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DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 24 ...

28 Février 2019 , Rédigé par kader rawat

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DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 24

28 Février 2019 , Rédigé par Kader Rawat

Un extrait de mon autobiographie 'Le bon vieux temps'.

Le programme de l’établissement permettait aux élèves d’étudier sept sujets par jour à raison de quarante minutes pour chacun. Les cours avaient lieu de neuf heures du matin jusqu’à trois heures de l’après-midi, entrecoupés de deux  pauses de dix minutes le matin et l’après-midi ainsi que la pause méridionale.

L’enseignement s’effectuait par un système de ventilation des professeurs qui circulaient d’une classe à l’autre selon un plan de travail bien établi.

J’enseignais le dessin dans toutes les classes de garçons et filles et étais donc un des rares professeurs à pouvoir avoir un contact avec tous les élèves.

Art est le terme que les élèves utilisaient pour parler de dessin; ce qui était le plus drôle c’est qu’aucun d’eux n’avaient jamais appris à dessiner et moi non plus, personne ne m’avait jamais initié à cet art et que de plus, je n’avais jamais suivi une classe de dessin pendant mes dernières années d’études !

J’avais seulement choisi cette discipline en option pour compléter mon programme d’examen. Et je devais enseigner l’Art !  

La première fois que j’eus à prendre une classe pour leur donner des cours, je me rendis avec eux dans la bibliothèque de l’établissement où une charmante bibliothécaire était installée à son bureau.

Nullement intimidé, j’avais commencé à parler longuement de l’art, sans comprendre moi-même d’où me venait l’inspiration et étonné que j’aie pu disserter aussi bien sur un sujet auquel je ne m’étais jamais documenté.

Je ne manquais pas d’inspiration, fort heureusement !

J’étais très consciencieux dans mes responsabilités, aussi ai-je toujours essayé d’apporter des améliorations dans mon enseignement.

J’appliquais des méthodes efficaces aux élèves des différents niveaux pour les amener à faire des progrès. Je leur appris à manier le crayon, à réaliser une nature morte à la technique de la peinture à l’eau, un visage ou une création abstraite.

J’attirais leur attention sur l’importance, dans une composition, de faire jouer les nuances, les contrastes pour mettre en valeur un paysage, des objets ou les traits d’un visage.

Je mettais bien souvent mon talent en pratique en réalisant, sur le tableau, avec de la craie blanche, le dessin que je souhaitais les voir réaliser. Pendant que les élèves travaillaient, je circulais dans la classe pour inspecter le cahier de dessin de chacun et leur donner des conseils sur les couleurs à choisir pour atteindre une image proche de la réalité.

Quelques élèves des classes supérieures m’impressionnaient beaucoup par leur talent dans les réalisations qu’ils me remettaient. Certains étaient vraiment très doués pour cela et je pensais qu’il existait une possibilité pour quelques uns, quelques unes, de présenter et de pouvoir avoir de bonnes notes à l’examen de la School Certificate, à condition qu’ils aient quelques maîtrises des autres disciplines. Réussir cet examen de dessin était déjà une partie de la réussite de l’épreuve.

Celui qui a du talent doit l’exprimer, que ce soit dans n’importe quelle discipline; le laisser dormir est un gâchis !

L’ambiance qui existait parmi les collègues du Collège demeure à jamais imprégnée dans ma mémoire. Les courts moments où nous nous retrouvions dans le mess-room avaient fait naître des relations amicales les uns envers les autres. A midi, tout particulièrement, nous apprenions à nous connaître les uns les autres. Pour le repas, j’avais l’habitude d’apporter mon pain, bien entortillé dans une serviette que je plaçais dans mon placard. Je me rappelle très bien de Monsieur Adolphe, professeur de français dont le langage me laissait de profondes impressions, et que je trouvais tous les midis dans son petit coin à savourer tranquillement son déjeuner. Il parlait peu et bien. J’avais à son égard une sorte d’admiration et le traitais avec beaucoup de respect pour sa gentillesse et son affabilité qui révélait la grandeur de son esprit et de son intelligence. Il avait l’habitude aussi, après avoir mangé, de fumer une cigarette avec un infini plaisir et se joignit de temps à autres aux multiples plaisanteries que nous faisions pour nous amuser. Monsieur Jaddoo également était un très bon farceur. Sa stature et sa corpulence lui donnait une très forte personnalité. Une fois, m’étant allongé sur un banc, il était venu s’asseoir sur mon ventre que je sentis pratiquement éclater sous son propre poids. J’avais du le repousser de toutes mes forces pour m’extraire de cette surcharge. Une autre fois, lui-même encore et les autres collègues m’avaient soulevé et voulaient m’enlever mon pantalon. Je me débattais comme un enfant et avais même crié fort pour qu’ils me déposent par terre. Cela prouvait à quel degré nous étions proches comme des frères et quel genre de farces nous pouvions inventer pour nous amuser. Nous avions toujours demeuré en bon terme. Nujjou, Ramphul, Naga, Chong, et bien d’autres m’ont laissé dans l’esprit les empreintes de ces temps-là.

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DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 23...

27 Février 2019 , Rédigé par kader rawat

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DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 23

27 Février 2019 , Rédigé par Kader Rawat

 

Un extrait de mon autobiographie 'Le bon vieux temps'.

A l’époque, je n’avais que deux costumes que je portais en alternance. Le costume bleu pâle était celui du mariage de ma sœur qui datait de quelques années déjà et l'autre costume gris avec des rayures noires également fait à l'occasion d'un mariage d'un parent proche. J'utilisais par occasion le paletot de mon père ou de mon oncle qui n'en servait jamais.

Je me réveillais d’habitude à sept heures du matin et sortais de la maison à huit heures; ensuite, je marchais jusqu’à La croisée pour prendre un taxi qui me déposait devant l’hôpital Sir Seewoosagar Ramgoolam où j’attendais l’arrivée du bus qui me ramenait devant le collège Northern à Plaine des Papayes. J’atteignais l’établissement scolaire dix ou quinze minutes avant que la cloche ne sonne et j’étais de retour à la maison vers quatre heures de l’après-midi en faisant le même trajet en sens inverse.

A Maurice toutes les personnes qui enseignent sont appelées des Professeurs. A partir de maintenant j’utiliserai le mot Professeur pour désigner les enseignants, malgré que, dans son contexte, il existe une très grande différence entre les mots professeur et enseignant.

Lors de la mise en rang, dans la cour de récréation, et d’après le principe de l’Etablissement, tous les élèves devaient s’aligner en ordre respectif, commençant par les plus petits et les plus grands à l'arrière.

Chaque professeur était responsable d’une classe particulière dont il avait la charge de la mise en rangs, en contrôlant l’alignement, les tenues vestimentaires des élèves et en exigeant avec sévérité et rigueur l’ordre et le silence.

Après quelques mots du Directeur les élèves et les professeurs entamaient l’hymne national :

« Glory to thee

 Motherland,

Motherland of mine…. »

avant de regagner les classes en files indiennes en passant au côté droit ou gauche du bâtiment.

Le collège était abrité dans une vieille demeure de plusieurs pièces aménagées et couvertes,  dont l’aspect peu attrayant n’attirait en aucune façon l’attention des passants, si ce n’est une enseigne quelque peu abîmée qui indiquait l’établissement scolaire.

L’intérieur des classes, très sombre par temps couvert, était tout de même équipé de quelques ampoules électriques qui étaient censées éclairer les jeunes cerveaux des élèves.

Cet établissement assez isolé des autres habitations était très calme.

A l’arrière du bâtiment, la construction récente  de quelques salles supplémentaires indiquait déjà l’évolution des activités du collège. A côté de ces nouvelles constructions s’étendait une vaste plaine qui servait de terrain de football pendant la pause de midi. A d’autres moments, ce terrain servait de terrain de jeu aux plus jeunes élèves qui pouvaient s’ébattre, se détendre sur des herbes vertes.

Ce département était fréquenté uniquement par des garçons, la mixité n'était pas de rigueur et le bâtiment scolaire destiné aux filles se trouvait trois cents mètres plus bas. 

Le bâtiment, à environ cent cinquante mètres de la route royale, se situait derrière une vaste plaine herbeuse où les filles se rassemblaient le matin en attendant le début des cours.

Les élèves de la campagne étaient encore fermés à tout ce qui n’était pas de leur domaine rural. Il était rare que je puisse rencontrer une élève qui parvint à s’exprimer en langue française. Il s'agissait là bien évidemment de l'environement où je me trouvais. Ce n'était pas du tout une généralité. Ce langage français était bien entendu pratiqué dans d'autres endroits précis et particuliers.

Il est encore évident que, même jusqu’à ces jours, la pratique de la langue française et anglaise à domicile est quasiment inexistante à quelques exceptions faites.

Pouvoir maîtriser un langage et le pratiquer couramment est certes un avantage et pour encourager cette pratique à mes nouveaux élèves, j’avais pour habitude de tester leurs connaissances des langues en animant des conversations au cours desquelles je les incitais à s’exprimer le plus amplement possible sur différents sujets.

Les filles très réservées, timides jusqu’à en avoir l’apparence glaciale, étaient moins communicatives. Je comprenais très bien cette manifestation toute naturelle mais le temps les obligeaient à changer. Elles devenaient à l’aise avec des personnes qui auparavant les auraient intimidées. Pourtant, entre-elles, elles riaient, blaguaient, étaient très détendues. Je profitais de ces moments où elles étaient libérées de leurs complexes, pour mieux les comprendre et les connaître. C’étaient de jeunes créatures innocentes et pures qui étaient encore au seuil de leur existence.

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DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 22...

26 Février 2019 , Rédigé par kader rawat

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DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 22

26 Février 2019 , Rédigé par Kader Rawat

Un extrait de mon autobiographie 'Le bon vieux temps'.

Une nouvelle ère débutait  pour moi au moment  où je commençai à travailler au collège. J’avoue que, même à l’âge de vingt-deux ans, alors que je débutais dans l’enseignement, je n’avais absolument aucune notion dans l’art d’enseigner. Mais j’avais toujours eu pour habitude de m’accrocher comme je pouvais à toutes les chances qui se présentaient à ma portée au cours de mon existence.

Je m’étais suffisamment préparé pour pouvoir entretenir bien des choses qui pouvaient intéresser une classe. Je me débrouillais assez bien en français aussi bien qu’en anglais pour n’éprouver aucune crainte, aucune hésitation quand je m’adressais aux élèves.

Cette assurance de maîtriser mon langage devant une trentaine d’élèves qui m’écoutaient avec beaucoup d’attention me donna une confiance absolue et confirmait l’intérêt que je portais à l’enseignement et aussi les avantages que je pouvais espérer dans les jours à venir.

Je prenais la précaution de bien préparer à la maison les sujets que j’avais à traiter en classe afin de donner de moi-même une opinion favorable au regard des élèves qui se montraient très attentifs.

0n venait d’introduire dans les classes moyennes les mathématiques modernes et, bien que, pendant mes études, je ne les avais pas au programme, je prenais soin de me renseigner et de parvenir à un niveau avancé afin de maîtriser à fond cette matière. Imaginez un peu l’effort que je devais fournir pour parvenir à partager ma compétence !

Je pensais beaucoup au temps que j’avais passé à me débattre avec les problèmes d’arithmétique,  d’algèbre, de géométrie, de trigonométrie dans les livres de Durell et Hall and Steven qui malheureusement n’étaient plus d'usage. J'avais tellement utilisé ces livres pendant mes études que je connaissais par cœur où trouver les pages exactes de certains exercices.

 A quelques années d’intervalle, le système d’éducation avait complètement changé et l’introduction de nouvelles méthodes dans les établissements secondaires annonçait les changements et les progrès de l’esprit scientifique.

Les générations prochaines étaient remplies de promesses surtout faites aux jeunes élèves qui verraient s’ouvrir bien des portes dans un proche avenir.

L’éducation des enfants a toujours été une nécessité. De plus en plus de parents, heureusement, commençaient à comprendre que, sans une bonne éducation, un enfant ne pourra jamais remplir ses responsabilités plus tard quand il sera adulte et confronté seul à son existence.

L’importance de l’éducation d’un enfant, de l’instruction, est essentielle pour le préparer à entrer dans le monde où tout lui sera plus aisé, lui évitera beaucoup de malheurs, de calamités qui gâchent une vie.

Personne n’est à l’abri des tourments, de la misère, de tout ce qui existe de plus vil, mesquin, répugnant dans un monde où la corruption est en train de se propager rapidement, d’envahir les lieux les plus sacrés.

Quand je me trouvai devant bon nombre de mes élèves qui composaient une classe, je n’eus aucune peine à lire au travers des visages innocents encore de tout un chacun les traits qui les caractérisaient et qui démontraient déjà leur degré d’intelligence.

Mon rôle tout d’abord, je le savais avant d’enseigner, était de les comprendre, d’apprendre à les connaître, de manière à estimer leur capacité d’assimilation ; la tâche la plus importante pour moi était de cerner le caractère de chacun. Je considérais cela comme étant la base même de tous les rapports que nous lierions dans les jours à venir. C’était primordial et tous les résultats en dépendaient énormément. Maître et élèves devront entretenir des relations étroites pour que la confiance puisse s’établir, pour que les complexes se dissipent et pour que l’harmonie règnent et invitent à la compréhension, l’admiration, le respect, l’obéissance, l’intérêt.

Le but de l’enseignement généralement est d’aider les élèves dans les tâches qu’ils ont à accomplir dans leurs études, de leur transmettre un savoir dans la matière concernée, de manière à ce que le sujet exposé soit bien compris de tous et notamment des plus faibles. C’était avec ce genre de réflexion que j’abordais chaque classe. C’était partout les mêmes problèmes et le principe ne devait pas changer.

Pour que, dans l’esprit des élèves, il n’y ait pas de doute quant à la prééminence du professeur et pour que celui-ci leur laisse une forte impression, il faut bien sur, afficher une personnalité assurée.

Que ce soit dans la cour de l’école ou en classe, il n’y a qu’une place pour le maître qui doit s’imposer à leurs yeux, tant par son langage, sa tenue, son aspect soigné et sa présence. Tous ces éléments doivent, s’ils sont perçus, forcer au respect.

Il n’est tout de même pas facile de se faire aimer, obéir, respecter par tout le monde.

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DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 21...

25 Février 2019 , Rédigé par kader rawat

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DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 21

25 Février 2019 , Rédigé par Kader Rawat

Un extrait de mon autobiographie 'Le bon vieux temps'.

Avant d’obtenir mon résultat de la School Certificate, j’avais payé, par précaution, l'inscription pour l’examen de General Certificate of Education qui devait avoir lieu au mois de juin 1970. Comme mon résultat était bon, je n’avais pas voulu me forcer dans mes études pour aborder cet examen.

J’avais quand même obtenu un résultat fort intéressant avec grade A en Dessin et Français, grade C en Histoire et E en Mathématiques. Un grade 2 en School Certificate et 4 sujets de G.C.E. valaient tout de même quelque chose à l’époque dont je parle et je croyais donc avoir mes chances dans l’avenir.

Un travail convenable ne se trouve généralement pas vite. Dorénavant, j’adressais mes demandes d’emploi à la Public Service Commission à chaque fois qu’une annonce paraissait dans le journal.

Je complétais les dossiers, passais des interviews sans qu’aucune bonne nouvelle ne me parvienne. Je n’imaginais pas que pour obtenir un emploi, il faille attendre si longtemps !

Mes parents me conseillaient d’aller voir des personnalités hauts placées qui pourraient  m’obtenir une recommandation afin d’avoir un bon poste dans les meilleurs délais. J’avais en horreur ce genre de pratique et je préférais demeurer chômeur qu’aller cogner à la porte des gens pour obtenir des faveurs. Pourtant, c’était une chose tout à fait courante à l’époque. Le favoritisme était une maladie contagieuse et bon nombre de personnes avaient recours à ces passe-droits ! J’estime que chacun devait avoir sa chance de réussir et d’obtenir ce qu’il mérite selon ses désirs. N’avoir pas fait grand chose pour réussir et se voir récompenser par l’influence et le pouvoir d’un tiers n’était pas vraiment juste et équitable.

L’essence de mes succès qui, au début, me permettait d’élaborer de grands projets s’évanouissait, se heurtait contre les obstacles, ajoutant d’un jour à l’autre plus de déception que la veille.

Malgré l’estime de bien des parents qui entrevoyaient, au travers de ma réussite, de bons augures et qui m’encourageaient et d’autre part, l’estime de mes amis qui s’étonnaient de cette performance inattendue, je n’étais pas satisfait de moi. De là me vint la résolution qu’il me fallait continuer mes études plus loin encore même s’il fallait consentir plus de sacrifices. J’avais abandonné l’idée de quitter mon Île pour l’amour que j’éprouvais pour ma cousine.

Un évènement d’une relative importance mérite d’être cité ici : j’appris, à tout hasard,  que des parents se préparaient à demander la main de ma cousine pour un cousin. Cela me rendit triste et je restai sonné, emmuré dans mon silence, je suivais l’évolution de la situation dans une immense désolation sans toutefois me permettre une seule fois d’intervenir.

Voulait-on mettre notre amour à l’épreuve ? Tout le monde savait que nous nous aimions.

Ma vie sentimentale était toujours perturbée par les mauvais tours que certaines personnes prenaient autant de plaisir à nous jouer pour entraver notre relation.

Je gardais mon calme en laissant faire le temps.

Les moments de joie et de tristesse se succédaient.

Quelques jours avant la fin de l’année, je me rendis dans plusieurs collèges, muni de mes certificats, pour déposer une demande d’emploi. Je me souviens très bien être allé au College N. de Plaine des Papayes et d’avoir rencontré le Directeur de l’établissement qui m’avait accueilli avec beaucoup de considération et quand je l’eus mis au courant des motifs de ma visite, il me fit comprendre de faire ma demande par écrit.

Le problème devait être vite résolu. Je lui demandai l’autorisation de rester quelques minutes dans son bureau et, après m’être procuré du papier et de quoi écrire, je rédigeai sur place ma lettre de demande d’emploi. Cette demande était enfin la bonne car, dès le mois de Février de l’année suivante, ce devait être 1971, je reçus une lettre de cet établissement m’invitant à me présenter dans les meilleurs délais.

Je pris mes fonctions un Vendredi après-midi.  Le Directeur me demanda si je consentais à prendre le poste de professeur de Mathématiques et de Dessin, et me présenta à mes élèves.

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DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 20...

23 Février 2019 , Rédigé par kader rawat

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DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 20

23 Février 2019 , Rédigé par Kader Rawat

Un extrait de mon autobiographie 'Le bon vieux temps'.

Cependant, l’amour que j’éprouvais pour elle m’incitait à agir avec prudence.

J’étais déjà dans ma vingtième année et accusais des retards considérables qu’il me fallait combler dans un temps limité.

Entretemps, mon père affrontait un moment  difficile de sa vie. La rentabilité de sa boutique chutait très fort, venant menacer de faillite son commerce d’alimentation.

La boutique se vidait de manière catastrophique: les balles de riz, de la farine, le sucre, les grains disparaissaient du stock. Les barils d’huile, de pétrole, les conserves sur les étagères, les divers articles dans les vitrines diminuaient à vue d’œil, annonçant la fermeture de son outil de travail !

Mon père avait connu de périodes florissantes, mais maintenant, le mauvais sort s’abattait sur lui. 

La raison de cette crise ne s’explique que par le fait que les dépenses liées à l’entretien de notre  famille dépassaient les bénéfices que lui rapportait son commerce.

Notre famille était une famille nombreuse et je me souviens du temps où nous vivions dans le faste, la plénitude, une vie qui s’évanouissait comme un rêve perdu.

Il y eut dans notre village beaucoup de transformations.

Rester solidaires entre gens de notre communauté faisait partie du caractère naturel des habitants de mon Île. Nous avons toujours appris à réunir nos forces en nous regroupant.

La politique aussi bien que la religion influençaient l’esprit du peuple. Le sentiment communaliste est enraciné dans le cœur de tout un chacun et ne se révèle que dans de rares occasions.

Que ce soit au niveau politique, ethnique ou religieux, il est difficile d’ébranler l’esprit du peuple dans lequel fut inculquée l’unique façon dont ils étaient liés, attachés. 

C’était le sentiment profond de cette espèce qui attribuait aux personnes leurs valeurs réelles. Isolé chacun dans sa communauté par des penchants fidèles et sincères, la nation mauricienne cohabitait avec bonheur, sérénité et paix.

Des maisons en paille qui se trouvaient en bordure des sentiers ou dans les profondeurs des champs disparurent et furent remplacées par des bâtiments en dur.

C’étaient les premiers signes du progrès et de la prospérité. La majorité des habitants de ces villages étaient des prolétaires qui dépendaient de leur maigre salaire hebdomadaire pour subsister. Des familles toutes entières s’entraidaient pour l’achat de parcelles de terres et même pour bâtir de leurs mains leurs propres habitations. Le peuple avait une volonté ferme d’avancement, de progrès.

Alors que j’assistais avec désolation à l’effondrement du commerce de mon père, je me vengeais de cette malédiction sur ma famille par une rage de travailler dur et un accroissement de mes heures d’études, à l’approche de l’examen.

Heureusement, nous n’étions pas perdus car ma mère avait des ressources provenant de l’héritage de son père et, jusqu’à ce que son mari rétablisse sa situation, ils durent puiser dans leurs économies et furent dans l’obligation de modérer leurs dépenses.

J’arrivais à la période la plus importante de ma vie scolaire.

Je me voyais face à un dilemme que je n’étais pas seul à affronter.

A peine avais-je franchi l’étape de l’examen que je découvrais l’énorme tâche que l’avenir m’invitait à accomplir.

Mon père se débattait comme il le pouvait dans le labyrinthe de ses problèmes. Sa situation me faisait comprendre que je ne pouvais rien attendre de lui et qu’il faudrait que, de mon côté, je me débrouille seul.

J’attendais le résultat de mon examen; le temps s’écoulait lentement et il fallait que je me armais de patience.

Ma tante de la Réunion qui était en vacances chez nous me proposa de l'accompagner dans son Île pour me permettre de me reposer. J’étais très inquiet et paraissais très fatigué. C’était tout naturel, après de telles périodes, que des altérations surviennent dans nos sentiments et notre physionomie.

Malgré mes tourments et mes craintes, j’éprouvais une joie ineffable d’aller retrouver ma cousine à la Réunion.

Ce voyage décidé à l’improviste, je n’eus pas l’occasion de la surprendre en débarquant à l’aérogare de Gillot sans qu’elle s’y attende.

Je passai d’agréables moments avec ma cousine quand je reçus un courrier de mon père m’apprenant ma réussite à l’examen !

J’exultais de joie. Je me hâtai de rentrer à la maison pour préparer mon avenir.

J’occupais mes heures creuses en composant des pages que je trouvais superbes à destination de l’élue de mon cœur à laquelle je vouais un amour brûlant et sincère

 Je parlais longuement dans mes lettres des tourments et de la passion qui s’étaient installés dans mon cœur, de la souffrance que la séparation imposait et de la peur de la perdre à jamais. Je  noyais mes pensées tristes dans des lectures interminables. Ma seule consolation était l’arrivée de la lettre tant attendue, que je lisais tant de fois que je la connaissais par cœur !

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