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IL ÉTAIT UNE FOIS …LA COLONIE  11

8 Février 2021 , Rédigé par Kader Rawat

IL ÉTAIT UNE FOIS …LA COLONIE  11

 

Ceci est un ouvrage de fiction. Toute ressemblance avec des personnes existantes ne peut être que fortuite.

 

Les quelques bougies qui éclairaient les pièces étaient suffisantes pour présenter à Charles l’intérieur de l’habitation. Il fut étonné de découvrir des beaux meubles qui embellissaient la pièce.

– Changes les vêtements si tu ne veux pas attraper une maladie, dit le contremaître, il y en a plein dans le placard qui pourra te convenir. Je vais allumer du feu pour que tu puisses te réchauffer. Il fait un froid intense.

Comment devrais-je vous remercier, Monsieur, lui dit Charles, pour l’attention que vous me témoignez?

Dit donc, dit le contremaître, comment tu t’appelles déjà?

Charles, Monsieur, Charles Duvillet. Je viens du quartier de Montagne Longue.

– Tu n’es pas un bâtard, je suppose.

– Non monsieur. Je suis un pur blanc.

– Si tu es un pur blanc, cesses de m’appeler Monsieur, je me nomme Antonio.

Comme vous voulez Antonio, répondit Charles, en lâchant quelques éternuements qui annonçaient un rhume imminent.

– Ah ! Seigneur Jésus. Débarrasse-toi de tes vêtements mouillés sinon tu risques de ne pas pouvoir te lever demain matin.

Charles se dévêtit à la lueur d’une bougie placée au coin de la chambre. Il cherchait dans le placard le vêtement qui lui plaisait. Des pensées tristes émanaient de son esprit attaché au foyer maternel. Cela apportait à son visage des inquiétudes qu’il ne parvenait pas à dissiper. Il gardait l’espoir de ramener quelque source de consolation pour la nostalgie qui lui avait pris tout d’un coup de s’être séparé de ses parents. Il pensait à la fille qu’il était venu voir et se disait qu’elle ne devait pas se trouver bien loin, ce qui pourrait lui donner l’occasion de l’approcher, de lui parler, d’admirer ses grâces, d’entendre sa voix.

Charles menait un conflit contre son imagination confuse et obsédante. Il se faisait de reproche en mettant ses parents dans des tourments pour son absence de la maison ; son escapade nocturne, un caprice qu’il n’avait jamais imaginé, lui aurait entraîné dans des aventures inespérées.

La pluie tombait abondamment, fouettait contre les vitres, crépitait sur le toit avec un bruit assourdissant. Charles se sentit soulagé en imaginant que ce temps pourrait faire ses parents comprendre la raison de son absence. L’orage grondait dans la nuit noire comme de l’encre et les éclairs déchiraient le ciel avec acharnement. Le temps semblait vouloir se venger contre la nature pour quelques fautes commises dans le passé.

Le feu qu’Antonio avait allumé commençait par répandre une chaleur dans les chambres. Les bois brûlaient vivement dans la cheminée et les flammes jaunâtres dansaient dans un rythme singulier.

Antonio ne pouvait deviner l’affliction qui s’était emparée de Charles. Il s’était confiné dans ses pensées lugubres que seule la solitude pouvait faire surgir de son ampleur dans le but de lui apporter le maximum de confort. Il avait installé un sofa tout près de la cheminée pour qu’il vienne s’y asseoir. Il s’inquiétait déjà de ce qu’il allait préparer pour le repas.

Charles, pensa-t-il, devait avoir faim. Mais où est-il passé?

 Au moment où Antonio s’apprêtait à se lever pour aller chercher Charles, ce dernier apparaît devant la porte comme un spectre dans un habit qui lui avait complètement transformé par l’exagération de la taille et par la grandeur des manches et des épaulettes.

– Ah! Te voilà enfin, dit Antonio, viens t’asseoir sur ce sofa. La chaleur te ranimera le teint. Tiens. Bois quelques gorgées de l’arak. Cela va te réchauffer.

Evidemment Antonio tira de la poche de sa veste une bouteille à demi remplie qu’il tendit avec précipitation à Charles comme pour se réjouir de quelques bonnes actions.

Charles était étonné de ce geste de générosité ; dans un élan qui lui fit confondre anxiété et douceur il saisit entre ses mains la bouteille et bût deux bonnes gorgées qui lui firent faire des grimaces. Il sentait déjà les flammes lui montaient au visage.

 

©Kader Rawat    

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