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LES PREUVES D'AMOUR

10 Mai 2020 , Rédigé par Kader Rawat

Ceci est un ouvrage de fiction. Toute ressemblance avec des personnages réels ne peut être que fortuite.

 

 

LES PREUVES D'AMOUR

 

Le brouillard commençait à envahir les moindres recoins de la région plongée dans une obscurité profonde et effrayante. Rampant à travers les sentiers battus gorgés d'eau froide et piquante de l'incessante averse nocturne qui arrosait la région pendant toutes les saisons de l'année, la brume enveloppait les broussailles, suspendait sous les arbres fortement ramifiés, siégeait les habitations et les propriétés, envahissait les varangues fleuries des cases, pénétrait à l'intérieur des maisons en forçant le passage à travers les lucarnes des greniers, les impostes des portes et des fenêtres. Les lumières des bougies, toutes auréolées, palissaient et répandaient à peine une lueur suffisante dans la vaste pièce froide et lugubre de la grande maison où Véronique Hoarau se reposait sur un lit à baldaquin. Elle était vêtue d'un déshabillé de couleur sobre à base de laine et de coton mais grelottait quand même de froid. Son visage pâle et ses yeux ternes démontraient son état d'esprit perturbé au moment où ses regards fixaient les flammes du feu allumé dans la cheminée. La pièce n'était pas encore suffisamment réchauffée pour la permettre de se reposer. Elle était assaillie par des pensées qui l'obsédaient, la tourmentaient en attendant l'arrivée de Frédéric, parti en ville depuis tôt le matin. Pourquoi portait-il sur elle de tel jugement ? Est-ce qu'elle le méritait vraiment ? Il lui reprochait tout le temps de ne pas lui dire ce qu'elle pense de lui et de la vie qu'ils menaient tous les deux. Comment pouvait-il dire une chose pareille ? Pourtant il n'y existait pas autre chose qui l'intéresse au monde que lui. Elle ne cessait de faire des soucis pour que tout aille pour le mieux dans leur vie conjugale. Elle reconnaît qu'il s'occupait d'elle comme personne d'autre ne l'avait jamais fait auparavant, qu'il faisait de son mieux pour rendre sa vie agréable, que ses attentions sur son état de santé étaient les marques d'attention suffisantes qui prouvaient son amour, sa passion pour elle. Ils avaient l'habitude de se confier à l'un l'autre de tout ce qui leur pesait sur le cœur sans aucune réserve et en toute franchise. Jamais personne n'avait une seul fois décelé ni de l'hypocrisie ni de faiblesse dans les sentiments de l'autre. Pourtant ils avaient traversé de rudes épreuves pour découvrir ces sentiments profonds ancrés au fond de leur cœur. Il ne leur a pas été difficile à se comprendre après avoir passé ensemble ces quelques années qui leur avaient permis de déployer plus de vigueurs qu'il ne leur fallait pour surmonter des pentes difficiles avant de goûter à la fraîcheur de l'existence, avant de ressentir une fois de plus la joie, la gaieté, avant que naissait l'espoir, que se dissipent les doutes, les incertitudes bien qu'en des multiples occasions tristesse et désespoir venaient ternir une vie qui ne faisait que commencer. Le jugement qu'ils ne faisaient que formuler à tort et à travers sur le comportement de leur conjoint ne pourrait apporter dans leur existence que des nuages qui ne se dissiperaient pas sitôt et qui pouvaient provoquer une tempête au fond de ce petit cœur fragile. Les dégâts constatés suite à de telles sautes d'humeurs eurent toujours des effets néfastes qui ne sont jamais bons de garder dans le souvenir. "Tu ne pourras jamais comprendre le rôle que tu joues dans ma vie," songea Véronique en regardant la photo encadrée de son amant Frédéric posée sur son chevet, "je n'ai d'autres passions que toi et si tu savais combien je suis comblée par cette nouvelle vie que tu me permets de découvrir malgré les nombreuses difficultés que nous rencontrions. Ce qui importe le plus pour moi c'est de nous trouver ensemble et de déguster cette vie d'une manière différente." Elle se sentait tellement heureuse de l'immensité de cet amour que son amant éprouvait pour elle. Elle était tellement contente qu'elle ne pouvait, en esquissant un sourire, imaginer combien elle-même nourrissait une passion brûlante pour cet homme qu'elle souhaitait aimer jusqu'aux ses derniers jours.

Tard dans la nuit noire, affreuse et effrayante par les constants grondements de tonnerre et des éclairs vivaces, Frédéric rentrait enfin à la maison. Entraînant dans ses bottes mouillées une épaisse couche de boue, il alla d'abord se déchausser dans la buanderie avant de se débarrasser de son imperméable et de changer de vêtement. Il se précipitait ensuite dans la chambre à coucher où Véronique qui ne dormait pas encore l'attendait, assise sur le sofa tout près de la cheminée.

Copyright © Kader Rawat

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UNE FEMME SANS PUDEUR

8 Mai 2020 , Rédigé par Kader Rawat

Ceci est un ouvrage de fiction. Toute ressemblance avec des personnages réels ne peut être que fortuite.

UNE FEMME SANS PUDEUR

 

Installé confortablement dans un fauteuil placé sous un badamier chargé de baies jaunâtres, et entouré de ses enfants assis sur la pelouse et de ses petits-enfants, il en avait six déjà qui courraient dans tous les sens et surveillés par les bonnes, August Fontaine était le plus heureux des hommes en savourant ce moment de réjouissance qui fit dilater son cœur d'une joie indicible et ressentait un plaisir ineffable dans une telle compagnie. Il était quatre heures de l'après-midi et le soleil se montrait de toute sa splendeur dans un ciel dégagé, faisant les habitants du village goûter

 à un temps clément et débonnaire tant convoité et attendu d'une journée de dimanche. Autant leur souhait était de ne pas se cloîtrer à l'intérieur de la maison pendant que l'averse inondait la région autant leur plaisir était à la hauteur de leur espérance quand ils se livraient à cœur joie à de multiples sujets de conversation dont nul ne se rapportait à Frédéric Grondin et à Véronique Hoarau. Le père qui ne souhaitait pas tenir avec ses enfants une conversation traitant d'un sujet si délicat se voyait contraint, avec l'arrivée de quelques amis qu'il fit installer sur des fauteuils apportés à leur intention, d'écouter dans un premier temps les propos qui allaient quelque peu dans ce sens :

— C'est honteux pour une femme qui jouisse d'une si grande popularité, dit Mme Cécile Boyer, de prendre pour amant un homme qui fréquentait sa fille et qui a presque la moitié de son âge.

Mme Cécile qui frisait la quarantaine était la voisine qui fréquentait depuis longtemps la famille Fontaine. Elle avait vu grandir les enfants qui la portaient de grandes estimes tout en sachant qu'elle n'avait d'autre occupation que de s'intéresser à tous les commérages du pays. De forte corpulence, elle menait son mari à la baguette et tout le monde savait que dans sa maison c'était elle qui portait la culotte. Parlant d'un ton qui démontrait son exaspération et sa colère comme si dirait qu'elle était concernée par ce qui se passait dans la vie intime de Mme Véronique Grondin, elle ne mâchait pas ses mots pour la qualifier de femme sans pudeur et sans honte. Les enfants, sachant que son langage était sans retenu et sans ménagement, se levaient les uns après les autres pour aller s'installer un peu plus loin afin de laisser les grandes personnes se débattre sur un sujet d'actualité dans lequel ils n'avaient pas de mots à dire ni de réflexion à faire. Les ombres et la lumière s'alternaient sur la pelouse bien entretenue du jardin et alors que les jeunes se regroupaient sous l'ombre douce des platanes pour jouer au loto les enfants venaient s'installer également pour placer les cartes numérotées et pour aider à couvrir les numéros qu'un des joueurs tirait dans un sac en toile. 86, criait à haute voix Alain.

Entre-temps, dans le groupe des grands, Monsieur August Fontaine s'était redressé dans son fauteuil comme pour dire quelque chose qui lui tenait tellement à cœur. Autour de lui se trouvait déjà quelques personnes du voisinage qui avaient pour habitude de se réunir là chaque dimanche pour passer l'après-midi.

— Le défunt docteur Hoarau a laissé une fortune considérable à sa femme et voilà qu'un intrus qui guettait depuis longtemps cette richesse est parvenue à réaliser un vieux rêve longtemps caressé dans son imagination. Je connais l'époque où il courtisait la demoiselle Hoarau qui n'avait pas voulu de lui. Il s'était lancé, parait-il, dans des affaires hasardeuses pour essayer de conquérir son cœur mais avait failli en laissant des dettes considérables que sa mère n'avait pu combler et avait tombé malade pour ne plus jamais se relever.

— Il avait mené une vie de débauche en Europe, dit Monsieur Gaston Vitry, propriétaire de la maison d'à côté, avait épousé une fille qu'il avait rencontré et séduit pour oublier ses peines et sa déception et qu'il n'avait jamais aimé, qu'il perdit d'ailleurs dans des circonstances qui demeurent jusqu'aujourd'hui obscures.

— Il parait que les enfants sont en brouille avec la mère et qu'ils réclament tous leur héritage, dit Madame Cécile Boyer.

C'est une erreur capitale que de faire alliance avec un étranger qui n'a nullement contribué pour cumuler une telle fortune, dit monsieur August Fontaine, c'est comme se faire dépouiller dans les règles sans tenir compte des conséquences. Les enfants ont absolument raison de ne pas approuver une telle folie de la part de leur mère. Elle a presque perdu la tête pour accepter de vivre à côté d'un homme qui avait les yeux que pour sa fille.

— Pour obéir à son père, dit madame Cécile Boyer, qui vivait ses dernières heures elle avait accepté, parait-il, d'épouser un homme qui a deux fois son âge mais qui possède une immense fortune.

— Mariage de raison, mon cher, dit monsieur Auguste Fontaine, il n'y a que çà aujourd'hui qui prône dans la vie d'un couple. Les amours, les passions, les folies de la jeunesse ne sont que de rêves qui s'évanouissent vite derrière les problèmes de l'existence.

— La mère s'était battue jusqu'à la dernière minute, dit madame Cécile Boyer, pour que ce mariage n'eut pas lieu. Elle comptait retourner sa fille dans l'île pour la marier à ce jeune homme auquel elle avait donné parole et qui avait en quelque sorte conquit leur cœur à toutes les deux. Mais elle aurait céder devant l'insistance de son mari mourant. C'était dans la résignation la plus absolue que la fille convola en justes noces.

— Elle n'a pas fait un mauvais choix, dit monsieur Gaston Vitry en retroussant avec ses doigts ses moustaches qui débordaient de chaque côté de ses joues.

— Elle n'avait pas de choix à faire, dit monsieur Auguste Fontaine, quand le père lui avait imposé ce mariage. Elle n'avait qu'à accepter. Elle n'est pas plus malheureuse pour autant. Nous cherchons tous la sécurité pour nos enfants quoiqu'ils agissent des fois à leur guise sans prendre en compte les conséquences de certains actes.

— Les jeunes ne reconnaissent pas les dangers qui les guettent, dit monsieur Gaston Vitry, pour qu'ils se lancent aveuglement dans des aventures qu'ils croient amusantes. Nous avons toute raison de garder constamment sur eux un œil pour pouvoir intervenir au moment voulu et les empêcher de commettre des bêtises.

— Des bêtises, tu parles, parla madame Cécile Boyer, quand tu vois des grandes personnes déjà mariées et qui ont des grands enfants et même des petits enfants commettre des insanités aux yeux de la société en ignorant toutes les lois morales qui régissent l'existence des gens qu'avons-nous à dire pour essayer de comprendre certaines situations que tout le monde qualifie de perfidie et de fourberie ? Quand je pense à l'audace qu'à eu cette femme d'emmener sous son toit un homme qu'elle n'aurait pas dû, je n'en reviens pas. Et dire que l'image qu'elle avait projetée dans la société au temps où elle vivait encore avec son mari était une image que beaucoup de personnes enviaient. Autant de bonnes paroles prononcées sur elle à l'époque sont aujourd'hui oubliées et elle est comptée parmi les personnes que les gens auraient souhaité le moins rencontrer. Elle ne recevait plus de l'invitation dans la bonne société et à son passage les gens évitaient à l'adresser la parole.

— C'est ce qu'elle mérite après tout pour s'être comportée de cette manière.

— Tout de même, descendre à un tel niveau pour avoir succombé à ses impulsions ! Quelle bassesse ?

— Que voulez-vous ma chère, quand on ne parvient pas à combattre ses propres inclinations, on est souvent victimes de ses actes et l'on paie toujours les conséquences.

— Ce sont les enfants qui accusent les coups les plus durs dans cette affaire. Ils sont pourtant des innocents qui ne sont pour rien dans ce qui est arrivé.

— C'est bien dommage pour eux. Les enfants paient souvent les bêtises des parents. C'est à cela que nous, parents, devrons penser avant de faire n'importe quoi. Nous pouvons le regretter dans le peu de temps qu'il nous reste à vivre.

A cet instant, dans le lointain, le tonnerre grondait et annonçait un mauvais temps qui se préparait. Quelques peu après des lambeaux de nuages s'amoncelaient dans le ciel et le temps s'assombrissait et devenait maussade. Il était temps pour les grandes personnes de se disperser chacun dans leur maison respective et les enfants rentraient à l'intérieur pour préparer les bagages afin de retourner chez eux. Avant la tombée de la nuit ils étaient déjà en voitures qui descendaient les routes sinueuses qui menaient vers le nord alors qu'une pluie battante rendait la visibilité difficile.

Copyright © Kader Rawat

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LES CHARMES DE LA PLAINE

8 Mai 2020 , Rédigé par Kader Rawat

Ceci est un ouvrage de fiction. Toute ressemblance avec des personnages réels ne peut être que fortuite.

 

 

LES CHARMES DE LA PLAINE

 

La nouvelle se répandit vite dans la contrée que la veuve du docteur Hoarau n'avait pas attendue longtemps pour prendre pour amant le prétendant de sa fille, Frédéric Grondin. La plupart de ces gens de la haute société avaient pour habitude de garder un œil vigilent et circonspect sur les personnes ayant atteint un rang qui ne pouvait pas les permettre de vivre dans la discrétion et dont les noms étaient souvent mentionnés lors des conversations livrées au cours d'une soirée qui réunissait notables et érudits.

Parmi ces hommes distingués qu'on pouvait compter sur les doigts dans le village de la Plaine des Palmistes qui regroupait quelques milliers d'habitants à l'époque, se trouvait un certain August Fontaine, veuf déjà depuis plusieurs années et dont la carrière dans la politique l'avait permis de jouir d'une certaine popularité sur laquelle se reposait beaucoup de ses influences pour faire avancer les affaires les plus délicates. Il y va sans dire que pendant son veuvage et à l'époque où Mme Hoarau vivait encore avec son mari, il portait envers elle une certaine admiration qui ne pouvait cacher son envie d'avoir à ses côtés une femme comme telle pour lui bercer pendant les quelques dernières années qu'il lui restait à vivre.

Âgé d'une cinquantaine d'années, il possédait une fortune devenue immense par les biens hérités des parents défunts du côté paternel, maternel et de son épouse, une demoiselle Gontier. L'immense étendue de terre sur laquelle il avait construit une belle maison de style moderne, dans laquelle habitaient quelques années auparavant, ses deux filles, avant qu'elles ne se marient pour laisser un vide qu'il parvenait avec beaucoup de peine à combler, était le seul bien qu'il lui restât et auquel se rattachait toute son histoire. Tous les souvenirs de sa vie, toutes les épreuves de son existence, tout l'amour qu'il aurait pu vouer à des êtres qui lui étaient chers et précieux appartenaient et se limitaient à cette portion de terre de laquelle il ne voulait pas se détacher pour tout l'or du monde. Son univers s'étendait devant lui mais vide de toute espèce humaine qui aurait pu lui procurer cette joie, cet amour tant recherché pour embellir une existence déjà dans son déclin. Les quelques domestiques qui étaient à son service depuis de nombreuses années étaient ses seules compagnes pendant ses heures d'oisiveté de la semaine quand il errait dans son vaste domaine en quête de distraction et de loisir. Il avait pour habitude de marcher le long des sentiers battus en compagnie d'un berger allemand et suivi par un ou deux domestiques qui trimbalaient sur leur dos des gourdes d'eau, un parapluie pour le protéger si le temps se détériorait, ce qui arrive souvent dans les hauts particulièrement pendant la saison chaude.

Mais les éclaircis des après-midis, quand les nuages se dispersaient au-dessus de la tête pour découvrir un pan de ciel bleu tant attendu, étaient toujours une invitation à une promenade qui s'achevait parfois jusqu'à fort tard. Le soleil couche après sept heures et à cet instant les paysages changent de couleur avec les lueurs jaunâtres qui viennent donner une touche supplémentaire à tous les reliefs qui se dessinent au loin et qui charment les regards des admirateurs de la nature grandiose parmi lesquels August Fontaine en faisait partie. Ses enfants, trois fils, tous mariés à des filles de bonnes familles, vivaient avec leur épouse dans les principales villes et occupaient des postes importants dans l'administration et la fonction publique et quatre filles déjà casées par des unions intéressantes à des garçons bien lotis de l'Île. Il n'avait aucun souci à se faire d'eux et après avoir occupé de leur scolarité il avait fait ce qui était en son pouvoir pour les faire obtenir ce qu'ils méritent pour leur assurer l'avenir et une ressource qui pouvait leur permettre de vivre tranquillement sans avoir besoin de faire des soucis financiers. Ainsi, ayant fait son devoir de père responsable et attentionné, il les laissait vivre leur vie comme ils le désiraient. Il est bien évident que tous ses enfants lui rendirent visite les dimanches pour passer ensemble la journée égayée souvent dans l'après-midi par des visites inopinées de quelques amis de passage dans la région, des parents venant des autres villes et villages et des notables du quartier et ils parlaient tous des évènements de la semaine qui avaient retenu l'attention des habitants de la région et même de l'île. Les filles arrivaient tôt dans la matinée avec leur mari, des garçons charmants qui avaient de la manière et gardaient toujours les mêmes marques de respect à leur beau-père et lui portait les mêmes attentions qu'il méritait et qui lui faisait tant plaisir. Les fils et leurs épouses arrivaient un peu plus tard et ils se regroupaient tous dans le jardin ombragé par de grands arbres à hautes futaies et embelli par une variété exceptionnelle de fleurs, de plantes arborescentes dont la plupart étaient plantées par madame Fontaine elle-même le long des allées qui séparaient la pelouse en plusieurs parties triangulaires, et dont la présence se faisait sentir dans ces moments solennels. Sa disparition soudaine après une courte maladie les avait affectés de telle sorte qu'ils auraient dû puiser beaucoup dans cette ressource ancrée dans la nature humaine pour surmonter de telles épreuves. Le souvenir d'une épouse tant aimée et d'une mère tant adorée ne s'efface jamais de la mémoire et bien que le temps ait quelque peu contribuer à atténuer les douleurs qui les faisaient tant de mal, ils gardaient chacun de leur côté, au fond de leur cœur meurtri, le profond chagrin qu'ils n'osaient pas démontrer par peur d'éveiller en l'autre ce même état d'âme qu'ils essayaient de cacher comme ils le pouvaient. Mais pour empêcher l'autre de s'enliser davantage dans la nostalgie d'un temps révolu, chacun faisait de son mieux pour soulever une conversation qui serait capable de distraire l'esprit de l'autre.

Le dimanche qui précédait l'arrivée de madame Véronique Hoarau et de Frédéric Grondin dans le village les conversations qui sortaient de la bouche des uns pour traverser les oreilles des autres n'avaient autre préoccupation que de faire circuler la nouvelle que tous qualifiaient de choquante et d'étonnante. Le but était plus de dramatiser une situation que personne n'était encore en mesure de connaître le fond et la forme. Mais suivant les apparences comme c'était de coutume dans la haute société les histoires racontées sur leur compte allaient bon train quoi que rien ne puisse confirmer les dires et approuver les faits. Les plaisirs que l'on peut tirer à tort et à travers par les propos niais et mesquins à l'encontre des gens qui ne cherchent qu'à vivre paisiblement leur existence démontrent combien la société cache dans son sein des tours qui peuvent faire mal même que l'intention est loin d'en arriver jusque-là. Et si l'on considère l'existence gâchée des autres, la faiblesse de certaine nature, les retombées des circonstances difficiles, une situation qui peut être qualifier de dramatique et bien d'autres cas similaires qui acculent l'être à l'ultime limite du supportable, qui d'autres si ce ne sont pas des gens de ce bas monde pour rendre encore plus difficile la vie de ces malheureux de circonstances qu'un incident de parcours a réduit dans un tel état ? Mais si l'humanité a été conçue pour jouer sa comédie il ne peut exister de moment plus approprié que celui qui accompagne les autres dans leurs malheurs pour lancer les sophismes et les ironies.

Copyright © Kader Rawat

 

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