DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 3
DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 3
Un extrait de mon autobiographie 'Le bon vieux temps'
« Ce qui nous différencie des autres créatures c’est cette mémoire que nous possédons et que nous avons toute raison de transmettre aux générations futures. »
Je pris naissance le 19 juin 19_ _, dans le quartier de T..., dans une vieille et grande maison à étage située au bord de la route principale qui traverse le village. Mon grand père maternel avait entrepris la construction de cette maison de 12 pièces des années de cela, et ma naissance, le premier petit fils de la famille, fut un évènement tant attendu.
Il est de coutume dans la majeure partie des familles de l’époque que la mère se rende chez ses parents pour avoir son bébé. Une semaine après la naissance, quand ma mère eut suffisamment récupéré de force elle retourne dans la maison conjugale pour s’occuper de moi et de son ménage. C’est bien là que j’ai grandi, dans une atmosphère familiale qui allait prendre de dimension et que j’aurais bien le temps d’en parler dans la suite de mes souvenirs.
Ma mère fut élevée dans le règlement de la loi coranique, avait reçu les rudiments de la connaissance religieuse et se débrouille pas mal pour s’occuper de son ménage, assumer ses devoirs envers son époux et prendre soin de son enfant. Elle s’occupait de moi comme toute mère capable de tendresse, d’amour, de patience. Je l’ai toujours connue douce et sensible.
Mon père l’avait aperçue par hasard en se promenant dans le quartier de T_ _, quelques années après la fin de la deuxième guerre mondiale. Elle l’avait plu et il l’avait demandée en mariage. A cette époque là, mon père venait de quitter l’Île de la Réunion où il avait passé plusieurs années. Il ne m’en avait jamais parlé de cette période. Je n’avais pas non plus eut l’idée de lui poser des questions et ça je le regrette aujourd’hui. Mais nous n’avions pas vraiment eu l’occasion de nous faire des conversations à proprement parler et c’est vraiment dommage. Ce n’était pas que j’étais timide ou réservé, loin de là. Mais, les rapports entre parents et enfants à l’époque étaient différents. Les quelques informations que j’avais pu grappillées de ci, de là m’ont apprit que mon père avait pas mal d’amis en compagnie desquels il faisait la fête et pas plus. Nombreuses personnes que j’ai eu l’occasion de rencontrer, et qui étaient amis de mon père, me demandent de ses nouvelles, et cela me fait énormément plaisir.
A son retour à l’Ile Maurice avant son mariage, mon père avait ouvert une boutique dans le village de P_ _, et s’était lancé dans le commerce d’alimentation. La propriétaire de la boutique était ma grand-mère, veuve dès l’âge de vingt-deux ans et en charge de cinq enfants. Elle s’était battue avec un courage exemplaire pour grandir ses enfants de ses propres moyens. Elle avait réussi à marier ses trois filles, deux à la Réunion dont une à Saint-Denis et l’autre à Saint-Joseph. La troisième fille habitait à Port-Louis. Ses deux fils vivaient avec elle. La boutique de mon père faisait partie de l’habitation familiale. Mon oncle était chauffeur de taxi, marié aussi et occupait une chambre de la maison avec son épouse.
Cette grand-mère me donna beaucoup d’affection et s’occupait de moi que si c’était ma mère. Plus tard, quand le nombre d’enfants commençait à augmenter, je couchais derrière le dos de ma grand-mère jusqu’à un âge fort avancé. Je ne pouvais l’oublier comment elle s’occupait également des autres enfants, tous mes frères et sœurs, dix au totale. Un frère avait un problème de santé et mourut à 15 ans et une sœur succombe de gastro-entérite à 2 ans.
La maison que je découvris graduellement pendant mon enfance était vieille avec ses murs en pierres de taille, ses pièces vastes séparées des cloisons en bois couverts de la peinture à huile de couleur grise pale, ses plafonds ornés des feuilles de contreplaqué peintes en blanc, ses parquets en planches qui brillaient sous d’épaisse couche d’encaustique. Située au bord de la rue royale, avec la devanture aménagée pour le commerce, la maison tournait le dos à une vaste portion de terre qui s’étendait jusqu’à la rivière qui traversait le village, et dont la source venait des lointaines montagnes. Cette rivière était le théâtre des habitants du quartier et des enfants qui trouvaient l’occasion dans la journée de se regrouper.
Mon oncle qui habitait aussi dans la même maison avait sept enfants et, quand tout le monde se regroupait les après-midi en sortant de l’école, c’était la fête au village avec de pleurs par ci, des cris par là, des hurlements, bref des vacarmes épouvantables jusqu’à ce qu’il commençait à faire nuit.
Le village n’avait pas d’électricité encore et l’obscurité envahissait tous les recoins dès le couché du soleil. L’on utilisait la lampe à pétrole, le quinquet et la bougie pour faire de l’éclairage. Le repas se préparait sous un feu de bois sec ramassé dans le verger se trouvant à côté de la maison.
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