared were spared. The settlers gathered at the parties that the officers of the quarters organized. People were having fun at parties, festivities. The settlers’ children became accustomed to the worldly life by sources of distractions that people anxious to organize their lives were at the very heart of the fledgling company.

The arrival of the royal administrators wore other changes in the appearance of the Island. In a short time, the repairs of dilapidated buildings were carried out. Exceptional recoveries of agricultural activities allowed the island to buy export-ready food products. Three water mills manufactured flour, bakery, shops; a printing press was put in place and working beautifully. Food products also abounded the Island and allowed the inhabitants to take advantage.

Although the licentiousness among whites as among the blacks reached a considerable proportion, the royal administrators had a hard time to suppress these immoralities of old date. This, by cons, not so much affected the manners of the island.

The cabarets of the city welcomed everyone, thirsty for entertainment; the presence of officers and settlers from distant areas was very marked. The scandals, the multiple public clashes, the confrontations between individuals or group of people, the social conflicts, and the screw-ups of disorders were strongly reprimanded by the people having the competence to maintain public order and to enforce it. The current laws decreed by the Council, the black slave trade, the notices, and announcements reached the general public by normal ways of decent and adequate manners.

The militias were circulating the area and chased the miscreants, bandits, criminals, thieves of the major railways, the brown blacks. The commanders of the district had a very delicate task to bring order and justice. They were constantly faced with difficult situations, which could complicate their lives.

Masters and Slaves had to respect regulations and anyone, looking to break the law, would not be spared from the yoke of justice. But how many of the social injustices, which were never respected, denounced? The weak always suffer in silence the law of the strongest and it is only justice that comes from heaven which gives the balance to the situation.

When the war of American independence was broke, Île de France, because of its strategic position, helped the French under the command of Bailli de Suffren, to lead a glorious war against the British in Indian waters, around Pondicherry. The British suffered heavy losses and unimaginable defeats. They recognized the importance of Île de France in the Indian Ocean. Their courage and their determinations to defeat turned their eyes toward this island that they were trying to seize.

Obviously, at a time too remote, similar islands in almost all parts of the world were the least protected against attacks from the outside. The garrisons and the fortresses weakened under the relentless onslaught of enemies. The strongest only exercised their domination. Aside from such dangers, these places were constantly threatened by internal conflicts that were causing many problems in the population.

Île de France was not spared from these crises, which awakened within the population the fears, the frights, the uncertainties of the existence that people felt like this morning, the news that announced and described the horrors of a night was bumping against the deaf ears even by sleep, but startled, stunned by what was said, by what we told. Port-Louis emerged from the darkness as dawn was breaking.

The lights of the invasive sunrise hunted too dark shadows by the absence of the moon. Omar was in his miserable checkbox in the suburb of Port-Louis. He was already awake, but could not move. He made an effort yesterday carrying furniture he had sold to a trader in the city. He was exhausted and felt severe pain, which had made him grow long complaints often mixed with croaking frogs. No one heard.

The death could surprise him in this state and in even worse conditions, without anyone knowing. Omar had a habit of waking up early in the morning. Only the disease could hold him back to bed. He asked God to help him, to give him his strength, not to abandon him in such an important moment of its existence. He recognizes in himself a man too old to continue to live alone. His state of weakness, the poor night he had spent so overwhelmed that he was convinced that he only had little time to live. The disease often disturbed his thoughts and made him see reality.

"I don’t have to live all alone anymore", he said, "I am too old and I need help."

He heard the rooster crows that announced the approach of the day. He wanted to get rid of this nightmare which began to frustrate him. He noticed the dark glimmers which infiltrated by the interstices of its checkbox. The cold which got through the exits had no effect on the old Omar. The mattress was wet from sweating. Throughout the night Omar was overwhelmed by cramps and fevers. He got up with a lot of penalties and of willingness to prepare an herbal tea with plants that he had recovered in the mountains and he had piled up on the shelf next to his bed.

"Your old carcass will not hold for a long time Omar", he said, turning on the fire, "you will leave this world well before that you imagine, and without having done your duty. Who cares about you, your existence? Your face wrinkled, your white beard means nothing in the spirit of these few buggers of the district you know. Your presence in this society is but the shadow that we forget so quickly. You should flee before it is too late. Yet, old fox, if we knew that you possess a fortune so vast, the world would be at your feet. But did you not always flee the company? You feared so much the rich that you resigned yourself in spite of your fortune, to remain poor. It is your belief. Life has taught you lessons that you cannot forget so quickly. And then note that you have lived a life marked with misfortunes. "The barking of dogs showed him the sunrise.

People went to the fields. He greatly opened the window to invite the fresh air to enter into the three empty parts of its case. 'This pure air', he thought, "which comes from the mountains hunting the diseases. I, therefore, have any chance to heal me. I do not intend to keep the bed and rot in this room. A would land slaves this morning. I must not miss this opportunity. It is absolutely necessary that I should visit the pier to buy me a slave. I have a great need.'

The hinge side of the window was detached from the wood. The flying gave the appearance of wanting to fall from one moment to the other. Omar looked worried by looking at trees. His mind was elsewhere. While he was preparing to go out, his eyes were expressing a certain sadness by crossing dark and empty rooms, which repulsed his memories that he could not forget. He very much regretted the old furniture, which was his only companion during his hours of solitude, his misfortunes and disorders. This furniture represented the indications and the testimonies of a turbulent life lived in the depths of the islands at a time where the existence depended on the bravery, strength, of the intelligence and luck. His past reached him by bit in memory, to him to review in an imagination otherwise low of the least troubled the sequences interspersed with his life, reminding him of the circumstances which had led to the acquisition of old furniture of value and this treasure that he checked every night before sleeping. It was to monitor all alone the treasure that Omar had never wanted to introduce anyone in his miserable accommodate. Indeed, his condition was so deplorable that people neither had for him attention nor visited him. Omar had carried for a long time his observations, his studies on what motivated and interested people in the world. The fortune alone could exercise on a whole people the influence and the undeserved attention of unscrupulous people the holding between their hands by the exercise of the dishonesty or by other dubious procedures. Omar had chosen to conduct his life in his own way and it delighted him! It was enough for him. Omar had a past which often caused him the obsession.

The sale of furniture related to his decision to leave the island to join his family in India after more than forty years of separation. As he entered the old age, his ideas turned to its past, to his very origins. He pampered for a long time the idea of finding his family: his children he had left behind quite small and his wife who had never left his imagination.

He spent a long time to go back in time and to see the life cycle of misery in the streets of his hometown Gujarat in India. He separated from his family by the confusion that caused the strife in his country. Hired by the men of the East India Company, the coolies wanted to escape the poverty which rages in their country in the suppression of English. They boarded the ship, leaving behind families, parents to serve on distant islands. Omar was one of those people in distress and traveled for a long time in the ships that roamed the seas; he faithfully served the French teachers, attended in their maneuvers, defended against the pirates, protecting his best during severe storms. He carried in sedan chairs during long walks in the depth of the islands. The force that he had deployed in his youth, his suffering, the experiences that he had acquired, had made him a clever man, shrewd and tough.

By opening the drawer to take the currency he had won the day before the sale of furniture, Omar was seized with an unspeakable weakness. He stood for a while at the end of the table. He felt shooting pains. He had never felt such symptoms before. He always avoided being examined by a doctor. He preferred to fight his health complications on his own, using his knowledge of medicinal plants. And yet that day his afflictions, his state of old age, his despairs, made him think he had fragile health. He had already started to wear his health care if he did not want to lose a life by negligence, leaving the future unanswered, dreams in progress, unfinished projects. This dream was to be able to assign to his family, condemned in the intense misery of life, this treasure he had acquired as a reward by a French captain he had saved a long time from the hands of pirates torturers, who chased him, stalked him to the confines of this island. Omar, deploying at that time all his force and his wiles, had hidden it in a cave. The poor captain was tired, exhausted and lugging with him a fabulous treasure, a purse containing hundreds of gold coins. The captain imagined that his life was priceless and gave Omar eagerly a handful of these parts before disappearing forever in nature by a stormy and gloomy night. This wealth, buried therefore under the ashes of his home, composed of three large carved stones, remained the same index of conflicts that the privateers were conducting pirates of the high seas; these pirates came from the Caribbean, to sow the disorders among the merchant ships and in the various islands of the oceans. If in seas their skills made them famous, relentless, on earth they suffered enormous losses without ever decide to resign them, to repent or even to amnesty if their case did not seem necessary.

The possession of such wealth was never for Omar an object of temptation to try to use his property in order to compete for the richest people of the city. He always compared the wealth to the honey and the people to the ants, which approach only to take advantage. In fact, he did not want to engage in business that could get him into trouble. He had never wanted to either mix his life with which he could not adapt. To be rich is a good favor, but to live free for Omar is much better. This choice to prefer the freedom to wealth was made while he was serving a bourgeois family, parents of the Governor, in the district of Moka years ago. An epidemic had wiped out the entire family. Omar himself was seriously ill but his constitution saved him.

Now that he was in an advanced age, his failures gave him doubts and even worries about his health, persuading him again of a few days he had left to live, and just throw a dull glow, in his suffering, on his forehead: regret not being able to live his life as he had always wanted, while near his family. He began by having the conviction of never being able to achieve his dream that he had cherished for years during his miserable life, in a fantasy designed firmly, with resolution and with promise that never the idea of a life of splendor, grand, exuberance, was to tickle the spirit nor touch his thought in the absence of his family and in the instar of a miserable life which the latter, in an incomparable world, had to lead. The resolution he had taken this morning, which had abducted him from his sight the veil that hid his real existence to buy a slave who would take care of him and help him in his efforts, had given him courage, despite the trouble he must have felt to get up to go to the auction in the public square, in downtown. By making the last effort to close windows and doors, Omar left his home and engaged in a rutted path, covered with herbs and other wild plants, still wet by the morning dew; his box was hidden behind trees and was hardly noticeable to passersby. With measured steps, the overcoat blown by a moderate breeze, Omar made his way across to other miserable huts in the area.

 

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Une île lointaine https://t.co/9kXvd7q03s

17 Juin 2019 , Rédigé par kader rawat

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Une île lointaine

17 Juin 2019 , Rédigé par Kader Rawat

 

 

Une île lointaine

 

Plusieurs nations traversaient l’océan indien au début du 18ème siècle. Les Français étaient les premiers à s’intéresser vraiment à l’Ile de France. Les Hollandais qui s’y trouvaient la quittaient à jamais. Ils étaient déçus, découragés et même désintéressés peut-être par son état sauvage et la distance qui la séparait des grands continents.

La Compagnie des Indes venait s’y installer. Elle cherchait plutôt un port pour abriter leurs navires pendant les quatre longs mois cycloniques de l’année. L’île de France n’avait pas en réalité grande chose à les offrir. Elle était couverte d’une végétation dense. Il y avait des marécages, des ravins, des rivières, des ruisseaux, des étendues de plaines, des forêts vierges encore, des lacs perdus au fond des bois, des belles plages de sables blancs et fins, des régions côtières superbes, une quantité de gibiers, des anguilles, des poissons, des tortues.

Entre Port Warwyke - plus tard Grand Port -  et Port Nord Ouest, ils optèrent pour ce dernier qui fut appelé par la suite Port-Louis. Cette région de l’île fut séparée en ce temps là en deux parties par un ravin marécageux creusé par les ruisseaux de la montagne Le Pouce. Une épaisse végétation s’étendait jusqu’au Morne de la découverte, aujourd’hui la montagne des Signaux, et le quartier des Remparts à gauche et jusqu’au quartier de la rivière Latanier à droite.

Des cases en palissades et en terre, des paillotes, des baraquements couverts des feuilles de lataniers, servaient d’abri aux hommes de la Compagnie des Indes et aux soldats.

C’était le début d’un long travail assidûment élaboré sous le commandement des grands hommes tels que le Gouverneur Mahé de Labourdonnais, l’Intendant Poivre, le Bailli de Sufren ; leurs efforts, à des époques différentes, aidaient à la formation d’une colonie solidement bâtie dans ces terres et dont les empreintes marquèrent les générations futures.

Plusieurs bâtiments importants tels que L’Hôtel du Gouvernement, l’hôpital, les casernes, la loge, l’église paroissiale, les logements, les bureaux et, même un bagne pour les noirs marrons, les récidivistes, les criminels, les fauteurs de troubles furent construits dans divers lieux de la ville. Les quartiers résidentiels et commerciaux s’étendaient à des endroits où les activités prenaient de l’essor. Une variété de plantes et d’animaux atteignit l’île par la suite. Les forêts étaient pullulées de gibiers, de singes, de tortues; certaines régions étaient transformées en vergers, en jardins d’acclimatation pour ces plantes exotiques venant des quatre coins du monde. L’agriculture coloniale trouvait sa naissance dans les démarches et les activités que les agronomes, les botanistes et les jardiniers mirent en place pour la réalisation des grands projets qui prenaient au fil des années des dimensions considérables.

 Alors que le Directeur de la Compagnie des Indes trouvait en Port-Louis une loge fortifiée, un entrepôt, un port d’escale, le Gouverneur Mahé de Labourdonnais trouvait plutôt une ville solidement bâtie dans l’Océan Indien. Plusieurs services furent déjà mis en place dans l’Ile. Les ouvertures des routes carrossables reliant un quartier à un autre aidaient les habitants à se déplacer avec facilités. Les colons effectuaient de fréquents voyages dans l’intérieur de l’île. Beaucoup de personnes venant des régions lointaines et avides aux gains, à la richesse abordaient l’Ile dans l’intention de s’y  établir et de faire fortune le plus rapidement possible. L’arrivée des engagés indiens, des esclaves malgache et africain fit accroître en peu de temps le nombre d’habitants. Les flottes françaises, dans la course aux armements et à la conquête des terres, se heurtaient bien souvent aux escadres anglaises qui se montraient très redoutables. Pendant la guerre de sept ans, la Compagnie des Indes, voulant agir à sa guise, fut complètement ruinée, cédant tous leurs comptoirs aux Indes, et en même temps l’Ile de France contre une importante somme d’argent, au Roi de France.

Les activités à I'Ile de France devinrent en ce temps là intenses. L’Ile avait le renom d’être le nid des corsaires. Plusieurs hommes sans scrupules y débarquèrent pour faire fortune sur la misère publique. En mer, corsaires, pirates, flibustes, navires marchands luttaient pour la survie. Les catastrophes naturelles, les calamités, les carnages et les massacres ne pouvaient être évités. Seuls les plus rusés, les plus puissants, les plus équipés, les mieux préparés étaient épargnés. Les colons se réunissaient dans les sauteries que les officiers de la garnison organisaient. Les gens s’amusaient dans des soirées, des festivités. Les enfants des colons s’habituaient à la vie mondaine par des sources de distractions que les gens soucieux d’organiser leur vie trouvaient au sein même de la société naissante.

L’arrivée des administrateurs royaux portait d’autres changements dans l’aspect de l’Ile. En peu de temps les réparations des bâtiments délabrés furent effectuées. Une relance exceptionnelle des activités agricoles permit l’île à s’approvisionner des denrées al1imentaires prêtes à l’exportation. Trois moulins à eau fabriquaient de la farine, une boulangerie, des magasins, une imprimerie furent mises en place et fonctionnaient admirablement. Des produits vivriers aussi abondaient l’Ile et permettaient aux habitants de tirer profits.

Malgré que le libertinage chez les blancs comme chez les noirs atteigne une proportion considérable, les administrateurs royaux eurent du fil à retordre pour réprimer ces immoralités de vieille date. Cela, par contre, n’affecta pas tellement les mœurs de l’île.

Les cabarets de la ville accueillaient tous les gens assoiffés de divertissements; la présence des officiers et des colons des lointains quartiers fût très marquée. Les esclandres, les multiples accrochages publics, les affrontements entre individus ou groupe des gens, les conflits sociaux, les fouteurs de troubles furent vivement réprimandés par les personnes ayant la compétence de maintenir l’ordre public et de le faire respecter. Les lois en vigueur décrétées par le Conseil, la traite des noirs, les avis et communiqués atteignirent le grand public par des voies normales et de manières décentes et convenables.

Des milices circulaient la région et pourchassaient les mécréants, les bandits, les criminels, les voleurs des grands chemins, les noirs marron. Les commandants des quartiers avaient une tâche bien délicate pour faire régner l’ordre et la justice. Ils étaient constamment confrontés à des situations difficiles qui pouvaient compliquer leur existence.

Maîtres et esclaves avaient des règlements à respecter et quiconque cherchait à enfreindre la loi ne serait pas épargné du joug de la justice. Mais combien des injustices sociales qui ne furent jamais respectées, dénoncées? Les faibles subissent toujours dans le silence la loi des plus forts et ce n’est que  justice qui vient du ciel qui donne l’équilibre à la situation.

Quand la guerre de l’indépendance de l’Amérique fut éclatée, l’Ile de France, de par sa position stratégique, aida les Français sous le commandement de Bailli de Suffren, de mener une guerre glorieuse contre les Anglais dans les eaux indiennes, aux environs de Pondichéry. Les Anglais subissaient de lourdes pertes et des défaites inimaginables. Ils reconnaissaient l’importance de l’Ile de France dans l’Océan indien. Leurs courages et leurs déterminations de vaincre tournaient leurs regards vers cette île qu’ils cherchaient à s’emparer.

Evidemment, à une époque aussi reculée, des îles semblables dans presque toutes les parties du monde étaient les moins protégées contre les attaques venant de l’extérieur. Les garnisons et les forteresses s’affaiblissaient sous les incessants assauts des ennemis. Les plus forts seulement exerçaient leur domination. Hormis des dangers pareils, ces lieux étaient constamment menacés par des conflits intérieurs qui causaient beaucoup de troubles dans la population.

L’île de France ne fût pas épargnée de ces crises qui éveillaient au sein de la population des craintes, des frayeurs, des incertitudes de l’existence que les habitants ressentaient comme ce matin, la nouvelle qui annonçait et décrivait les horreurs d’une nuit venait se heurter contre les oreilles sourdes encore par le sommeil, mais consternés, stupéfaits par ce qui se disait, par ce qu’on racontait. Port-Louis émergeait des ténèbres pendant que l’aube pointait.

 

Les lumières envahissantes du lever du soleil chassaient les ombres trop noires par l’absence de la lune. Omar se trouvait dans sa misérable case dans le faubourg de Port-Louis. Il était réveillé déjà mais ne pouvait pas bouger. Il avait fourni des efforts la veille en transportant des meubles qu’il avait vendus à un négociant de la ville. Il était épuisé et ressentait des douleurs aiguës qui lui avaient fait pousser de longues plaintes qui se mélangeaient souvent avec les croassements des grenouilles. Personne ne l’entendait.

La mort pourrait le surprendre dans cet état et dans des conditions encore plus pires sans que personne ne sache. Omar avait l’habitude de se réveiller tôt le matin. Seulement la maladie pourrait le retenir au lit. Il demandait à Dieu de lui venir en aide, de lui donner sa force, de ne pas lui abandonner dans un moment aussi important de son existence. Il reconnaît en lui-même un homme trop vieux pour continuer à vivre seul. Son état de faiblesse, la mauvaise nuit qu’il avait passée l’accablait de telle sorte qu’il était convaincu qu’il ne lui restait que peu de temps à vivre. La maladie troublait très souvent ses pensées et lui fit voir la réalité en face.

– Je ne dois plus vivre tout seul, dit-il, je suis trop vieux et j’ai besoin de l’aide.

Les chants des coqs lui parvenaient à l’oreille et lui annonçaient l’approche du jour. Il voulait se délivrer de ce cauchemar qui commençait déjà par l’affliger. Il remarquait des lueurs sombres qui s’infiltraient par les interstices de sa case. Le froid qui passait à travers les issues n’eut aucun effet sur le vieil Omar. Le matelas était humide de transpiration. Durant toute la nuit Omar était accablé par des crampes et des fièvres. Il se levait avec beaucoup de peines et de volonté pour préparer une tisane avec des plantes qu’il avait récupérées dans les montagnes et qu’il avait entassées sur l’étagère à côté de son lit.

– Ta vieille carcasse ne tiendra pas longtemps Omar, se dit-il, en allumant le feu, tu quitteras ce monde bien avant que tu l’imagines et sans avoir accompli ton devoir. Qui se soucie de toi, de ton existence? Ton visage ridé, ta barbe blanche ne signifient rien dans l’esprit de ces quelques bougres du quartier que tu connais. Ta présence dans cette société n’est que l’ombre qu’on oubli si vite. Tu dois fuir avant qu’il ne soit trop tard. Pourtant, vieux renard, si on savait que tu possèdes une fortune si immense le monde serait à tes pieds. Mais n’as-tu pas toujours fui la société? Tu redoutes tellement les riches que tu t’es résigné malgré ta fortune à demeurer pauvre. C’est ta conviction. La vie t’a appris de leçons que tu ne peux oublier si vite. Et puis remarque que tu as vécu une existence jalonnée de malheurs. » L’aboiement des chiens lui indiquait le lever du jour.

Les gens se rendaient aux champs. Il ouvrit grandement la fenêtre pour inviter l’air frais à entrer dans les trois pièces vides de sa case. ‘Cet air pur’, pensa-t-il, “qui provient des montagnes chasse les maladies. J’ai donc toute chance de me guérir. Je n’ai pas l’intention de garder le lit et pourrir dans cette pièce. Un vaisseau devait débarquer des esclaves ce matin. Je ne dois pas manquer cette occasion. Il faut absolument que je me rende sur le quai pour m’acheter un esclave. J’en ai grand besoin.’

Le gond de la fenêtre s’était détaché du bois. Le battant donnait l’apparence de vouloir tomber d’un moment à l’autre. Omar avait l’air inquiet en regardant les arbres. Son esprit était ailleurs. Pendant qu’il se préparait pour sortir, ses regards exprimaient une certaine tristesse en traversant les pièces sombres et vides qui lui refoulaient des souvenirs qu’il ne pouvait oublier. Il regrettait beaucoup les anciens meubles qui étaient ses seules compagnes pendant ses heures de solitude, ses malheurs et ses troubles. Ces meubles représentaient les indices et les témoignages d’une vie tumultueuse, vécue dans le fin fond des îles à une époque où l’existence dépendait de la bravoure, de la force, de l’intelligence et de la chance. Son passé lui parvenait par bribe à la mémoire de sorte à lui faire revoir dans une imagination sinon faible du moins troublée les séquences entrecoupées de sa vie, lui rappelant les circonstances qui l’avaient permis l’acquisition des vieux meubles de valeur et ce trésor qu’il vérifiait chaque soir avant de dormir. C’était pour surveiller tout seul son trésor qu’Omar n’avait jamais voulu introduire quiconque dans sa misérable case. D’ailleurs son état était si déplorable que des gens ne lui portaient ni attention ni ne lui rendaient visite. Omar avait depuis longtemps porté ses observations, ses études sur ce qui motivait et intéressait les gens du monde. La fortune seule pouvait exercer sur tout un peuple l’influence et les attentions imméritées des gens sans scrupules la détenant entre leurs mains par l’exercice de la malhonnêteté ou par autres procédures douteuses. Omar avait choisi de mener sa vie à sa manière et cela lui réjouissait! C’était suffisant pour lui. Omar avait un passé qui lui causait souvent de l’obsession.

La vente de ses meubles se rapportait à sa décision de quitter l’île pour aller rejoindre sa famille aux Indes après plus de quarante années de séparation. Au fur et à mesure qu’il entrait dans la vieillesse ses idées se tournaient vers son passé, ses origines mêmes. Il choyait depuis longtemps l’idée de retrouver sa famille : ses enfants qu’il avait laissés tout petits et sa femme qui n’avait jamais quitté son imagination. Il passait de long moment à remonter le temps et voir défiler sa vie de misère dans les rues de sa ville natale Gujerat en Inde. Il se séparait de sa famille par les confusions que causaient les troubles intérieurs de son pays. Engagés par les hommes de la Compagnie des Indes orientale, des coolies voulaient échapper à la misère qui sévit dans leur pays et à la répression des Anglais. Ils embarquèrent sur des vaisseaux, laissant derrière eux familles, parents pour aller servir dans des îles lointaines. Omar était parmi ces gens en détresses et voyageait pendant longtemps dans des vaisseaux qui sillonnaient les mers ; il servait fidèlement des maîtres français, les assistait dans leurs manœuvres, les défendait contre les pirates, les protégeait de son mieux durant des violentes tempêtes. Il les portait dans des chaises à porteurs lors de longues randonnées dans la profondeur des îles. Les vigueurs qu’il avait déployées dans sa jeunesse, ses souffrances, les expériences qu’il avait acquises l’avaient rendu un homme habile, rusé et dur.

En ouvrant le tiroir pour prendre la monnaie qu’il avait gagnée la veille pour la vente de ses meubles, Omar fût saisi d’une faiblesse indicible. Il se tenait pendant un bon moment au bout de la table. Il éprouvait des douleurs lancinantes. Il n’avait jamais ressenti de tels symptômes auparavant. Il évitait toujours de se faire ausculter par un médecin. Il préférait combattre ses complications de santé par ses propres moyens en utilisant des plantes médicinales de sa connaissance. Et pourtant ce jour là ses afflictions, son état de vieillesse, ses désespoirs, le firent penser qu’il avait une santé fragile. Il devait déjà commencer à porter des soins à sa santé s’il ne voulait pas perdre par négligence une vie qui laissait l’avenir en suspend, des rêves en cours de réalisation, des projets inachevés. Ce rêve était de pouvoir attribuer à sa famille, condamnée dans la misère intense d’une vie, ce trésor qu’il avait acquis en guise de récompense par un capitaine français qu’il avait sauvé bien longtemps des mains des pirates tortionnaires qui le pourchassaient, le traquaient aux confins de cette île. Omar, déployant en ce temps là toutes ses vigueurs et ses ruses, l’avait caché dans une grotte. Le pauvre capitaine était fatigué, épuisé et il trimbalait avec lui un fabuleux trésor, une bourse contenant des centaines de pièces d’or. Le capitaine imaginait que sa vie n’avait pas de prix et remit à Omar avec empressement une poignée de ces pièces avant de disparaître à jamais dans la nature par une nuit orageuse et lugubre. Cette richesse, enfouie dès lors sous les cendres de son foyer composé de trois grosses pierres taillées, demeurait l’indice même des conflits que les corsaires menaient aux pirates des hautes mers; ces pirates venaient des caraïbes pour semer les troubles parmi les navires marchands et dans les diverses îles des océans. Si en mers leurs habilités les rendaient célèbres, implacables, sur terre ils subissaient des pertes énormes sans jamais se décider à se résigner, à se repentir ni même à l’amnistie si le cas ne leurs semblait pas nécessaire.

La possession d’une telle richesse n’avait jamais été pour Omar un objet de tentation pour chercher à l’utiliser afin de rivaliser ses biens aux plus riches personnalités de la ville. Il comparait toujours la richesse au miel et les gens aux fourmilles qui ne s’y approchent que pour tirer avantage. D’ailleurs il ne voulait pas se lancer dans des entreprises qui pouvaient lui attirer des ennuis. Il n’avait jamais voulu non plus mélanger sa vie avec celle à laquelle il ne pouvait s’adapter. D’être riche est une bien bonne faveur mais de vivre libre pour Omar est bien meilleure. Ce choix de préférer la liberté à la richesse était fait pendant qu’il était au service d’une grande famille bourgeoise, parents du Gouverneur, dans le quartier de Moka des années auparavant. Une épidémie avait anéanti toute la famille. Omar lui-même était gravement malade mais sa constitution lui sauvait.

Maintenant qu’il était dans une vieillesse avancée, ses défaillances lui donnaient des doutes et même des soucis sur sa santé, lui persuadant le peu de jours encore qu’il lui restait à vivre, ce qui venait jeter, dans ses souffrances, sur son front protubérant une lueur terne, sombre: regret de n’avoir pu vivre sa vie comme il l’avait toujours souhaité, tout prés de sa famille. Il commençait par avoir la conviction de ne pouvoir jamais réaliser son rêve, qu’il avait choyé pendant des années, durant sa misérable vie, dans une imagination conçue avec fermeté, avec résolution et avec promesse que jamais l’idée de mener une vie de splendeur, de grandiose, de l’exubérance ne devait lui titiller l’esprit ni effleurer sa pensée en l’absence de sa famille et à l’instar même d’une vie exécrable que cette dernière, dans un monde sans pareil, devait mener. La résolution qu’il avait prise, ce matin qui lui avait enlevé de sa vue le voile qui lui cachait longtemps son existence réelle, de s’acheter un esclave qui prendrait soin de lui et l’aiderait dans ses démarches, l’avait donné du courage, malgré les peines qu’il devait éprouver de se relever pour se rendre à la vente aux enchères sur la place publique, au bas de la ville. En faisant un dernier effort pour fermer fenêtres et portes, Omar quitta sa demeure et s’engagea dans un sentier défoncé, couvert d’herbes et d’autres plantes sauvages, humides encore par la rosée du matin; sa case était cachée derrière des arbres et était difficilement perceptible aux passants. Aux pas mesurés, le paletot venté par une brise modérée, Omar faisait son chemin en traversant devant d’autres misérables cases du quartier.

                                             

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