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UNE FEMME MYSTÉRIEUSE

27 Avril 2023 , Rédigé par Kader Rawat

UNE FEMME MYSTÉRIEUSE

Ceci est un ouvrage de fiction. Toute ressemblance avec des personnages réels ne peut être que fortuite.

En entrant dans la maison, je fus étonnée de constater une propreté absolue. L’atmosphère était sombre et le parquet était luisant. De grands et beaux tableaux étaient suspendus au mur. Les plafonds étaient ornés des lustres superbes. Parmi les mobiliers datant de l’époque de la compagnie des Indes et très décoratifs, des bouquets de fleurs de toutes les couleurs et de compositions diverses ajoutaient une touche somptueuse à tous ces décors. Seule l’absence très remarquable de lumière faisait défaut. Je constatais cela avec tristesse et désolation. En grimpant les escaliers en bois sculpté et vernis, j’entendis le tic-tac d’une horloge et vis une faible lumière vacillante que projetait un vieux quinquet dont le verre était noirci par la fumée. Mes pas résonnaient dans la maison toute entière. J’eus comme un frisson qui me parcourut le corps. J’eus aussi l’impression que la maison était restée longtemps enfouie dans le royaume des ténèbres. Je ne comprenais pas ce contraste qui ne se conformait pas du tout avec ce décor sublime, fantastique et merveilleux. Je me demandais comment une telle maison avait une absence totale de chaleur. Je fus moi-même atteinte par un froid qui semblait me transpercer les os.

Ce devait être pénible, pensais-je, d’habiter un endroit pareil. Etait-ce une épreuve liée à l’expiation des fautes à qui voulait tenter l’expérience ? L’existence paraissait avoir arrêté son cours et le temps figé dans un embryon évoquant cette époque primitive que l’on connait si peu. Je fus enveloppée comme une momie dans son linceul alors que je me déplaçai dans un couloir obscur sans pouvoir sentir mes jambes. J’eus l’impression que j’avais perdu mon chemin dans un brouillard épais et que je me battais pour m’en sortir. Je ne pouvais savoir si j’étais sous une quelconque influence et je ne l’ai jamais su. Mais je sentais une pression qui s’exerçait sur moi sans que jamais l’idée de fuir ou de quitter le lieu me fût venue à l’esprit. Je gardais mon calme et retenais mon souffle au fur et à mesure que je pénétrais dans la profondeur de la maison. Un silence de mort régnait quand nous nous arrêtâmes devant une porte en bois massif décorée d’étranges sculptures. Je me demandais si tout cela était bien réel ou si j’étais la proie à un de ces cauchemars dont on voulait sortir le plus vite possible pour revenir à la réalité.

Hélas ! J’étais bien dans un monde réel plus que jamais. Le vieil homme cogna deux fois, saisit la poignée de la porte et l’ouvrit délicatement. Il attendit que je traverse le seuil de mon propre gré avant de refermer la porte calmement et s’éloigner dans le couloir, me laissant seule dans une vaste pièce très mal éclairée. Je pouvais avec peine distinguer les objets.

Une voix faible et douloureuse me demanda de m’approcher. Je cherchais dans la pièce la direction dans laquelle je devais me déplacer. Je vis, à mon grand soulagement, au fond, dissimulé derrière des rideaux épais de couleur sobre, un jet de lumière faible et mourant. Mes yeux n’étaient pas encore habitués à cette obscurité chronique.

– Approchez, Mademoiselle. N’ayez aucune crainte. Vous ne courez aucun danger, dit une voix rouillée de femme dénuée de force.

 

Ce qui m’intriguait, c’était l’immensité de la pièce et la pénombre constante qui l’envahissait. Cette solitude, ce calme, cette froideur avait le pouvoir de déstabiliser l’équilibre mental de quiconque se confrontant avec. Il fallait avoir un moral de fer pour supporter une telle atmosphère. Le climat était pesant, lourd, pénible. J’avais l’impression de me trouver dans un caveau. Je sentais un froid me traverser le corps. Je me demandais comment on pouvait vivre dans un endroit pareil.

Mes jambes étaient lourdes et je pouvais à peine les sentir. Je parvenais tout de même à me déplacer avec les précautions nécessaires afin de ne pas renverser les meubles et les précieux objets de décorations qui jonchaient le sol. Les fenêtres étaient fermées de l’intérieur et les interstices colmatés, afin d’empêcher toute infiltration de lumière. Je me disais que la remontrance, la colère devaient être sévères pour qu’une décision de se cloîtrer ainsi soit mise à exécution ? Les causes devaient être multiples et irréfutables en raison d’une blessure profonde et inguérissable. Mon état d’esprit était perturbé par les émotions qui me montaient à la gorge. J’avais toute raison de me contenir devant toutes ces singularités qui se présentaient à moi et me ramenaient une foule de pensées absurdes que j’étais obligée de repousser afin de voir les choses avec lucidité et clarté. Je me sentais poussée par la curiosité de découvrir le visage de cette mystérieuse dame et de la connaître davantage. Cela était pour moi une satisfaction, un soulagement d’avoir du moins pu la voir, l’observer, la contempler quoiqu’avec tristesse et amertume en raison de cette réclusion, cette claustration injustifiée.

Jusque-là, je m’étais montrée patiente, obéissante bien que je ne sache pas encore à qui j’avais affaire. Pour ce que j’avais entendu l’autre jour de cette histoire liée à des trafics de marchandises illicites je dois toutefois avouer que je m’étais montrée courageuse pour m’introduire avec autant d’aisance et d’audace dans ce sanctuaire sans une seule fois mesurer les risques que je courais. Je m’étais entrainée à me confronter à ce genre de situation inconfortable et singulière pour chercher à me protéger, éviter les failles qui risquaient de fragiliser ma cervelle et me donner une forte migraine. Je prenais vraiment conscience de la situation. Heureusement que je ne donnais aucun signe de crispation et, comme une bonne élève je m’avançais vers l’extrémité de la pièce sans prononcer un seul mot. A mon grand désarroi, à peine avais-je atteint la lueur cachée derrière une barrière de rideaux transparents, je fus priée de m’arrêter et de prendre place dans un fauteuil adossé à la cloison qui dominait la pièce.

Tous droits réservés y compris les droits de reproduction, de stockage des données et de diffusion, en totalité ou en partie sous quelque forme que ce soit.

©Kader Rawat
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