DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 11
Un extrait de mon autobiographie 'Le bon vieux temps'.
« Ce qui nous différencie des autres créatures c’est cette mémoire que nous possédons et que nous pouvous transmettre aux générations futures. »
Etant donné que les résultats de fin d’année n’étaient pas favorables, mon père décida de me faire changer d’établissement scolaire et je fis mon inscription au collège M. de Pamplemousses. Mon échec au collège B. à Port-Louis s’expliquait par le fait que j’étais confronté aux sévérités que les jeunes professeurs exerçaient sur les élèves. Je n’étais pas prêt à me plier à ces règles rigoureuses de l’établissement scolaire que je fréquentais. Je n’étais pas non plus habitué à me faire réprimandé en raison que mes études me posaient des handicaps que je ne pouvais surmonter tout seul dans la situation où je me trouvais. Séparé de mes parents je n’avais pas de repaire. Je me rendais en classe avec cette frayeur qui accompagne les gens qui savent qu’ils ont failli à leur mission. J’étais harcelé par des complexes psychologiques qui prenaient le dessus sur mon état d’esprit en m’empêchant de développer mes facultés. Toutes mes tentatives de me hisser au niveau de ma classe demeuraient futiles quand je me laissais, avec bien d’autres camarades, m’engouffrer dans l’obscure royaume des illettrés. C’était une chute vertigineuse à laquelle dépendait mon avenir et si, à partir de ce moment crucial de ma vie je ne faisais pas d’effort, je ne me débattais pas, j’abandonnais tout, je demeurais le seul responsable de mon destin et devais assumer tout seul l’avenir. Combien de personnes qui ont chuté à ce moment où ils ont besoin le plus de l’aide, d’un élan tout simple qui aurait pu leur donner la chance de repartir mais qui malheureusement n’ont pas eu cette chance ? J’avais besoin d’avoir le moral pour monter ce handicap et mon père, cet homme admirable, était là pour me donner ce courage qui me manquait en mettant à ma disposition certaines facilités. J’étais en quête d’une vie plus souple pour frayer mon chemin.
C’était un défi que j’avais lancé à moi-même sans tenir compte de l’importance d’une telle initiative. Au lieu de caresser l’idée, de nourrir l’ambition de devenir l’élève d’un des établissements les plus réputés de l’île, je préférais une éducation moins compliquée, des travaux plus légers pour préparer mon avenir. M’étais-je engagé dans un mauvais chemin ? Je ne le savais pas encore. Je voulais faire par ma tête. Il aurait fallu plus tard, pour éviter les dégâts, que je fournisse de grands efforts pour ne pas perdre complètement la partie dans laquelle je m’étais engagé. Je n’avais aucun moyen, si je me vouais à l’échec, de redresser ma situation et celle de mes parents qui à l’époque allait de mal en pis. C’était l’ultime combat que je livrais sans me munir des armes efficaces pour assurer ma défense. Ma défaite, je le savais déjà, entrainerait derrière moi de très fâcheuses conséquences dans lesquelles seraient impliquées certaines personnes ayant des rapports étroits avec moi. J’avais mesuré la gravité, l’importance de la situation pour éviter de me comporter avec légèreté, avec frivolité. Je commençais à travailler avec application, zèle, assiduité et componction au moment où je flairais le danger qui me menaçait et cela, après que j’eusse perdu de temps précieux dans des activités sans importance.