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UN MEURTRE INAVOUÉ

4 Mai 2020 , Rédigé par Kader Rawat

Toute ressemblance avec des personnages réels ne peut être que fortuite.

 

 

Un meurtre inavoué

 

Cette histoire n’aurait jamais dû voir le jour jusqu’au moment où il me fut arrivé ce qui bouleversa ma vie toute entière. Je ne sais pas encore par où commencer et pourtant ce n’est pas l’envie qui me manque de tout dire en même temps. Mais je sais aussi que ce n’est pas possible et que je dois trouver un commencement.

Pourquoi ne pas le commencer par le jour où il me fut arrivé ce grand malheur, oh ne serait-ce qu’à y penser je me sens malade comme un dingue. Un jour pas comme les autres où des signes déjà m’avertissaient que des choses terribles puissent arrivées et que je n’avais pas tenues compte, des signes significatifs qui marquaient l’imagination quand l’on prend du recul pour les revoir avec un esprit tranquille, posé.

C’était un jeudi. Depuis la veille il avait été décidé que, mon grand frère étant souffrant, je devais transporter les marchandises remplies déjà dans la camionnette au grand marché de la ville. Il était 3 heures du matin quand mon père était venu me réveiller. La pluie tombait à verse et les orages tonnaient, suivis des éclairs. Je n’avais pas de choix quoique je n’aie pas l’habitude de conduire la nuit. Je voulais me rendre utile. Depuis que je suis rentré de la métropole où j’étais allé compléter mes études sur les marketings je n’avais pas eu beaucoup l’occasion de m’impliquer directement dans les affaires familiales et cela ne me gênait pas du tout de me voir assumer une responsabilité quasiment à ma porter tant je voulais faire plaisir à mon père qui avait dépassé largement l’âge de la retraite mais qui était encore actif, ce qui faisait toute mon admiration à son égard. Ma mère ne semblait pas tout à fait d’accord que je me hasardais ainsi dans une telle aventure mais sa réticence me faisait comprendre qu’elle avait peur qu’il ne m’arrive malheur. J’étais un peu sa préféré, sa lumière, sa raison de vivre et je le savais et le sentais dans toutes les attentions particulières qu’elle portait à mon égard. Nous étions au nombre de quatre frères et quatre sœurs et j’étais le benjamin.

Je n’avais pas hésité une seconde d’écarter la couverture et de quitter le lit pour me rendre dans la salle de bain. Quand je traversais le couloir envahi par l’obscurité je pouvais entendre le bruit de la pluie sur les tôles ondulées. Une grande partie de la maison est en dur. Mon père en avait, durant toute sa vie, apporté des améliorations afin de rendre notre vie confortable. D’une petite maison en bois sous tôle existante déjà quand il avait fait l’acquisition du terrain une trentaine d’années de cela il en avait fait une superbe villa qui ne laissait pas insensible les voisins et les gens de proximité. J’avais connu les années où l’on utilisait encore la lampe à pétrole et la bougie avant l’arrivée de l’électricité qui était un des évènements marquants de notre vie quotidienne. Mais quand il pleuvait à verse et des éclairs et des orages étaient fréquentes comme cette nuit-là nous éteignions toutes les lumières par peur qu’il n’y eut des courts circuits qui pouvaient endommager les installations électriques.

En entrant dans la salle de bain j’appuyais sur le commutateur et me fis inonder de lumière. Je ne restais pas longtemps devant le lavabo. Je pris une douche et me préparais pour sortir la camionnette. Ma mère était déjà dans la cuisine. Elle voulait absolument que je mets quelque chose dans l’estomac avant de partir. Père était dans le garage à vérifier que les caissons des légumes étaient bien attachés et qu’il ne manquait rien.

Je suis allé dans la chambre de mon grand frère pour voir comment il se portait. Une veilleuse diffusait une fine lumière. Il dormait profondément et faisait de la température. Des flacons de médicaments à moitié vides étaient posés à son chevet. J’avais quitté la chambre en fermant la porte doucement. Je me rendais à la cuisine. Après avoir bu une tasse de café bien noir, mangé une tranche de pain et de la confiture je descendais joindre mon père qui avait déjà démarré la camionnette et laissé tourner le moteur.

Une Peugeot 304 encore en très bon état. Elle été achetée une année de cela et tous les services d’entretiens étaient effectués et même assurés par le concessionnaire concerné. Je ne l’avais pas conduit beaucoup de fois pour la simple raison que je n’étais pas dans l’île ce dernier temps. De toute façon je ne ne l’aurais pas conduit beaucoup étant donné que nous avions une BMW pour les sorties.

Je quittais la maison par une pluie torrentielle, des éclairs suivis des orages. Les routes étaient pentues et tortueuses. Mon père m’avait rappelé la prudence quoi que je sache que par un temps pareil je devais appliquer à la ligne toutes les règles de conduite.

Les essuie-glaces chassaient l’eau sur le pare-brise tandis que j’essayais de distinguer la moindre trace de la route en suivant les raies de lumière que projetaient les phares. Je ne pouvais fixer mon attention que sur les rangés des arbres qui longeaient les deux côtés de l’étroit chemin sinué qui était inondé déjà d’abondante eau qui dévalait la pente. Le véhicule chargé de marchandises n’était pas facilement maîtrisable et j’avançais avec prudence en ralentissant au maximum pour négocier les virages. Les brouillards qui s’élevaient dans certains endroits rendaient la visibilité plus difficile. J’avais perdu énormément de temps et quand je m’étais engagé dans la ligne droite j’avais accéléré pour attraper mon retard. La lueur du jour ne tarderait pas à poindre et j’avais encore du chemin à parcourir avant d’atteindre ma destination. Dans ce parcours que je m’étais engagé la confiance commençait à s’installer en moi-même au moment où le temps donnait des signes d’amélioration. La pluie avait cessé mais certains endroits étaient enfouis encore dans les brouillards. Je finissais de traverser un pont étroit et à peine le véhicule commençait à prendre de l’élan qu’une ombre se dessinait au milieu du chemin. J’avais juste le temps de freiner pour ne pas atteindre l’obstacle. C’était trop tard. J’entendis un bruit fracassant. La camionnette allait s’immobiliser bien plus loin au milieu de la route. Le silence était complet. Le moteur était coupé mais les feux étaient restés allumer. Je descendis du véhicule pour me diriger vers le lieu de l’accident. A ma stupeur, je trouvais le corps inerte d’un homme qui gisait sur la chaussée. Je tâtais les pouls et m’étais consterné de constater qu’il n’y avait pas de signe de vie. Que faire ? J’étais pris de panique. Pour ne pas laisser de trace du meurtre que je venais de commettre je trainais le corps jusqu’au précipice et le balancer sans la moindre hésitation. Quand je démarrais le véhicule la pluie avait commencé à tomber. Je pensais que ce n’était pas plus mal puisque toutes les traces seraient effacées. Je me sentais envahi par un sentiment de culpabilité qui tourmentait déjà ma conscience. Je n’avais plus la tête en place et je savais que cela allait me compliquer l’existence. Comment continuer à vivre paisiblement quand une telle chose nous est arrivée ? Comment ? 

 

© Kader Rawat

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