SENTIMENTAL CONFESSIONS (PEOPLE OF THE COLONY Book...
SENTIMENTAL CONFESSIONS (PEOPLE OF THE COLONY Book 3) by Kader Rawat https://t.co/KFjApT0cye via @amazon
January 18, 2019
DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 4
DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 4
Un extrait de mon autobiographie 'Le bon vieux temps'
« Ce qui nous différencie des autres créatures c’est cette mémoire que nous possédons et que nous avons toute raison de transmettre aux générations futures. »
La télévision ne tarda pas à faire son apparition. Seulement le centre social du village en possédait. Beaucoup de personnes allaient s’installer à l’arrière cour du centre social à attendre l’heure que le responsable allait allumer le poste. Généralement ce ne serait pas avant 18 h. Mais combien de personnes attendaient cet instant pour découvrir les films en noir et blanc et y restaient jusqu’à la fin ?
A cette époque les éventuelles perspectives de développer et de motiver l’imagination étaient quasiment néant. Il n’y existait pratiquement pas grand-chose qui puisse aider à avancer, à progresser de manière à ouvrir les portes de l’avenir.
J’avais très peu de chance de développer mes facultés comme je l’aurais souhaité ou mérité en fonction des efforts que je fournissais. Les cultures, les modes, les coutumes, les traditions sont tous importées et la lenteur des activités me faisait comprendre que pas grand-chose pourrait être accomplie dans ce milieu. Je vivais dans une société encore en voie de dévéloppement. Les grandes activités qui faisaient avancer le monde se passaient ailleurs. J’étais encore trop naïf pour le savoir et je m’accrochais à l’existence comme je pouvais en ayant la sensation d’être satisfait sans jamais le démontrer. Dans un tel milieu il était difficile de nourrir de grandes ambitions, de nous inciter au progrès, de fournir de grands efforts pour mener notre vie. Nous nous contentions de ce que nous avions avec notre esprit pauvre comme l’était notre condition de vie.
Etait-ce naturel que l’esprit des gens du village demeure infertile au point à limiter leur monde et à les faire ignorer les frontières qui pouvaient les montrer des nouveaux horizons ? Les gens donnaient l’impression de tourner de la même façon et de se diriger dans la même direction sans aucun contrôle. Chacun se débattait comme il pouvait pour s’occuper de sa famille et gagnait si peu dans des travaux durs qu’ils se trouvaient tout le temps suffoqués des problèmes de tout genre qu’ils pouvaient à peine envisager des quelconques projets d’avenir.
Je faisais parti de ce cocon. Je me souviens des fois que je me rendis au Centre Social de mon village les après-midis pour regarder les films de l’époque. Quand nous eûmes notre poste de télévision chez nous plus tard je passais mon temps devant l’écran et y restais jusqu’à fort tard le soir. C’était une façon pour moi de m’instruire, de me cultiver pour me faire une idée différente de ce monde. C’était un luxe que d’avoir chez soi un tel matériel. J’ignorais de quelle manière mes parents l’avaient obtenu mais je savais que mon père, par le biais de ses activités commerciales, faisait des relations. J’avais intérêt à l’époque de bien partager mon temps entre mes études et mes distractions.
A l’approche des examens de fin d’année je bossais durement et regardais moins la télévision. Les dimanches je me rendais dans la capitale pour passer toute l’après-midi dans une salle de cinéma enfumée à regarder trois films d’affilé. En quittant la salle comme un effaré je risquais de rater le dernier bus en partance vers mon village. Je courais comme un éperdu dans les labyrinthes des rues de la ville pour joindre la gare du front de mer où le chauffeur du bus attendait les derniers arrivés.
Dans les occasions de cérémonies religieuses chacun se cantonnait au sein de leur communauté pour la célébration. Notre société nous permettait de renforcer notre foi de quelque façon que nous voulions.
DE SI LOINTAINS SOUVENIRS 3
SOUVENIRS ET ANECDOTES
SOUVENIRS ET ANECDOTES
Le collège que je fréquentais était situé à environ un mile de distance de ma demeure et pour s’y rendre j’évitais souvent la route royale pour prendre des raccourcies en traversant le jardin botanique par des passages connus de moi et des habitués de mon village. C’était comme une ballade matinale qui me procurait autant de joies que de distractions. La surveillance était sévère et les gardiens se trouvaient partout mais je savais comment les éviter. Au fait ce n’était pas le chemin que les écoliers devaient emprunter pour se rendre dans leurs établissements. Pourtant combien de fois, malgré ma prudence, ne m’étais-je pas fait interpeller par un de ces agents qui me réprimandaient et me donnaient des avertissements en me menaçant d’aller faire des rapports sur mon compte auprès de mes parents qu’ils connaissaient bien d’ailleurs et également auprès de la direction de mon établissement scolaire. Je ne cessais de leur demander pardon et de jurer que je n’allais plus recommencer en sachant que je n’allais pas tenir mes promesses. J’aimais trop ce jardin pour m’en passer et l’on me faisait beau comprendre que je devais y accéder par la porte principale qui se trouvait à l’autre extrémité je continuais à faire la sourde oreille.
Au collège je me familiarisais en peu de temps avec les élèves de ma classe et de l’établissement, toutes issues de familles modestes qui habitaient dans les villes et villages de proximité. Je m’étais même fait remarquer par quelques professeurs qui semblaient m’apprécier et m’estimer. C’était pour moi de l’encouragement. Je suivais leurs cours avec intérêt dans une classe peu nombreuse et mal éclairée. Pendant que je faisais des progrès dans mes études, je commençais à faire des préférences à des matières dans lesquelles je me débrouillais bien. L’enseignement se faisait dans la langue anglaise sauf le français. Je me passionnais beaucoup pour l’histoire et la littérature. Nous étudions l’histoire de la Grande Bretagne de 1066 à 1485. Une époque que nous devrions connaître pour les examens de la fin d’année. Nous étudions les grands dramaturges, poètes et romanciers anglais : Shakespeare, Byron, Browning, Shelley, Dickens, Brontë etc. Comment ne pas connaître Romeo et Juliette, Macbeth, Tempête, David Copperfield, Jane Eyre.
Entretemps, dans mon village les mœurs commençaient à évoluer. Après les études et le travail les gens avaient besoin de se distraire. Nous étions à cette époque où l’on découvrait des nouvelles technologies qui prenaient place dans la société et incitaient les gens à changer leur mode de vie. Des projections des films se faisaient souvent dans le village auprès d’un dispensaire à la tombée de la nuit ou d’un centre social. Les gens étaient avertis dans la journée par un véhicule annonçant à haute voix l’évènement. Les gens se regroupaient tôt pour voir des projections des films documentaires et d’actualités. Ces animations étaient appréciées par une foule de gens qui venaient de partout. Tout le monde était content en se rendant chez eux après la projection qui terminait parfois tard le soir.
©Kader Rawat
L'énigme autour d'un meurtre

Toute ressemblance avec des personnages réels ne peut être que fortuite.
Au petit matin, par un temps froid et glacial, du côté de l'étang, au bas de la colline, tout près du vieux moulin, les aboiements constants d'une meute de chiens indiquaient que la force de police ratissait la campagne pour traquer les présumés criminels. Les traces des pas, encore toutes fraîches, retrouvées autour de la maison, indiquaient qu'il était fort probable que plusieurs personnes étaient impliquées dans cette affaire. Suite aux dénonciations de quelques villageois qui s'étaient donnés la peine de recueillir des précieuses informations qui pourraient aider la justice de mettre enfin la main sur ceux qui étaient soupçonnés d'avoir commis ce crime odieux qui avait mis dans la consternation tous les gens du village, dans le courant de la même journée, la nouvelle se répandit que l'un des assassins avait été capturé et écroué dans la prison de Saint-Paul. Il s'agissait bien de Fabien Deschamps. Il n'avait pas opposé de résistance quand les gendarmes avaient cerné l'étang et le moulin. Il s'était rendu, faible pour n'avoir pas mangé pendant des jours. Jean-Régis Picard, la victime, était un homme d'une cinquantaine d'années qui était venu s'établir dans le village quelques années avant qu'il ne fut trouvé mort de plusieurs coups de couteau devant sa case. Tous les gens du village se rappelaient de son arrivée dans une charrette bringuebalante, à peine chargée de quelques malles comme tout équipement, pour s'installer définitivement dans la région. La vieille maison, longtemps restée inoccupée, battue par le vent et détériorée par le temps, qu'il était venu habiter et qui était logée au fond d'une végétation dense qui rendait l'atmosphère du lieu sinistre et effroyable, appartenait à son père qui la lui avait léguée à sa mort dix années de cela. Aristide Picard, le père, était un ancien esclave devenu marron avant que l'abolition ne fût proclamée. L'histoire de cette famille ne fut mise au grand jour qu'après des minutieuses investigations, des interrogatoires, des enquêtes, des recherches menées par le commissaire Dupré et ses hommes qui établissaient sur cette affaire de meurtre des rapports bien ficelés qui contenaient des informations précieuses ayant de liens directs avec l'assassinat et la disparition d'autres personnes du village et des alentours. Les témoignages recueillis auprès des villageois avaient tout simplement aidé à établir le fait que Jean-Régis Picard était un homme qui menait une existence paisible au fond de sa maison entièrement mise en état et solidement conditionnée depuis son arrivée et dont il avait aménagé une partie en atelier de cordonnerie pour lui permettre de grignoter les longues heures de solitude de ses vieux jours.
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L'énigme autour d'un meurtre 2
Toute ressemblance avec des personnages réels ne peut être que fortuite.
Ce métier de cordonnier, il l'avait appris dès son très jeune âge quand il vivait dans le cirque de Mafate où il avait passé une grande partie de son existence sans exercer autre activité que de fabriquer et de réparer les souliers et les savates d’habitants de la contrée. Il avait même inventé des modèles de chaussures adaptés à tout terrain et appropriés à des activités particulières. Il utilisait le bois de lilas, un bois léger, facile à ciseler et à façonner pour donner la forme des galoches; avec la peau de gibiers, tendue et séchée au soleil, qu'il rajustait à ces bois travaillés il fabriquait des savates, des sabots, des souliers de toutes tailles et de différents modèles. Dans son atelier qui donnait sur un sentier emprunté par les villageois, une riche collection de toutes ses œuvres exposées sur des étagères en bois faisait le bonheur de nombreux clients qui lui en achetaient en grande quantité. Le soir, après une journée de travail acharné, il n'avait qu'une passion; c'était de prendre quelques gorgées de rhum avant de monter au lit, et cela pour lui permettre d'avoir un bon sommeil. Une ou deux fois par mois une jeune fille d'une vingtaine d'année qui habitait la ville de Saint-Paul lui rendit visite dans sa maison et lui avait même amené un petit chien pour lui tenir compagnie. Mais il n'en avait pas voulu pour éviter d'avoir une bouche de plus à nourrir, ce qui démontrait en quelque sorte à quels degrés il était avare. Pourtant dans ce petit coin retiré, ce chien lui aurait été d'une grande utilité et l'aurait peut-être averti des dangers qui le menaçaient. Sa présence dans la région avait tout de même fait circuler le bruit, pendant un certain temps, qu'il possédait une immense richesse qu'il avait caché quelque part dans sa propriété étendue d'une vingtaine d'hectares de forêt encore en friche.
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L'énigme autour d'un meurtre 3
Toute ressemblance avec des personnages réels ne peut être que fortuite.
Au fait, les noirs marrons étaient bien connus pour avoir, dans le temps, attaqué, volé, pillé, saccagé et même brûlé les maisons des gens riches qui vivaient dans des grands domaines. Aristide Picard avait eu plusieurs démêlés avec la justice, était impliqué dans nombreuses affaires sordides qui défrayaient la chronique mais, comme il avait toutes les fois un alibi il parvenait avec ruses à s'échapper du joug de la justice. Et, étant donné que les auteurs et les principaux complices furent capturés, arrêtés, condamnés et certains même exécutés, les butins dont ils étaient peu à connaître la cachette lui revenaient à lui tout seul. C'était à son fils Jean-Régis qu'il confiait tout ce trésor. De son mariage avec une esclave comme lui étaient nés un garçon, Jean-Régis, et cinq filles, toutes mariées et vivaient avec leur mari quelque part dans l'île. Ce fils, tant admiré, tant estimé et tant aimé par son père pour son intelligence ne cachait pas tous ces trésors dans une seule place. Il les dissimulait dans plusieurs repaires dont lui seul connaissait l'endroit. Ils auraient dû attendre plusieurs années, quand les lois auraient changées et quand tous les événements oubliés et quand ils s'étaient rassurés qu'aucun soupçon ne leurs seraient porté, pour utiliser une partie du butin pour acheter quelques propriétés dans des régions où personne ne pouvait savoir qui étaient les propriétaires. Pour cela, le père et le fils n'avaient qu'à prendre contact avec quelques notaires des principales villes pour faire rédiger l'acte et faire acquisition des propriétés sans avoir même besoin de visiter les lieux. Jean-Régis Picard se cachait derrière ce métier de cordonnier en ignorant qu'après avoir passé plusieurs années à croupir en prison, certains complices qui avaient été épargnés de l'exécution, trouvèrent la liberté et allèrent chercher leur dû. En constatant que la personne concernée n'y était plus, ils n'avaient qu'à chercher plus loin pour découvrir que personne d'autre que le fils pourrait bénéficier de tout ce qui revenait au père. Jean-Régis Picard n'avait même pas eu le temps de jouir de toute cette richesse que sa vie s'acheva d'une manière dramatique et maintenant, à savoir qu'un innocent dont le nom était Fabien Deschamps allait payer pour le coupable en endossant dans son mutisme le crime était une question que beaucoup de gens du village commençaient à se poser.
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L'énigme autour d'un meurtre 4
Toute ressemblance avec des personnages réels ne peut être que fortuite.
La nouvelle se répandit bien au delà de ce village et circulait dans toute l'île. Tout le monde que cette affaire intéressait, cherchait à comprendre les raisons et suivait le dénouement qui prenait une tournure particulière et un caractère si complexe que l'enquête progressait difficilement, et était remplie d'énigmes par d'étranges et de surprenantes révélations. Yvette fut consternée par la nouvelle et, dans l'après-midi elle se rendit au commissariat pour essayer de comprendre ce qui se passait et pour rencontrer Fabien si c'était possible avant qu'il ne soit transféré à la prison de Saint-Pierre. Elle ne put obtenir de lui aucun aveu dans le peu de temps qu'elle avait pu lui voir derrière les barreaux en présence d'un policier. Elle retournait à la maison découragée, déçue, désemparée; elle était persuadée que son frère qui n'avait fait que baisser la tête était coupable et que personne ne pouvait rien pour lui. Ou voulait-il garder le silence pour en finir une fois pour toute avec la vie? Si telle était sa décision pour s'échapper à la honte dont il était couverte depuis qu'il avait tenté, dans son état d'ébriété, de violer une femme et de l'humiliation dont il subissait, il ne pourrait trouver meilleure occasion de mettre un terme à ses jours en laissant derrière lui un nom dont l'histoire s'en souviendra. Mais n'existait-il pas un moyen afin de le raisonner pour qu’il puisse avoir au moins le courage de dire qu'il était innocent? Comment faire pour arracher de sa bouche ce seul mot qui pourrait dévoiler le secret de son cœur et qui suffisait pour faire étinceler dans l'esprit de tous ceux qui voulait le sauver cette lueur d'espoir tant attendue?
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A love of youth (A Y https://t.co/x6gqOANO2F
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July 13, 2018
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Un regard sur l'avenir https://t.co/GQRZCyidCe
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July 06, 2018
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Un regard sur l'avenir - MES ACTIVITES LITTERAIRES, ECRITS ET PUBLICATIONS.
Scènes de la vie rurale Ceci est un produit de l'imagination.. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé n'est que pure coïncidence. Un regard sur l'avenir André, l'amoureux d'Yvette, avait disparu sans donner de ses nouvelles....
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Un regard sur l'avenir

Scènes de la vie rurale
Ceci est un produit de l’imagination..
Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé n’est que pure coïncidence.
Un regard sur l'avenir
André, l'amoureux d'Yvette, avait disparu sans donner de ses nouvelles. Pourquoi? Il n'y avait pas de moyens qu'il n'avait pas cherchés pour démontrer, pour justifier, pour définir, pour prouver en quelque sorte ce sentiment qu'il concevait pour elle dans le plus noir recoin de son cœur. Elle ne pouvait ignorer toutes ces réalités et ne pouvait pas faire semblant de ne pas apercevoir se manifester autant d'intérêts qu'il avait maintes fois éprouvés à son égard. N'avait-il pas pris l'habitude de l'appeler mon amour, ma déesse, ma lumière, mon infinie et de lui découvrir son cœur qu'elle n'avait pas voulu comprendre, un cœur qui n'avait pas cessé de battre pour elle. N'avait-il pas avoué son profond amour pour elle dans les recoins les plus reculés, les plus profonds de son âme? Il avait pendant longtemps supporté ce silence qu'elle avait gardé et qui gâchait leur relation, la rendre amère, désagréable, intolérable. Elle manquait du courage, s'était enfermée dans la chambre obscure, s'était réfugiée dans les ténèbres qui avaient la puissance d'affecter la vie, de faire surgir de l'esprit affaibli des imaginations ignobles, des séquences mesquines, et des apparitions effroyables. Il s'était présenté devant elle pour livrer son cœur meurtri par la souffrance. Elle s'était accroupie au fond de la pièce, bouclant portes et fenêtres, refusant toutes communications, ne voulant même plus regarder la nature qui la rappelait Dieu sait quelle abomination. Elle refusait de voir la lumière du jour qui semblait invoquer sur elle la malédiction. Elle fuyait les gens qui étaient devenus pour elle des ennemis immortels.
Il ne la voyait pas pendant plusieurs jours qui étaient pour lui durs, pénibles. Combien de temps encore espérait-elle prolonger cette séquestration injuste, cruelle? Il se réfugiait dans la patience et attendait passer ce moment de perturbation, de désordre, de colère. Il réfléchissait sur la vie qu'ils avaient menée ensemble ce dernier temps et jetait un regard sur l'avenir qui les attendait en gardant l'espoir qu'elle se montrerait comme avant, qu'elle commencerait à vivre normalement et qu'ils se retrouveraient une fois de plus ensemble. De quelle faute était-il puni? S'il fallait recommencer à vivre d'une manière différente, avec plus de prudence, ordonnée, selon le désir de l'autre, il était prêt à accepter toutes les conditions mais, par pitié, épargne lui de tel châtiment. Il s'était mis à genoux derrière la porte comme auprès d'un autel pour se confesser afin qu'Yvette puisse s'émouvoir et fit un geste d'encouragement. Il la rappelait de la liberté avec laquelle ils se promenaient dans le bois, courraient dans la prairie, escaladaient les collines, marchaient au bord des ruisseaux, se cachaient dans des buissons, jouaient sur l'herbes, se réfugiaient dans les granges, derrière les murs, dans les caves, les creux, le grenier. Où étaient passés ces moments si merveilleux? Dans tous ces élans ne s'étaient-ils pas permis des petites caresses sincères et significatives? N'avaient-ils pas échangé des baisers fougueux? Qui aurait pu soupçonner, deviner qu'ils s'amusaient à ces jeux dangereux, interdits qui prenaient des dimensions inimaginables? Mais qui les aurait aperçus se donnant au spectacle défiant toutes les lois de la moralité pour aller colporter la nouvelle auprès des personnes responsables pour surveiller la conscience des gens du village, pour veiller à ce que personne ne se déviait du droit chemin et même pour aller rapporter le fait au prêtre du canton qui se rendit dans la maison de Mme Deschamps pour passer toute la matinée à sermonner la fille et la mettre en garde de ses actes et de son comportement contraire aux préceptes de l'église? Avait-il arraché de la fille la promesse de ne plus jamais revoir le jeune homme si elle voulait éviter que la malédiction ne frappât davantage la famille qui supportait l'épreuve déjà d'énormes difficultés? Était-ce pour se protéger de la colère divine, pour sauver une vie qui ne tenait qu'à un bout de fil, pour éloigner toutes calamités qui menaçaient la famille, pour épargner les autres membres d'être victimes de la malédiction que la fille donnait sa parole, fit le grand serment, l'ultime promesse de ne plus jamais se tremper dans le péché véniel? A la recherche de ce pardon au prix de si grand sacrifice, la fille avait-elle accepté d'expier ses fautes en prenant des initiatives rigoureuses que l'amoureux ne pouvait comprendre?
Au départ du prêtre, elle s'était métamorphosée et ne voulait plus regarder son bien-aimé. Elle éprouvait une crainte terrible en le voyant approcher de la maison. Elle le fuyait comme si dirait qu'il allait la causer le plus grand mal, lui qui voulait tant son bien, qui voulait la rendre heureuse. Elle l'évitait à tel point qu'il ne pouvait s'empêcher d'imaginer les torts qu'il avait causés pour constater un tel changement d'attitude. Elle était devenue tellement farouche qu'il voyait croître en lui l'ardent désir de se rapprocher davantage d'elle pour connaître les raisons d'un tel comportement. Il ne parvenait pas à supporter un tel silence de sa part. Il la trouvait trop éveillée, trop intelligente pour ne pas prendre conscience de ses actes. Elle était de plus jeune, belle, charmante, gracieuse pour se réfugier dans la pénombre d'une chambre exiguë. Était-ce pour lui châtier? Il se sentait fautif d'avoir éveillé en elle les instincts de l'amour. Était-il la cause de tous ces rancœurs? Il ne cessait pas de la rappeler qu'il l'aimait, qu'il l'adorait. Était-ce possible qu'il était devenu un monstre à ses yeux? Qu'avait-il fait pour subir un tel supplice, une telle cruauté? Elle le repoussait avec de telle véhémence qu'il commençait par réaliser combien il devait l'inspirer de la répugnance, du dédain, du mépris.
Il avait tout fait pour se renouer à elle. Ils étaient des inséparables et ne pouvaient se passer l'un de l'autre à tout moment de la journée et même des fois de la nuit quand il s'allongeait auprès d'elle sur le même lit tandis qu'à côté la mère poussait des gémissements de douleurs. Était-ce là le péché, de ne plus distinguer le bien du mal? Ils étaient maintenant séparés par un rempart. Aucune voix n'était accessible pour atteindre l'autre. Elle ne voulait rien entendre, n'essayait pas de comprendre ce qu'il avait tenté plusieurs fois d'expliquer. Il était accaparé par des douleurs qui lui faisaient souffrir atrocement et avait voulu chercher refuge auprès d'elle. Ses facultés commençaient par s'affaiblir par cette séparation injuste et inexplicable. Sa passion pour elle était plus forte que tout raisonnement. Il ne voulait plus rien comprendre. Il reconnaissait l'empire qu'elle exerçait sur lui. II attendait comme un animal abattu, méprisé, par un temps affreux, qu'elle se montrât à lui, qu'elle se présentât devant lui pour lui soulager le cœur, pour lui rassurer, pour lui panser la blessure profonde qu'il s'était faite en se heurtant à son indifférence totale à son égard. Il n'avait pu supporter de vivre ainsi pour longtemps et avait disparu dans la nature. Personne ne savait où il se cachait, s'il était encore vivant. Yvette se desséchait au fond de sa chambre. Elle était méconnaissable quand elle se montrât bien après dans la lueur du jour. Elle n'avait fait que pleurer tout ce temps un amour qu'elle avait repoussé de toutes ses vigueurs et aurait pu se donner la mort si elle n'avait pas sa mère à s'occuper et à prendre soin.
© Kader Rawat
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Un spectacle ahurissant

Scènes de la vie rurale
Ceci est un produit de l’imagination..
Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé n’est que pure coïncidence.
Un spectacle ahurissant
Après de vaines recherches sur les sentiers qui menaient vers Bel-Air, André descendit jusqu'au cimetière le Guillaume, passait par le chemin Summer et continuait sa route vers les écarts. En quittant le chemin de Sans Souci pour se diriger vers le captage des Orangers il aperçut, tout près de l'usine à cannes tombé en ruine, une silhouette qui se dirigeait vers une vieille cheminée. En se rapprochant de cette masse informe, ravagée par le temps et recouverte d'une couche abondante de liannes et de plantes grimpantes, André avait perdu de vue l'homme qu'il était venu chercher. Ses regards scrutaient les moindres vestiges de cet édifice terne et langoureux. Le lieu était réduit à jamais au silence. Il était vaincu par le malheureux sort de l'histoire et rappelait l'existence des hommes qui y ont vécu. Chaque pierre ciselée, incrustée et sellée par la chaux et le mortier, chaque objet de métaux aux formes géométriques, chaque pièce de bois servant de poutre ou de colonne, chaque signe était devenu patrimoine de l'île et avait une valeur culturelle telle que seuls les regards avisés pouvaient reconnaître. Abandonné par les anciens colons un demi-siècle auparavant, quand l'esclavage arrivait à son terme, les gibiers en avaient fait de ce moulin à cannes un repaire de prédilection, les pêcheurs de l'étang allaient s'y abriter le soir en faisant griller sous un feu de bois des tilapias, les chasseurs aussi se réfugiaient entre ces quatre mûrs froides et lugubres que les brouillards enveloppent de son épais manteau des fois l'hiver. Mais le climat doux de l'été, quand le soleil couche tard et se lève tôt, invite nombreux aventuriers et randonneurs, équipés des sacs à dos remplis des attirails et des victuailles, dans ces lieux charmants et agréables que les chants des hirondelles, des cardinaux, des martins, des serins et des moineaux retentissaient jusque dans le lointain. Quelques lithographies de Roussin dont l'inspiration avait été tirée par la beauté sauvage du site ont à jamais immortalisé des scènes pittoresques, dévoilant des séquences de la vie d'autrefois avec une précision étonnante. Les peintres vont souvent se ressourcer, s'abreuver, s'inspirer de la magnificence des vues panoramiques qui s'étendent dans la région, et qu'ils tentaient de reproduire avec tout leur talent sur des toiles qu'ils considéraient plus tard comme leur chef-d’œuvre. Les poètes ont leur imagination libérée et leur langue déliée devant un tel spectacle de grandiose et de splendeur. Un promeneur solitaire que la société à répudié, qui était à jamais marqué par les épreuves de la vie, qui menait un combat psychologique contre lui même, qui se trouvait face à un site naturel aussi clément et débonnaire n'avait aucune raison de sombrer dans un état misérable ni de s'apitoyer sur son sort. La nature qui se découvrait avec ses arbres gigantesques plantés par les anciens colons régénérait de l'énergie suffisamment importante pour gonfler le moral, pour redonner force et courage à l'homme, et pour amplifier le cœur d'amour, de sentiment, pour entretenir l'esprit, l'attacher à cette puissance spirituelle et abstraite. C'était à cela que Fabien s'accrochait quand sa mère n'allait plus le voir. Il avait cherché sa mère dans les sentiers qu'elle avait l'habitude d'emprunter pour venir le retrouver. Il avait tout d'abord commencé à nourrir la crainte de découvrir sa mère morte d'épuisement derrière de grands buissons, ou gisant dans le marécage au milieu des joncs, cachée par des papyrus et des songes. Il ne savait pas ce qui s'était passé mais son instinct lui avertissait que quelque chose d'important et même de grave était arrivé à sa famille. Cette nouvelle source d'inquiétude qui repoussa à l'ultime profondeur de sa mémoire ses propres griefs, ses rancœurs et son d'égout envers la société fit surgir de ses raisonnements personnels d'autres pensées prédominantes qui occupaient son esprit susceptible, sa mémoire transformée, ses sentiments fustigés. Il dirigea son attention vers son village dans sa maison où il imaginait que les membres de sa famille, qui comptaient tellement pour lui, étaient peut-être en difficultés et avaient besoin de son aide. Il ne s'était pas trompé. Perché en haut d'un comble dégarni dont le chaume découvrait un ciel azuré il guettait à longueur des journées les moindres mouvements en scrutant chaque recoin avec une minutieuse attention. C'était de cette manière qu'il suivait de ce repaire l'approche d'André, ses démarches pour se rassurer qu'il ne se rendait pas dans la région pour son plaisir mais pour apporter un message, une nouvelle qu'il attendait, qui lui était destinée. Fabien connaissait les moindres recoins de la région pour l'avoir parcourue de long en large depuis son enfance. En compagnie de son père autrefois il ne cessait de recevoir la recommandation de ne pas approcher trop près des précipices. Pendant la période des pluies il lui était strictement interdit de traverser les ravines en crues et de s'aventurer tout près des étendues d'eau formées par des creux naturels et des vases qui représentaient de véritables pièges aux imprudents. Combien d'animaux étaient découverts morts au fond de ces crevasses quand l'eau s'évaporait. C'était un spectacle ahurissant de voir toutes ces créatures victimes du fléau de la nature. Fabien, tout enfant, était surveillé de près par les membres de sa famille parce que des malheurs avaient déjà frappé des familles dont les enfants s'étaient noyés dans des circonstances demeurées encore mystérieuses. Les reliefs de ce paysage aux aspects divers présentaient les vestiges des multiples travaux entrepris par des hommes à l'époque de l'esclavage. Les résultâts de ces travaux se mélangeaient aux décors naturels et inconstants. Des scènes pittoresques se découvraient par des infinis contours, des pentes sinueuses, des montés abruptes. Ils embellissaient une vaste étendue verdoyante et ondulée, décorées par une abondante végétation dont des bambous géants, des variétés de palmiers, et des arbres endémiques et d'autres espèces gigantesques répandues dans la région par l'Intendant Pierre Poivre et les premiers botanistes et agronomes. L'étang qui réceptionnait l'eau des plusieurs sources sortant des hauts gardait pendant les journées chaudes de l'été une fraîcheur qui permettait à Fabien de se reposer tranquillement jusqu'au couché du soleil. C'était là son refuge de prédilection et, le soir, il allait se coucher dans le moulin où il avait déjà préparé sa place dans une des pièces sombres et délabrées. D'habitude Fabien évitait de se découvrir et de se faire remarquer par des gens qui traversaient la région. Il avait le flaire sensible à force de s'habituer à épier, à écouter, à être attentif aux bruits et à tout ce qui bougeait. Pourtant quand André approchait tout près du moulin, Fabien ne se cachait pas. Il attendait au pied de la cheminée haute, à côté d'un amas de pierres taillées envahi par des liannes, en restant sur ses gardes. Soudain comme un éclair, un frisson lui secouait le corps. Était-il venu lui annoncer une mauvaise nouvelle? Était-ce à propos de sa mère? Il regardait l'homme en face pour la première fois depuis ce malheureux incident pour essayer de comprendre avant qu'il ne parle ce qu'il avait à lui dire. André hésitait un peu avant de se diriger dans sa direction. Il ne pouvait pas deviner sa réaction mais il était déterminé. Il était encouragé par le fait d'avoir pu trouver ce qu'il était venu chercher. Il le reconnut par les descriptions qu'Yvette lui avait mainte fois faites quand elle parlait de lui et qui correspondaient de loin à ce qu'il avait imaginé. Il aperçut à son étonnement un homme au visage ahuri dont les traits étaient tirés pour laisser apparaître des pommettes osseuses et saillantes, les yeux cernés, larmoyants, les joues recouvertes d'une barbe naissante, les cheveux ébouriffés et crasseux, la peau tannée, bronzée, brûlée même pour avoir resté trop longtemps sous un soleil ardent, les pieds écorchés, enflés. Les vêtements étaient sales et déchirés. André se tenait à une distance respectable et dit à haute voix: C'est à propos de votre mère. Elle est malade et souhaite vous voir. Fabien n'avait pas prononcé un seul mot tout le long du chemin qu'ils avaient fait ensemble pour se diriger vers la maison pendant qu'il commençait à faire nuit.
© Kader Rawat
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