La colonie lointaine Chapitre 5
Un dimanche matin, en regagnant son village par des raccourcis, Julie éprouvait la crainte de se faire réprimander par son père pour avoir quitté la maison sans donner de ses nouvelles. Pendant toute la semaine la famille s'inquiétait à son sujet. Elle avait confié à son frère Fabien avec lequel elle s'entendait bien qu'elle partait en ville pour chercher du travail. Elle imaginait qu'elle pouvait présenter cela comme une excuse. Tout le long du chemin tortueux et endommagé, Julie éprouvait de la peine. Elle ne connaissait pas bien cette route qu'elle n'avait pas l'habitude d'emprunter quand elle se rendait en ville en compagnie de son père. Quand elle aperçut une charrette à bœuf chargée de diverses marchandises elle décida de trouver une place à l'arrière pour s'asseoir afin de poursuivre sa route sans fournir des efforts. Elle connaissait le charretier pour avoir plusieurs fois croisé son chemin quand il se trouvait dans la région.
Les parents de Julie étaient des gens pauvres qui vivaient dans une vieille case en tôle dans la région qui se nommait le Bois de Nèfles. Les familles qui s'étaient regroupées dans cette contrée menaient une existence paisible et sédentaire. Les gens ne quittaient jamais leur village et s'éloignaient rarement de leur maison. Ils entretenaient de bons rapports et ne se disputaient jamais.
Ils étaient attachés à leur terre et se devaient du respect. Ils apprenaient les nouvelles du monde par des gens qui traversaient la région. Leur soirée était souvent animée par des visites inopinées qui apportaient fraîcheur à leur existence.
Charles Deschamps, le père de Julie, était appuyé contre le rebord d'un puits avec une hache et une meule à aiguiser dans les mains. Il parlait à un étranger qui paraissait fatigué pour avoir parcouru une longue distance. Il ne se donnait pas l'air de quelqu'un du pays. Cela se voyait tout de suite par son allure, ses habits et son langage.
— Ouf! Quelle chaleur! dit l'étranger, j'ai bu tellement d'eau que ma gourde est vide. Pourtant le soleil n'est qu'à mi-hauteur. La journée devait être rude. Ah! Quel beau pays!
— Vous trouvez? C'est très flatteur de votre part. Vous ne devriez pas être depuis longtemps dans l’ile, je suppose?
— En vérité nous sommes arrivés hier, mes amis et moi-même. Ils sont quelque part dans la forêt en train de se reposer. J'ai vu de la fumée et me suis dis que je ferai mieux remplir ma gourde avant de reprendre la route.
— Vous n'avez pas des inquiétudes à vous faire. La région ne manque pas d'eau ni de gibiers. Des habitations sont disséminées un peu partout dans les hauteurs et vous pouvez trouver hospitalités chez des gens. Nous avons la chance de ne pas nous sentir isolés comme ceux qui habitent les cirques. Là-bas, l'accès est difficile, les chemins impraticables et dangereux. Mais dis donc! Qu’est-ce qui vous a amené, aussitôt débarqué, dans cette partie de l’île? Les étrangers passent rarement de ce côté. J'espère que vous avez un guide. Autrement je ne vois pas comment vous allez poursuivre votre chemin.
— Nous sommes déjà prévenus de ce qui nous attend de cette aventure. Nous sommes en compagnie d'une personne qui connaît bien la région. Et nous avons pris nos précautions contre les intempéries et pour nous protéger du froid. Nous voulons visiter le vaste domaine qui appartenait à Madame Desbassyns.
— Ah! Vous devez avoir un sacré courage.
— Mais pourquoi dites-vous cela?
— II parait que cela porte malheur à ceux qui fouillent dans le passé de Mme Desbassyns. Vous devez avoir entendu ce qu'on raconte sur elle.
— Certains disent qu'elle était une femme méchante et qu'elle avait fait des misères à ses esclaves. Ceux qui ont connu Mme Desbassyns racontent qu'elle était une figure remarquable de son époque. Ce n'était qu'après sa mort que le nom de Mme Desbassyns avait pris une dimension mythique et légendaire. Elle représentait le symbole de la richesse et comptait plus de 400 esclaves et domestiques à son service.
— Pourtant ce que nous connaissons de Mme Desbassyns est loin de ce que vous dites. Elle est l'incarnation même du mal et de la méchanceté. Nous ne pouvons pas entendre ce nom sans que nous la donnions l'image d'une diablesse tant elle faisait souffrir ses esclaves de toutes sortes d'atrocités.
— Que les esclaves subissent un sort inimaginable est un fait indéniable mais l'attribuer à une dame qui a fait verser de larmes tant de gens et en particulier ses esclaves eux-mêmes par sa disparition me parait inacceptable dans la mesure où l'on ne pleure pas sur la tombe d'une personne qu'on n'a pas aimée. Je vous dis qu'il y avait des enjeux politiques d'une importance capitale qui avait amené les adversaires de Mme Desbassyns à déformer la vérité, à rassembler bon nombre des sympathisants de l'époque, à détourner l'opinion publique contre elle et la faire endosser les crimes que les autres maîtres avaient commis et qui étaient un secret pour personne. Les gens croyaient tout ce qu'on les racontait. Ils ne se donnaient jamais la peine de vérifier. Mme Desbassyns était devenue en quelque sorte le bouc émissaire de nombreux mécréants. Elle ne mérite pas une place aussi ignoble dans le cœur des gens qu'elle avait tant aimés. Ce serait injuste de ne pas la donner sa vraie valeur. Aujourd'hui ce n'est qu'une question d'opinion."
— Il est difficile de changer l'opinion des gens qui tremblent et qui éprouvent des craintes en entendant le nom de Mme Desbassyns. Je pense qu'on nous a parlé trop de mal de cette femme, pour qu'aujourd'hui nous puissions faire d'elle une image contraire de celle qu'elle mérite. Ensuite le temps a contribué à repousser Mme Desbassyns dans le rang des charlatans et des scélérates. Je trouve cela dommage qu'elle fut réduite de si peu de chose aux yeux d'un peuple pour lequel elle avait beaucoup contribué de par le fait qu'elle tenait elle-même pendant des années leur destinée en main. Vous avez éclairé en moi une bonne partie de l'obscure opinion que j'avais de Mme Desbassyns. Mais de quelle source vous tenez tous ces renseignements pour me parler avec autant d'assurance? Vous défendez les causes de Mme Desbassyns comme si vous la connaissiez mieux que quiconque. Avez vous un quelconque lien de parenté avec elle ou êtes-vous un érudit qui étudie les personnages marqués par l'histoire et remonte souvent le temps en quête de vérité? En tout cas c'est un plaisir pour moi d'apprendre ce que vous venez de me raconter. Je me ferai un devoir de le partager à ceux qui veulent m'écouter.
— Je suis historien. Cette visite consiste à découvrir les lieux où Mme Desbassyns a vécu. L'essentiel est de croire en ce qui est vrai. Je suis convaincu que Mme Desbassyns ne vous fait pas autant peur comme quand vous ignorez ce qu'elle était vraiment. J'ai eu beaucoup de plaisir de vous parler et je suis content que vous m'ayez écouté avec intérêt. Je dois maintenant aller joindre mes amis qui doivent s'inquiéter de mon retard.
— Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas.
— Merci pour tout et au revoir.
— Au revoir et soyez prudent.
Of love and feelings : from husband to wife : Two
Of love and feelings
From husband to wife
Two
So many days have elapsed; so many years have passed so quickly since we have known each other. We are both approaching this fatal old age where we have nothing to hope if not waiting our lives to come to an end. A life that we must fill with wealth in our feelings, wealth in the commitment, in the passion, in the dedication, in fidelity, wealth in the search of each other, in the amplification of a love that, in most cases, tends to decrease in intensity, to deteriorate to make us, at last, feel a certain indifference to each other when we can no more accept the other by her or his side. What is important for me in the future is to save this feverish feeling which is decreasing while time passes by.
I do not want to have a future of grandiose, of luxury, of exuberance, nor of wealth with a heart empty of any feeling, corrupted by the facilities that life offers to us and spoil by the links that we should accept while enduring a life of debauchery that many people take pleasure to conduct. I hope for a comfortable life where many opportunities will be given to us to find ourselves together in order to fulfill this existence next to the other, faithful companion of an existence which has no renewal.
Once the life is complete, there is nothing left at the back than a low smoke that will dissipate very soon. The real wealth on earth is life itself. All other things are only optional. In seeking sometimes to do too much you can only spoil an entire life. Fortunately, we are not of this type of people who are thirsty of wealth, fortune, earnings, and who are ready to do anything to accomplish their dream.
I think that we are living a life, if not exceptional, at least exemplary, by the manner in which we behave ourselves toward the society and particularly toward the family. You know very well the breach that I have always tried to keep in the links that we should have with the family. This breach, if I wish it, is to bring a good family harmony, where there exists neither jealousy nor hatred, or envy, or disagreement. I have always had respect for the family, regardless to any social condition. I have always tried to understand their situation despite that it is not easy to understand mine, but I have never ceased to ask myself the question if the family at least tried to understand ours. I think that the best way to live is to live on our own interests. Up to now we have not done it. There is in the world so much injustice that it is neither pleasant nor tolerable to be dupe. I think that we have the virtues which give us the courage to deploy our forces to the benefits of others. God is just. I know that we will be rewarded one day. I also know that God would protect us, because we are not that kind of person who fled their responsibilities. We keep no grudge, nor are we trying to cause harm to others by the way we try to lead our life.
As we wish it, maybe it is too much to say. Instead, I will almost say that we conduct our lives as we had to. I also wish that you stay at home, you prepare the meals, wait for me, that you make yourself beautiful, that you rested, that you have more time to think of me. But I am afraid that you shall not adapt yourself to this kind of life. The time you spend to wait would be so long that you can quickly feel tired. You are accustomed now to a life full of events and this will cause a handicap to you. And then the fact that you have nothing to do would make you nervous, jealous and all a mixture of unpleasant and difficult character. It would be appropriate that we have an activity belonging to us, which we can manage as we wish and which will be our principal concern in our life and for our future. If God wants, a day our wishes will be realized. I also wish a child who could perhaps follow the task we have begun. I would like that you consult a doctor to be sure of your health. I am definitely touched by the feelings you shown to me with frankness in the way you talk to me last time. I am thankful to you and would like to see this love that you have for me intensified and grow over the years.
I believe so much in what you say to me that I will have no courage to cause any wrong to you and not to act the way you wish. I would love you as much as you love me, even more to reward you of the warm love you have for me. I have had no other choice but to love you, only you till my death.
Of Love and feelings : From wife to husband : One
Of Love and feelings
From wife to husband
One
After having taken an abrupt decision, I take once more my pen, wishing that it will last as long as we live together, describing the various ups and downs of our common life. During this lengthy correspondence which will last, if God wants, up to our old age, I hope that there is in these letters our thoughts kept at the bottom of our hearts, because I have always known that, since we lived together, you don't tell me all you think of me and of our lives. I am sure that you believe that I do not know you enough, but, on the contrary, I can read clearly within your deep thought. What I seek through these lines is to try to find a man who is frank next to me and who said the truths in face without torturing himself by keeping silence. I know you well enough, and even very well, to guess what you have in the bottom of your heart. During the last week, I was filled with joys.
This time, a cold draws itself up as an absolute wall between us. I hope it will soon dissipate. I want to have a proof of your love for me and also of your sincerity. On my side, you know very well the greatness of my love for you. I can shout, if necessary, how much I love you. This is the intense love that I have for you, and which create my fierce jealousy. I have said over and over, the day I will no longer be jealous, I think it will also be the end of my love. I want you to belong only to me. I may even put a plate "private property, defense to touch! That makes you laugh. I have in myself this powerful love. I will always fight that you have eyes only for me. I will do everything in my power that it would always be likewise.
Love and feeling : From husband to wife : One
I start here a topic which deals with the relationship that exists in a couple's life. In this narrative I will discuss on the links between two persons who have decided to live together. The feelings, the profound and secret thoughts would be revealed during this long period of living together. I invite you to discover them.
K.R
Love and feeling
From husband to wife
One
I think that you are wrong to make such judgment toward me. I am sure that I do not deserve it. You reproach me not to tell you everything I think of you and of our life. How can you say such thing, my love? There is no other thing that interests me in life than you. I have always been anxious for you, for your health and for everything that has link to you. I know myself well enough to say it with frankness, without any hypocrisy. The real feelings, you know, may be discovered after hard trials. It is never easy to understand someone even if you have lived with him or her for years. The feelings which are deployed throughout the existence sometimes offer freshness, hope, joy and sometimes doubts, uncertainties, grief and even despair. The judgments that we can only formulate wrong and through on the behavior of his or her partner without any valid evidence can only bring, to a lifetime, clouds which may not dissipate so soon and which may cause quite a storm inside of this fragile heart that a little nothing accelerate the throbbing and disrupt the mood for an indefinite time. You can’t understand the role you play in my life. I have no other passion than you and our daughter. I don’t care for others. It is important for me to have you by my side. The fact that we are able to be together is a proof that we love each other. I am glad that you reassure me of the greatness of your love for me. Think also that mine is of a dimension which you can’t imagine. I have already said that I have love for you in my heart enough to love you till my last days. There is no doubt at all for it. And I am not in the process of inventing. You can’t perhaps imagine all worries I make for you, for your health, to see you cheerful, lively. What obstacles I do not avoid you to face to have a life which you like, a life you want to conduct properly, and an object you would like to have? I have never wanted to create problem so that you shall not be deprived of anything that you would like to have in life. Moreover, what other pleasure do you think I have if not to feel comfortable with you? There exists in myself nothing that tortures me, nor am I keeping silence on the way we are leading our life, as you claim it in your letter. I think that you imagine too many ideas on my person. I try to ask myself if there is something which torment me in my life. I find absolutely nothing. I have nothing to hide you. Nevertheless for what reason do I hide you things that I believe you have the right to know. You must not worry about this, my love. I have given you the warranty that I have nothing to reproach myself on the feeling that I have for you. The only thing that bothers me is your state of health. I would like that you consult a specialist surgeon to take care of your health. This is the only thing that torments and worries me. I wish also to see you staying at home as you desire. Sometimes I am obsessed to discover how tired you are. You spend too much energy and I am anxious of the wrongs that this could cause to you. You are my only reason to live, my love. Without you what am I on this earth? No faces will be able to looks like yours. No sentiments can argue yours. A whole life lives without you will not give me the same joy as one second spent by your side. Imagined by yourself what you represent for me in my life.
La Colonie Lointaine Chapitre 4
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La Colonie Lointaine
Julie avait fait ses preuves pendant quelques jours et les patrons étaient satisfaits. Elle parvenait sans peine à plaire aux filles et à fasciner les garçons. Elle se trouvait dans une situation qui ne la permettait pas de refuser de rendre service à ses jeunes patrons à longueur des journées. Ils la réclamaient pour faire ceci ou cela dans le but de se familiariser avec elle. Elle se sentait quelque fois gênée et même embarrassée d'apercevoir combien elle incitait la curiosité et l'intérêt de ses petits patrons. Ces garçons étaient encore jeunes; leur esprit était ouvert malgré la rigueur et la sévérité de leur père qui voulait leur préserver de toutes corruptions; ils ne pouvaient ignorer le plaisir qu'ils pouvaient tirer en se rapprochant de cette fille qui accourait à leur moindre appel. Dès leur jeune âge ils étaient poussés par des camarades de l'école, influencés par les relations nouées à des jeunes voyous des bas quartiers et des amis avertis; ils se laissaient entraînés dans des aventures qui leur permettaient de satisfaire leur curiosité et de découvrir la perversité et le vice. Ils s'intéressaient aux filles et cherchaient des moyens pour gagner leur estime. Ils tournaient autour de la nouvelle venue et attendaient le moment pour livrer conversation afin d'en savoir plus sur elle. Elle retrouva la tranquillité en regagnant sa chambre tard le soir. Cela ne l'ennuyait pas vraiment quoiqu'elle préfère la compagnie des jeunes filles. Elle évitait de se familiariser avec les garçons. Elle trouvait toujours un prétexte pour se retirer. Ce n'était pas de son intérêt d'encourager ses jeunes maîtres à jeter leurs dévolus sur elle et à représenter cet objet de désir qui se trouvait là pour corrompre les bonnes mœurs. Pourtant à toute heure de la journée un de ses petits patrons trouvait l'occasion d'arracher quelques mots de sa bouche. Elle devait s'en débarrasser de manière à éviter des désagréments. Elle avait compris que c'était pour s'amuser qu'ils s'intéressaient à elle; pour ne pas leur déplaire elle fit semblant d'entrer dans leur jeu.
La Colonie Lointaine Chapitre 3
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Avant que la lumière du jour ne se pointe à l'horizon, Mr Karim était déjà levé. Il se rendit dans la salle de bain pour faire sa toilette et ses ablutions. II but son café noir que Leila avait coulé la veille et que la bonne avait chauffé dans une casserole, enfila sa chemise blanche, mit son bonnet turc sur la tête, prit la clé du vieux portail suspendue près de la porte en bois et quittait la maison à pied pour se diriger vers la mosquée située à peu de distance. Les rues étaient sombres et désertes.
Les garçons avaient des difficultés à se lever tôt le matin. La veille ils s'étaient couchés tard et le sommeil les accaparait encore. Mme Karim aurait dû les secouer pour qu'ils se dépêchent afin de ne pas perdre l'office du matin. Les filles couchaient dans la chambre contiguë. Les parents préféraient qu'elles soient à côté afin qu'ils puissent jeter un coup d'œil sur elles.
Monsieur Abdul Aziz Karim s'était endurci avec le temps et était un homme sévère. Il élevait lui-même ses enfants, les surveillait, leur donnait de l'éducation, leur apprenait les rudiments de la religion et les corrigeait quand c'était nécessaire. Il était un homme de tempérament, avait des yeux qui brillaient d'intelligence, un front large et luisant, une barbe épaisse qui cachait ses joues larges, des lèvres qui n'étaient pas habituées aux sourires et une corpulence qui représentait bien le patriarche familial. Il avait l'air d'être bien dans sa peau et se cantonnait admirablement dans son rôle de dirigeant. Il avait mené, pour réussir dans le commerce, un long combat pendant des années durant lesquelles il avait connu des hauts et des bas mais s'en était sorti après de durs labeurs et d'incessantes luttes. A cinquante cinq ans il avait acquis toutes les expériences nécessaires pour bien mener ses affaires. Il était rigoureux avec ses employés qui le craignaient et le respectaient. II était aussi un homme bon, avec un cœur généreux. II écoutait les requêtes de ses employés s'ils en avaient, entrait dans leur faiblesse, leur offrit de l'argent quand ils avaient des événements importants à célébrer.
La maison était vaste et les chambres immenses. C'était une bâtisse de la grande époque coloniale. Les toits étaient couverts de tôles ondulées qui avaient remplacé les bardeaux pourris par les intempéries. Les murs étaient repeints en blanc. Le ciment avait remplacé la chaux détachée par le temps. Les portes en bois au rez-de-chaussée étaient refaites et conditionnées de manière à décourager les voleurs. C'était la partie de l'immeuble où Mr Karim exerçait son commerce depuis une trentaine d'années. Les ateliers de menuiserie, de capitonnage et de matelas se trouvaient à l'arrière du bâtiment. Le dépôt de marchandises où les meubles étaient rangés occupait une surface importante au fond de la grande cour qui complétait la propriété.
A l'étage, plusieurs grandes pièces et quelques petites composaient la partie résidentielle de l'immeuble. Nombreux employés étaient au service de Mr Karim pour l'aider dans ses activités commerciales et pour s'occuper de la maison. Une couturière venait confectionner des vêtements pour Mme Karim et les filles. Un chauffeur était à disposition pour déposer les filles à l'école et les ramener, pour faire les courses, pour amener Mme Karim rendre visites à des parents et des amies, pour conduire Mr Karim chez ses fournisseurs, à la banque, chez le notaire et là où il voulait se rendre. Plusieurs employés fabriquaient des meubles, des matelas, des traversins et des oreillers. Ils recouvraient les fauteuils et les sofas, rembourraient les chaises, couvraient les panneaux des lits de la toile de jute, du velours et du tissu. Un chauffeur et trois garçons de magasin s'occupaient des livraisons, de l'installation des meubles, de l'entretien et de la vente. Une cuisinière s'occupait des repas. Trois bonnes étaient en charge de la maison dont l'une était Julie.
De bon matin, la maison était vide; les enfants étaient partis à l'école et les membres de la famille dans leur travail. Mme Karim était assistée par les domestiques pour diriger son ménage. Elle se trouvait à cette heure ci dans la grande salle de prière où personne n'avait le droit de venir la déranger. Elle avait déjà rencontré Julie le matin et lui avait donnée des instructions avant d'aller faire ses prières.
Le calme régnait dans toutes les pièces. Julie se mettait très tôt à la tâche. Les lits étaient déjà faits, les couvertures rangées dans le placard. Les meubles furent époussetés, les miroirs, les bordures en nickelé, les rebords des fenêtres, les encoignures, les bois vernis, les armoires en bois acajou ou teck, les coiffeuses, les bureaux, les bibliothèques, les tables en bois massif, les chaises à pieds retournés, les bahuts, les fauteuils, les sofas, les divans, les vitrines, les vaisselles furent tous nettoyés, astiqués, lustrés; ils luisaient, brillaient, scintillaient dans la lumière du jour. Les parquées étaient cirés et brossés et les patins posés devant les entrées des portes vitrées habillées des rideaux à fleurs de couleurs gaies.
La Colonie Lointaine chapitre 2
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A l'ouest, la ville de Saint-Paul plongeait lentement dans la pénombre. Cette ville était située entre la mer, que le couché du soleil avait transformé de couleur jaune orangé, et les hautes montagnes dont les cimes étaient encore éclairées par les derniers rayons. Les ombres qui rampaient déjà sur les murs des bâtiments aux toits bas, sur des façades en pierres de taille qui longeaient les rues désertes, surgissaient de partout, chassant les lueurs qui illuminaient les chaumes en bardeaux et les crêtes. Les bruits des vagues qui s'écrasaient contre les côtes devinrent distincts par le silence qui régnait dans la ville. Les volets des fenêtres n'étaient pas encore fermés et l'on pouvait distinguer les lumières des flammes vacillantes qui indiquaient la présence des occupants. A cette heure ci, dans certaines maisons, les chambres étaient éclairées par des lampes, des bougies et des quinquets.
A l'angle de deux rues importantes de la ville, un bâtiment se distinguait par l'aspect particulier qui se révélait et qui démontrait une certaine originalité que les passants prenaient plaisir à admirer. Cette bâtisse était construite au milieu du dix-huitième siècle et avait bravé les intempéries si fréquentes dans la région pendant la saison chaude. Plusieurs réfections étaient nécessaires pour l'empêcher de sombrer dans le délabrement; le bâtiment gardait encore sa fraîcheur et les ouvriers qui s'étaient chargés de la rénover avaient respecté les normes et préservé le style. Cette maison à étage, avec balcons donnant sur les deux rues qui font angle, était occupée pour exercer un commerce au rez-de-chaussée et pour habitation à étage. L'enseigne suspendu au dessous des balcons portait en grosses écritures " Ets. Karim et Fils. Import - Export. "
Monsieur Karim venait de rentrer de la prière qu'il pratiquait régulièrement. Quand il fut informé par Sheinaz qu'une fille des Hauts était venue chercher du travail il avait réuni les membres de la famille le soir pour prendre une décision. Il avait l'habitude de discuter avec sa femme et ses enfants: il en avait six en tout dont quatre garçons et deux filles, tous des adolescents, Ils l'attendaient dans la grande salle à l'extrémité de la maison. Quand il s'installait au bout de l'immense table pour parler, les enfants étaient très motivés. Un candélabre était posé au milieu de la table et les lumières projetées étaient suffisantes pour distinguer les expressions qui se dessinaient sur les visages de chacun.
— Nous approchons le mois de Ramadan, dit Monsieur Karim, et nous avons besoin du personnel. Sheinaz m'a parlé d'une jeune fille des Hauts qui peut nous intéresser. Depuis le départ de Solange cela fait déjà un mois sans nous donner signe de vie, Fatema se plaint d'avoir beaucoup du travail à faire dans la cuisine et la maison. II est bien temps pour nous de trouver une solution pour alléger ses tâches.
— En ce qui concerne Solange, dit Mme Karim, j'ai appris qu'elle s'est mise en ménage avec un métropolitain et que personne ne sait où elle se trouve. Elle n'est pas encore passée prendre son argent et ses affaires.
— Elle a peut-être quitté le pays, qui sait? dit Aissa.
— En tout cas cela n'arrange pas la situation, dit Mr Karim.
— Est-ce qu'elle est honnête cette fille dont tu parles? demanda Mme Karim.
— Comment pouvons-nous le savoir? Le temps nous le dira, rétorqua Mr Karim.
— Nous avons perdu pas mal d'objets précieux ces dernières années en embauchant des filles qui se présentent en permanence devant notre porte. Elles sont toutes issues des familles pauvres et parviennent difficilement à s'intégrer dans la vie courante de bonnes familles. Je ne vois pas vraiment la nécessité d'employer une fois de plus une inconnue, fit Leila qui pensait aux mauvais souvenirs pour l'inciter à exprimer ainsi.
— Tu ne dois pas exagérer, dit madame Karim en regardant ses autres enfants comme pour leur faire comprendre qu'elle s'adressait à eux aussi, « et voir que le côté négatif. Cette manière de penser démontre votre ingratitude envers des personnes qui, pendant votre enfance ont pris des peines avec vous. Elles se sont occupées de vous comme une mère, vous ont nettoyés, lavés, donné à manger et à boire. Elles vous ont bercés dans leurs bras pendant des heures pour vous empêcher de crier, de pleurer, pour vous faire dormir. Et comment ne peuvent-elles pas mériter une place plus honorable dans votre petit cœur ingrat. C'est quand même écœurant de dire autant de bêtise et je suis étonnée et déçue de l'entendre de la bouche de mes enfants.
— En tout cas maman, dit Haroon, les qualités et les défauts d'une personne ne se révèlent qu'avec le temps; il est de notre devoir de prendre nos précautions et ne pas laisser traîner les objets de valeurs. Leurs pertes et leur disparition ne s'expliquent que par le fait que nous manquons de principes.
— Çà alors. Si nous ne pouvons pas disposer de nos affaires comme cela nous convient, je me demande où va ce monde, rétorqua Leila.
— Toutes les personnes qui cherchent du travail ne sont pas d'un même milieu social, n'ont pas forcément la même mentalité, le même caractère, les mêmes manières. C'est tout à fait naturel que certaines se montrent travailleuses, consciencieuses et laborieuses tandis que d'autres paresseuses, négligentes et ont pleins d'autres défauts. Ce n’est pas une raison de les condamner toutes et les mettre dans le même panier, dit madame Karim.
— Ces petits gens de maison ne sont pas si bêtes qu'on peut l'imaginer, dit Yacoob. Ils sont conscients de l'importance qu'ils jouent dans la société. Et sont aussi persuadés qu'ils ont de grandes chances de s'insérer dans la vie active en évoluant au sein des familles aisées. Pour eux c'est une voie vers la liberté. Cela les permet aussi d'échapper à l'emprise familiale où leur existence n'a aucune signification et où leur vie est sans aucune importance. Ils ont raison de fuir une société où l'on constate une stagnation de l'évolution et où il y a absence de progrès. L'idée aussi de gagner de l'argent et de mener une vie qui leur plaît ne cesse de leur effleurer l'esprit. Je parle de cette jeunesse remplie d'ambition qui essaie de frayer un chemin dans la société pour trouver une place raisonnable qui peut leur permettre de se distinguer et d'occuper des places privilégiées. C'est la raison pour laquelle l'idée de rivalité manifeste en eux. La soif de gagner de l'argent éveille en eux la jalousie. Nous pouvons déceler des changements d'attitude et des comportements bizarres qui peuvent leur faire se montrer dangereux.
— Tout cela ne veut absolument pas dire que nous pouvons nous passer de leurs services, dit Mr Karim. Il y a dans l'autre pièce une fille qui attend et je suis bien convaincu qu'en ce moment même nous avons besoin d'une personne pour assumer certaines responsabilités. J'ai remarqué que les chambres ne sont pas faites tôt le matin, que les poubelles ne sont pas vidées, que les meubles sont couverts de poussières, que les parquets ne sont pas brossés et que beaucoup de travaux ménagers sont négligés et inachevés. Donc, je tiens à vous informer que je suis bien décidé d'engager cette personne, pour que ces travaux soient faits dans les meilleures conditions.
— Je suis de ton avis, dit Mme Karim.
— Nous aussi, répondirent les garçons tandis que les filles demeuraient réticentes.
Monsieur Karim se levait et se dirigeait vers la pièce où Julie attendait. Elle était assise sur une chaise et s'était levée aussitôt qu'elle entendit des pas. Avant que Mr Karim n’ouvre la porte elle avait eu le temps de mettre de l'ordre dans son état. Quand il pénétrait dans la pièce Julie dit:
— Bonsoir monsieur.
— Bonsoir. Vous êtes la demoiselle qui s'est présentée dans la journée, n'est-ce-pas?
— Oui monsieur.
— Vous vous appelez comment?
— Je m'appelle Julie Deschamps, monsieur.
— Eh bien. Quel âge avez-vous?
— Dix-sept ans monsieur.
— Avez-vous déjà travaillé?
— Oui monsieur.
— Vous savez ce que c'est que de travailler dans une maison? Avez-vous déjà une idée des travaux que vous avez à faire?
— Oui monsieur. Je sais tout faire dans une maison. Vous pouvez le constater par vous même si vous m'engagez.
— C'est ce que j'ai l'intention de faire en me fiant sur vos paroles et votre bonne foi. J'espère que vous n'allez pas me décevoir.
— Oh monsieur je vous remercie de la confiance que vous me faite.
— Ne vous réjouissez pas si tôt. Je vous engage à l'essai pour quatre semaines. Vous serez logée dans une chambre à étage et aurez droit aux repas quotidiens comme les autres bonnes. Vous percevrez votre salaire tous les samedis. Vous avez certaines règles à respecter. Vous avez droit au repos le dimanche. Vous recevrez les ordres de moi-même, de madame et des autres membres de la famille que vous allez connaître bientôt. Si cela vous convient donc considérez-vous déjà comme engagée.
— Cela me convient très bien, monsieur. Je voudrais vous demander si je peux commencer dés ce soir. Ma maison se trouve dans les Hauts et je n'ai aucun moyen de m'y rendre.
— Évidemment il est bien tard de rentrer chez vous. Je vous envoie Suzy pour vous montrer votre chambre et vous dînerez avec les autres domestiques avant de monter vous coucher. Rappelez-vous que vous devez vous réveiller très tôt le matin pour commencer le travail.
— Bien monsieur. Je peux vous assurer que vous ne serez pas déçu.
— Je l'espère bien, mais sachez le tout de même que vous pouvez être congédiée au moindre faux pas, dit Mr Karim en s'apprêtant à partir.
— Entendu monsieur. Bonne nuit monsieur.
— Bonne nuit.
Quand la porte se refermait, Julie poussait un grand soupir de soulagement en levant la tête pour remercier le Seigneur de l'avoir fait gagner ce travail. Elle pensait déjà à la bonne nouvelle qu'elle allait annoncer à ses parents quand elle irait les voir dans les jours suivants. Ses regards admiraient les quelques meubles en bois visibles par la faible flamme de la lampe à pétrole posée sur une étagère au coin de la pièce. Elle entendit des voix provenant de loin, probablement de la salle à manger où les membres de la famille se réunissaient pour prendre le dîner. Des bruits d'assiettes, de verres, de cuillères atteignirent ses oreilles si distinctement qu'elle se disait que le dîner était déjà servi. L'eau du robinet, une voie élevée qui appelait, des empressements de pas lourds sur les planchers indiquaient que les bonnes étaient à l'œuvre. Elle ressentait dans la maison une chaleur intense émanée par cette vie bien organisée et menée par des gens ayant le souci de donner un sens à leur existence, de chercher le moyen de l'embellir, la conforter, la rendre agréable et intéressante. Des éclats de rire sonores qui se firent entendre indiquaient qu'une famille vivant dans l'harmonie et la bonne entente profitait de ce moment solennel pour se réunir. Dans son petit coin, Julie essayait d'imaginer ce qui se passait dans les autres pièces dont elle ne pouvait deviner les décors et l'atmosphère. Elle savait qu'elle aurait beaucoup de choses à découvrir, à apprendre et que les surprises étaient à prévoir. Elle n'était pas inquiète du tout et son enthousiasme à vouloir travailler écartait de son esprit toutes pensées malencontreuses qui avaient tendance à entraver ses démarches et contraindre son état d'âme. Elle avait confiance de pouvoir faire ses preuves et de comprendre vite de quelle manière donner satisfactions à ses patrons. Elle était à peine plongée dans ses pensées qui l'avaient entraînée loin dans un monde où elle entrevoyait de belles perspectives quand Suzie vint la chercher pour l'emmener dans une grande pièce où elle fit connaissance des autres domestiques qui travaillaient dans la maison et qui habitaient sur place. Elle rencontrait Suzanne, une vieille nénenne qui avait vu naître tous les enfants de la maison et les avait vus grandir. Suzanne était au service de la famille Karim depuis l’âge de vingt ans. Âgée de 55 ans, elle n'avait plus la vigueur de sa jeunesse et faisait son travail convenablement; elle n'assumait pas de grandes responsabilités. Usée pour avoir dépensé de l'énergie dans une période de son existence où elle avait des enfants à élever et plusieurs bouches à nourrir, elle perdait une grande partie de son potentiel physique en entrant dans l'âge. Elle tombait plusieurs fois malade, couvait des bronchites chroniques, traînait des toux à longueur des semaines et même des mois. Elle traitait elle-même ses douleurs rhumatismes, artérielles et d'estomac avec des tisanes qu'elle préparait avec des feuilles qu'elle allait chercher dans les bois. Elle n'aimait pas consulter des médecins et préférait supporter ses maux tranquillement en se tordant de douleur dans sa minuscule chambre sans laisser les autres apercevoir qu'elle souffrait. Elle était bien considérée par les membres de la famille et jamais personne n'osait lui faire de reproche ni de remarque sur la manière dont elle accomplissait ses travaux. Son visage était ravagé par des rides et ses yeux cernés par la fatigue quand Julie la rencontrait pour la première fois dans cette pièce. Suzie travaillait pendant trois ans dans la maison. Son père qui était un buveur invétéré, mourut d'une rupture d’anévrisme alors qu'elle avait à peine douze ans. Pour aider sa mère à élever ses trois frères et ses deux sœurs elle avait commencé à faire de petits travaux ménagers jusqu'au jour où elle fut remarquée par une personne qui connaissait bien monsieur Karim qui cherchait à l'époque une bonne pour aider Suzanne. Suzie était âgée de dix-huit ans quand elle commençait à travailler. Elle avait toujours été bien considérée par ses patrons.
The Far Away Colony Chapter 5
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The Far Away Colony
Chapter 5
The following Sunday morning, when Julie was taking some shortcuts to go back home, she feared to be reprimanded by her father for having left home without giving news from her. During the whole week the family has been worried about her. She trusted her brother Fabien, with whom she got on well, that she was living for the town to find a job. She imagined she could use this as an excuse. All along the tortuous and damaged road, she felt anguish. She didn't know the road well since she didn't use to take it all the times she went to the town with her father. When she glimpsed an ox cart loaded with different merchandises she decided to find a place at the back, in order to continue her way without having to do further efforts. She knew the carter for having crossed his way several times when he was in the region.
Julie's parents were poor people living in an old sheet metal hut situated in a region called the Bois de Nèfles. The families gathered in this shire led a peaceable and sedentary life. They never left their village and rarely went far from their home. They maintained good relationships and never argued.
They were attached to their land and were respectful. They got news of the world from people crossing the region. Their evenings were often animated by unexpected visits that brought some freshness to their existence.
Charles Deschamps, Julie's father, was leaning against the edge of a well with an ax and a grindstone in his hands. He was speaking with a foreigner who looked tired of having traveled a long distance. He didn't seem somebody from the region. That was immediately noticeable because of his appearance, his clothes and his language.
“Phew! It's so hot!” said the foreigner. “I've drank so much water that my flask is empty. The sun is only half risen though. The day was supposed to be hard. Oh! What a beautiful region!”
“Do you think so? It's really flatterer from you. You haven't been in the island for a long time, I suppose?”
“As a matter of fact we arrived yesterday, my friends and I. They are somewhere in the forest. I saw the smoke and I told myself that I'd better fill my flask before setting off again.”
“You don't have to worry. The region doesn't lack of water and fruits. Habitations are spread everywhere in the highs and you can find hospitality at people's dwellings. We are lucky not to feel ourselves isolated like those who live in the circus. There, the access is difficult, the roads are impassable and dangerous. But hey ! What has brought you, immediately disembarked, to this part of the island? Foreigners rarely come to this side. I hope you have a guide. Otherwise I don't see how you are going to follow your road.”
“We are already warned about what expects us from this adventure. We are accompanied by a person who knows well the region. And we have taken the necessary precautions against bad weather and to protect us from the cold. We want to visit Mrs Desbassyns' vast estate.”
“Oh! You must be courageous.”
“But why do you say that?”
“It seems it brings bad luck to those who search in the past of Mrs Desbassyns. You must have heard what is told about her.”
“Some say she was a bad woman and that she gave hard times to her slaves. Those who knew Mrs Desbassyns tell that she was a remarkable figure of her time. It's only after her death that Mrs Desbassyns' name took a mythical and legendary dimension. She represented the symbol of wealth and had more than 400 slaves and servants at her service.”
“Yet what we know about Mrs Desbassyns is far from what you say. She is the very incarnation of evil and maliciousness. We can't hear her name without giving her the appearance of a she-devil so much she made suffer her slaves with all her atrocities.”
“It's an undeniable fact that slaves have had an unimaginable fate, but I think it's unacceptable to attribute it to a lady for whom a lot of people, specially her slaves, had shed tears for her disappearance inasmuch as you don't cry on the gravestone of somebody you didn't like. I can tell you there were political stakes of crucial importance that led Mrs Debassyns' opponents to misrepresent the truth, to gather a good number of sympathizers, to divert the public opinion against her and to make her assume the crimes other masters committed, which was nobody's secret. People believed in everything they were told. They never made an effort to verify it. Mrs Desbassyns became in a way the scapegoat of many miscreants. She doesn't deserve such an awful place in the heart of people she loved so much. It would be unfair not to recognize her real worth. Today it's nothing else than a matter of opinion.”
“It's difficult to change the opinion of people who shiver and fear when they hear the name of Mrs Desbassyns. I think we've been told too many bad things about this woman so that today we can have the opposite image of what she deserves. Then the time has contributed to push her to the line of imposters and criminals. I think it's a pity she's been reduced to so little in the eyes of a population for whom she contributed so much by the fact that she held their destiny in her hands for years. You have enlightened in me a big part of the obscure opinion I had about Mrs Desbassyns. But from what source do you obtain all these informations to talk to me with so much assurance? You defend Mrs Desbassyns' causes as if you knew her better than anybody else. Do you have some kind of family relationship with her or are you an erudite who studies history's characters and climbs back up the time in search of the truth? In any case it's a pleasure for me to learn what you've just told me. I would make it my duty to share it with whoever wants to listen to me.”
“I am a historian. This visit aims to discover the places where Mrs Desbassyns lived. The essential is to believe in what is true. I am convinced that Mrs Desbassyns doesn't scare you now as much as she did when you ignored what she really was. It's been a pleasure to speak with you and I am happy you listened to me with interest. I have now to go reach my friends who may be worried with my delay.”
“Anything you need, don't hesitate.”
“Thanks for all and goodbye.”
“Good bye and be careful.”
The Far Away Colony Chapter 4
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The Far Away Colony
Chapter 4
Julie had proved in some days' work what she worth and the bosses were satisfied. She easily managed to please the girls and fascinate the boys. She found herself in a situation she could not refuse to allow favors to her young bosses all day long. They required her to do this or that with the aim of familiarizing with her. Sometimes she was shy and felt embarrassed while perceiving to what extent she incited her little bosses' curiosity and interest. Those boys were still young; their minds were open, despite their father's strictness to preserve them from all corruption; they could not ignore the pleasure they got while getting closer to this girl who rushed up at their least call. Since their very young age they were corrupted by their schoolmates, influenced by the relationships they established with young rascals from poor neighborhoods and with friends having lots of experiences in this field; they let themselves dragged by adventures allowing them to satisfy their curiosity and discover the perversity and vice. They were interested in girls and looked for ways to get their esteem. They turned around the newcomer and waited for the moment to start a conversation and know more about her. She found peace when she returned to her bedroom late at night. She was not really bothered, even though she preferred the girls' company. She avoided familiarizing with the boys. She always founded an excuse to get rid of them when she found that they were spending too much time by her side. She was not interested in encouraging her young masters to have their hearts set on her and to represent that object of desire that was there to corrupt the good customs. Yet at any time of the day one of the little bosses found the opportunity to snatch some words from her mouth. She could not tolerate such behaviour to avoid unpleasantness. She understood that they were interested in her for fun; sometimes, in order not to displease them, she accepted to play their game.
The Far Away Colony Chapter 3
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The Far Away Colony
Chapter 3
Before daylight pointed on the horizon, Mr Karim was already out of bed. He went to the bathroom to take a bath and perform his ablutions. He drank the black coffee Leila prepared the night before and the maid heated in a pan, slipped on his white shirt, put his Turkish hat on his head, took the old portal key pending from the wooden door and left the house to proceed on foot to the mosque situated not so far from the house. The streets, at that moment, were still dark and desert.
The boys had some difficulties to get up early in the morning. They went to bed late the night before and the sleep was overwhelming them. Mrs Karim should have to shake them; they hurried up in order not to lose the morning prayer. The girls slept in the adjoining bedroom. The parents preferred to have them next door to cast a glance at them.
As time passed by, Mister Abdul Aziz Karim became hardened and was then a severe man. He had raised his children himself, watched them, given them education, taught them the rudiments of religion and corrected them when necessary. He was a strong-tempered man, with remarkably intelligent eyes, a large shiny forehead, a thick beard hiding his large chicks, lips that were not used to smiles and a corpulence that represented the family patriarch. He seemed to be at ease with himself and was admirably confined to his leading role. In order to succeed in business, he led a long fight during several years in which he had ups and downs, but managed to get through after hard labor and constant struggles. At fifty-five years old he had acquired the necessary experiences to lead his business correctly. He was strict with his employees who were afraid of him and respected him. He was also a good man, with a generous heart. He listened to his employee's requests, if they had some, understood their weaknesses and offered them money when they had important events to celebrate.
The house was huge and the bedrooms immense. It was a structure dated since the colonial period. The roofs were covered by corrugated iron, which had replaced the clapboards gone off by the bad weather. The walls were repainted in white. The cement had replaced the lime detached by the time. The doors in the ground floor were remade and conditioned to discourage thieves. It was in this part of the building that Mr Karim has been running his business since thirty years. The carpentry, padding and mattress workshops were situated in the back of the building. The merchandise depot where the furniture pieces were stored occupied a considerable surface at the end of the big courtyard that completed the property.
In the first floor, the residential part of the building was composed by several big rooms and some small. Many employees were at Mr Karim's service to help him with his business activities and to take care of the house. A designer used to come and make dresses for Mrs Karim and the girls. A driver was available to drop the girls at school and bring them back, to do the shopping, to take Mrs Karim to pay visits to her relatives and friends, to drive Mr Karim to his providers, to the bank, to the notary or wherever he wanted to go. Several employees produced the furniture, mattresses, bolsters and pillows. They covered the armchairs and sofas, stuffed the chairs, covered the headboards with jute canvas, velvet and fabrics. A driver and three depot boys were in charge of the deliveries, furniture installation, maintenance and selling. A cook took care of the meals. Three maids took care of the house; Julie was one among them.
Early in the morning the house was empty; the kids had left for school and the other members of the family were at work. The servants assisted Mrs Karim to accomplish different tasks in the house. At this time of the day she was in the big prayer room, where nobody had the right to come and disturb her. She had already met Julie in the morning and given her instructions.
Calmness prevailed in all the rooms. Julie set to work very early. The beds were already done and the blankets put away in the closet. The furniture was dusted and the mirrors, the nickel-plated edges, the windows ledges, the corners, the polished wood, the mahogany or teak wood wardrobes, the dressing-tables, the desks, the libraries, the solid wood tables, the reversed feet chairs, the sideboards, the armchairs, the sofas, the couches, the glass cases and the tableware all cleaned, polished and lustred; they gleamed, shined and sparkled with the daylight. The floor was waxed and polished and the booties placed at the entrances of the glass doors dressed with happy colors and flower design curtains.