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UN AMOUR DE JEUNESSE : Je suis enceinte Chapitre 3

14 Mai 2011 , Rédigé par Kader Rawat

 

Je suis enceinte

 

Je commençais plus tard à avoir la nausée à mon réveil le matin. Je ne tardais pas à m'affoler quand mes règles n'arrivaient pas. Je devenais folle en imaginant que j'étais enceinte. Je décidais de consulter un médecin pour avoir le cœur net. Mon amie s'étonna devant la situation. Je lui avouais que je n'avais pas pris mes précautions toutes les fois que j'avais eues des relations sexuelles avec mon amant. Je pouvais sortir librement à cette époque. Mes parents étaient persuadés que j'allais me montrer sage. Un vieux médecin exerçait son métier dans une région bien tranquille de la ville. Mon amie me fit comprendre que le médecin était discret, qu'il recevait très peu de clients et que je pourrais me faire examiner par lui sans aucun risque de voir divulguer mon secret au cas où le résultât était positif, ce que je craignais. Je décidais de me faire examiner par lui un vendredi soir.

Je quittais le cabinet du médecin à demi évanouie dans les bras de Florence. Je ne savais vraiment quoi faire. Je ne devais absolument pas garder cet enfant. Quel honte !

Les affaires de mon père marchaient très bien. Il avait commencé à faire fortune dans les ventes des voitures d'occasion. Il était en projet de se lancer dans l'importation des voitures neuves. Il recevait des hommes d'affaires venant de l'étranger. Les banquiers avec lesquels il traitait affaires étaient souvent invités à la maison pour dîner. Il fréquentait des personnes influentes de la politique et jouissait d'une popularité à laquelle il tenait beaucoup.

Je suivais la glorieuse ascension de mon père avec une grande admiration. Je constatais en même temps le début de ma déchéance. Ma mère et moi  étions en bons termes. Elle me traitait avec douceur et attention. Je me trouvais dans une situation difficile et ne savais comment résoudre mes problèmes. Quelle honte à moi quand mes parents allaient apprendre que j'étais enceinte! Quand je pensais aux peines que mon père se donnait pour nous faire mener une existence heureuse, je me sentais couvrir d'une honte indicible que je ne parvenais pas à cacher et qui m'inquiétait beaucoup. Au fait nous ne manquions de rien et de plus j'étais tellement gâtée par des petits présents que mon père me faisait de temps à autres que je ne cessais de me reprocher d'avoir commis là une erreur monumentale. Que faire?

J'avais pris des tisanes qui ne donnaient aucun résultat. Je voulais mettre fin à mes jours. Mon amie me demandait d'être patiente. Elle connaissait une vieille femme qui habitait au Brûlé et qui pourrait me trouver des remèdes pour me faire avorter. Je n'avais pas le choix. Je la suppliais de faire vite avant qu'il ne soit trop tard. Mon amie était venue me voir avec un air triste et désolée. La vieille femme dont elle m'avait parlé était morte depuis longtemps déjà.

Il ne me restait que deux solutions : me donner la mort pour ne pas subir à l'humiliation et la honte ou me rendre dans un endroit où les gens ne me connaissaient pas et où je pourrais porter mon enfant sans crainte. Le suicide me paraissait quand même un acte difficile à accomplir. D'ailleurs c'est interdit dans notre religion et je le savais. Je n'étais pas préparée pour faire un tel sacrifice. C'était évident que j'avais essuyé une cuisante déception. Combien mon cœur était meurtri! Combien je souffrais à l'intérieur de moi-même! Personne ne le savait. A quoi bon maintenant me morfondre su mon sort? J'avais mérité ce que j'avais cherché. Ce quelques plaisirs dérobés m'avaient coûté si cher que je me voyais me confronter avec le plus grave problème de mon existence. Je devais pourtant trouver une solution, prendre une décision importante sur laquelle dépendait mon avenir. Je m'étonnais devant la terrible envie de garder cet enfant. Je commençais déjà par l'accepter comme une partie de moi-même malgré que ce fût l'enfant de la honte. En tout cas c'était mon enfant et je ne voyais pas pourquoi je devais m'en débarrasser.

Je cherchais des moyens  à résoudre mes problèmes avant de me faire chasser de la maison quand mes parents prendraient connaissance de ma situation. Cela ne devait pas tarder si je demeurais les mains croisées. Je parvenais à l'aide d'une amie que je rencontrais en chemin d'apprendre qu'une agence située à la rue de la Compagnie cherchait des mannequins pour une grande maison de mode à Paris. Etre mannequin dans mon état me paraissait inapproprié mais si c'était une possibilité pour moi de partir, je me disais que je ferai tout mon possible. La fuite me semblait la meilleure solution. Mon ventre n'avait pas encore commencé à grossir. J'avais encore un corps qui pourrait me donner ma chance. Pourquoi ne pas la saisir ?

Les conditions qui me furent proposées me paraissaient excellentes. J'avais quelques pièces à fournir pour les formalités. J'étais majeure et pouvais effectuer toute seule mes démarches. L'agence prenait charge de mon billet et effectuait toutes les démarches nécessaires pour m'embarquer dans le premier paquebot qui partait pour la France. Je gagnais de l'argent de poche avec mes parents pour me permettre de faire de l'économie. Cette somme n'était pas importante. Je pourrais l'utiliser dans des moments difficiles. J'avais l'habitude d'écouter aux informations de la radio et de m'informer des actualités locales, nationales et internationales dans les journaux que mon père amenait à la maison le midi. Je me préparais pour affronter un monde nouveau que j'allais découvrir. Je craignais de devoir faire face aux problèmes d'adaptation. Je redoutais donc le froid. Je passais des nuits blanches à analyser les difficultés que j'allais rencontrer. Mais comment arranger les choses ? Est-ce que je pourrais aller expliquer à mes parents que j'attendais un enfant et que je l'avais conçu de telle manière ? C'était insensé. Je voudrais me montrer circonspecte dans une telle situation. J'éprouvais une immense tristesse de faire du tort à mes parents. Ils reposaient sur moi tout leur espoir. Je ne méritais guère de me retrouver auprès d'eux. J'avais commis un péché impardonnable. Je devais donc expier mes fautes. Combien ils seraient déçus de constater ma disparition. Je ne trouvais pas d'autre moyen de m'éloigner d'eux. Je ne me sentais pas aussi courageuse pour leur avouer la vérité. J'avais la crainte de ternir leur univers dans lequel ils ne faisaient que commencer à briller. Je n'avais d'autre choix que de partir bien loin.

J'étais inquiète d'entreprendre un si long voyage dans l'état où je me trouvais. J'avais entendu parler des maux de mer que nombreuses personnes de faible constitution souffraient en effectuant de long voyage. Je me doutais un peu des risques que je prenais et des difficultés que j'avais à affronter. Fuir et me jeter dans les tourments de la vie sans aucune expérience me faisaient redouter l'aventure palpitante qui m'attendait. J'avais toujours été une fille qui était très attachée au toit paternel et me demandais comment je ferai pour m'adapter à une vie houleuse dans le théâtre d'un monde où il se passait des choses dont je ne pouvais imaginer. Est-ce que j'étais vraiment capable d'affronter l'existence toute seule dans un monde différent ? Je préférais ne pas y penser. Je préparais mon départ avec discrétion. Je prenais tellement de précaution qu'à aucun moment j'avais éveillé des soupçons dans l'esprit de mes parents. Pourtant ma mère s'attachait beaucoup à moi ces derniers temps. Elle avait le pressentiment qu'elle allait me perdre. Peut-être que l'absence répétée de mon père avait resserré nos liens. Ou peut-être que l'idée de devoir la quitter définitivement dans les prochains jours avait éveillé en moi cette étrange compassion. Je les aimais tous les deux plus que ce que j'ai démontré dans cette confession. Et je savais aussi qu'ils m'aimaient beaucoup pour avoir toujours cherché à rendre mon existence confortable. Nous avons besoin de cette chaleur qui réchauffe le cœur et nous donne confiance en nous-mêmes ? Pourrai-je trouver ailleurs une telle chaleur alors que j'avais décidé de les quitter ? Dans quel pétrin je me trouvais et de quelle manière j'allais m'en sortir ? J'avais déjà commis des fautes graves pour lesquelles j'ignorais la sentence qui m'était réservée. J'allais commettre une bêtise qui pourrait me coûter bien cher. Ma mère accuserait tous les choques. Elle ne me pardonnerait jamais. Elle souffrirait beaucoup. Mais je préférais qu'elle souffre de mon départ que l'achever en l'apprenant dans quel état je me trouvais. J'avais pris soin de rédiger une longue lettre dans laquelle je ne cessais de parler de la vie heureuse que je mène auprès de mes parents et de l'obligation dans laquelle je me trouvais de partir bien loin pour des raisons que je ne pouvais mentionner. Je leur fis comprendre la chance qui m'était offerte pour faire ce voyage et les assurais de la bonne main dans laquelle je me trouvais. J'espérais ainsi limiter leurs angoisses. Ils essaieraient de s'informer auprès de mes amies pour connaître le motif exact de mon départ. J'avais eu l'idée depuis le début de ne mettre personne au courant de mes démarches à l'exception de mon amie Florence qui voyageait avec moi. Ils feraient toutes sortes de suppositions sans jamais connaître la vérité. Quel mal devais-je les faire en agissant de cette manière, et combien de tort je les causais en portant cet enfant dans mes entrailles ? Etait-ce le fruit du mal que je concevais en moi pour voir mon existence basculer de cette manière et dans une dimension à me faire quitter l'opulence pour entrer dans la vie exécrable d'une fugitive? Je voyais déjà l'obscur avenir qui m'attendait au bout du chemin et n'avais aucun moyen de retourner en arrière. Comment trouver le courage de me lancer dans le monde de cette manière ? Je ne savais pas ce que je laissais derrière moi, ce que je perdais dans ma vie. Le chemin de l'émigration me paraissait long, pénible et incertain.

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UN AMOUR DE JEUNESSE : Mes années scolaires Chapitre 2

14 Mai 2011 , Rédigé par Kader Rawat

Chapitre 2

Mes années scolaires.

Au lycée un jeune professeur métropolitain portait à mon égard un intérêt particulier. J'éprouvais également pour lui de l'admiration. C'était un type bien, de taille moyenne, mince avec de longs cheveux bien coiffés. Il était marié et avait deux beaux gosses que j'avais entrevus une fois en compagnie de sa femme, une parisienne probablement, dans une bagnole qui était stationnée devant l'établissement scolaire. Il nous enseignait l'histoire. Je n'étais pas très brillante dans cette discipline. Je devais fournir de gros efforts pour avoir de bonnes notes. Je suivais avec grands intérêts ses cours. J'étais souvent désignée pour préparer et commenter devant la classe les parcours des grands personnages de l'histoire, les règnes des Rois de France à l'époque médiévale et même avant. Je faisais des études approfondies des grandes conquêtes de l'histoire. Quand je fus interrogée par le professeur je n'éprouvais pas la moindre hésitation pour parler de tout ce que je savais de ces hommes célèbres et de leurs faiblesses pour les femmes qui avaient partagé leur vie.
Mes études m'aidaient à augmenter ma connaissance et éclairer mon esprit dans plusieurs domaines dont je ne me serais jamais intéressée si ce n'était pas pour compléter mon programme scolaire. J'avais beaucoup d'espoir de pouvoir terminer mes études avec succès et me sentais capable de pouvoir travailler avec acharnement et assiduité. Je me faisais déjà de ce monde des idées bien définies et commençais à regarder l'avenir avec beaucoup d'espoir et de confiance. Je ne manquais pas d'encouragement de la part de mes parents et avais toutes les facilités et les conforts dont j'avais besoin.
A cette époque des transformations radicales s'effectuaient dans les environnements. Les paysages changeaient d'aspect et de caractéristiques. Plusieurs bâtiments étaient en cours de construction pour abriter les familles pauvres et défavorisées qui n'avaient pas de logement salubre. Je me souviens d'avoir été choisie en classe pour parler sur les avantages et les inconvénients de situer les établissements scolaires dans des lieux agglomérés. J'abordais les élèves dans la cour de l'école pour leur poser une foule de question sur leur condition de vie dans l'enceinte de l'établissement. De cette manière je parvenais à rassembler des renseignements précieux pour traiter et développer le sujet. J'avais laissé ce jour là sur ceux qui m'écoutaient parler une forte impression.
Mon père m'avait toujours appris à être simple, modeste et agréable. C'était la raison pour laquelle j'avais de nombreuses amies. J'étais souvent mise au courant de leurs petits secrets, de leurs mésaventures et de leurs déceptions amoureuses.
Depuis ma prime jeunesse j'avais une opinion de ce que c'était que la sexualité. Quelques amies intimes m'avaient montré des photos obscènes que leurs copains les avaient prêtées. Pour moi c'était une curiosité que d'essayer de comprendre ces photos que je trouvais odieuses. Je n'avais jamais imaginé que des choses pareilles existaient. J'étais très souvent perturbée par ces images obscènes qui me hantaient l'imagination les soirs quand je me trouvais seule dans ma chambre. En classe j'avais une préférence pour la littérature générale. J'étais très intéressée de connaître la vie des plus grands écrivains français et étrangers. Je prenais un infini plaisir à parcourir les œuvres qui ont fait parler d'elles-mêmes de par le monde. Je sélectionnais de nombreux ouvrages romantiques qui alimentaient en quelque sorte mon imagination. Je m'étais inscrite à la bibliothèque départementale de Saint-Denis. J'avais droit à apporter à la maison six livres de mon choix pour une durée d'un mois avec la possibilité bien entendu de les renouveler si je voulais les garder encore. Je lisais jusqu'à fort tard le soir après avoir terminé mes devoirs de classe. Au cours du troisième trimestre j'avais peut être travaillé trop dure. Je commençais à ressentir des fatigues intenses. Mes parents étaient inquiets de mon état de santé. Ils m'emmenaient consulter un médecin. J'aurais dû garder le lit pendant plusieurs jours pour éviter de sombrer dans un état dépressif.
Je n'étais pas insensible à l'évolution de la société dans laquelle je me trouvais. Je portais mes observations sur tout ce qui se trouvait dans mon champ de vision quand je marchais dans les rues et quand je me promenais. Avec le temps je commençais à accepter que la vie avait certaines distractions que seule la jeunesse pouvait profiter. Quelques amies que je connaissais pendant des années essayaient avec beaucoup de patience à me faire comprendre que je devais changer mon attitude envers les jeunes garçons du lycée qui cherchaient à flirter avec moi. Je ne voulais pas me jeter de mon propre gré dans la gueule du loup mais me disais aussi que ce ne serait aucun mal pour personne si je me rendais coquette et me montrais plus consciente aux attentions que me portaient les casanovas.
Je ne tardais pas à mettre en pratique ma résolution. Ma mère qui était la première à remarquer les changements qui s'effectuaient dans mes habitudes me fit part de ses inquiétudes et me fit remarquer que je rentrais tard à la maison. Je me fis trop belle pour aller au lycée. Je ne faisais en vérité rien de mal si ce n'était seulement de m'attarder dans l'enceinte de la bibliothèque à bavarder avec des amies sur tous nos menus problèmes qui nous encombraient la vie. Je ne peux expliquer moi-même aujourd'hui ce qui me fit préférer ces vulgaires compagnies à l'abri discret de ma demeure. Mon père fut sitôt informé de mes retards et il venait me retrouver dans ma chambre pour me demander les raisons. Je lui expliquais que les amies que je fréquentais et avec lesquelles je demeurais jusqu'à tard n'étaient pas de la mauvaise compagnie. J'étais suffisamment responsable pour savoir ce que je devais faire et ce que je ne devais pas. Ce n'était pas une réponse que mon père aurait voulu entendre de moi. J'étais désolée. Je n'avais pas trouvé d'autres explications à lui donner. J'étais allée le voir un peu plus tard pour lui présenter mes excuses et pour lui assurer que je ne faisais rien de mal et de compromettante. Il était soulagé et m'avait dit qu'il me faisait confiance et qu'il savait que j'étais une fille qui avait la tête sur les épaules. A l'approche des fêtes de fin d'année, tous les élèves étaient contents. Nous n'avions plus beaucoup de devoirs à faire et passions nos temps à nous distraire. Je voulais profiter des occasions qui se présentaient pour m'amuser. Ma présence parmi les groupes des jeunes qui avaient la réputation d'être les feux follets de l'établissement étonnait bons nombres de soupirants que j'avais refoulé auparavant. Je semblais être la bienvenue au milieu de ce cercle que j'avais toujours évité. Certains garçons que j'avais peut-être blessés dans les sentiments sans faire attention me trouvaient une proie facile. Je n'avais jamais imaginé que la manière que je m'étais comportée au lycée avait déplu aux jeunes loups. Ils étaient prêts à me dévorer en entier. Pourtant en dépit de toutes les peines que j'avais données pour éviter de tomber dans les pièges de l'existence je me voyais bien en train de m'amuser comme une folle garce parmi une foule de gens que je ne connaissais pas. Ce milieu m'était tellement nouveau et étrange que je me sentais perdue complètement. J'avais l'impression de me trouver dans un labyrinthe en train de chercher mon chemin comme une éperdue. Pendant que la fête s'animait et prenait de l'ampleur, les quelques amies qui se trouvaient en ma compagnie me délaissaient pour rejoindre leurs copains qui les avaient entraînées auprès des étals de jeux. Je demeurais toute seule avant de rencontrer quelques amies qui me suppliaient de se joindre à elles. J'avais trouvé leur compagnie tellement agréable que j'avais passé toute la soirée avec elles. A l'approche de la nuit quelques ampoules électriques suspendues au plafond étaient allumées et répandaient des lueurs faibles dans la grande pièce. Je commençais vraiment à prendre goût aux plaisirs en me mélangeant à la foule. Je me trouvais, sans me rendre compte, en train de m'amuser, dans les bras de ces garçons que j'avais repoussés en maintes occasions. C'était pour moi le début d'une nouvelle vie qui ne cesserait de prendre des dimensions considérables. Au cours de cette même soirée, j'avais fait la connaissance d'un jeune métropolitain qui se montrait gentil avec moi. Il ne voulait pas me quitter depuis qu'il m'avait rencontrée. C'était le neveu d'un professeur de l'école. Il était venu passer quelques semaines de vacances dans l'île. Il me parlait de ce monde comme si dirait qu'il avait vécu pendant longtemps. Il avait une vaste connaissance. J'étais fascinée par son intelligence. Il voulait me rendre visite chez moi. J’avais parlé de lui à ma mère. Elle m’avait fait comprendre qu’elle n’était pas d’accord que je nouais amitié avec des garçons et de faire pénétrer dans la maison des étrangers.
- Ce n’est pas un étranger. C’est un ami, avais-je répliqué.
-Si c’est un ami tu le reçois donc dehors. Chez moi je n’admets pas qu’on introduise qui que ce soit. Et puis, depuis quand tu te fais des amis ? Ce n'est pas de ton habitude de te familiariser avec les garçons. Est-ce que tu crois que ton père sera content d'apprendre sur ces fréquentations? Notre religion nous interdit toutes ces fantaisies. Je t'aurais conseillée de bien te comporter si tu veux garder la tête haute. Ton honneur et celui de ta famille ne dépend que de toi.
J'éprouvais une immense tristesse devant la situation. Je trouvais des occasions pour lui rencontrer dans des lieux discrets où nous pouvions parler librement. J'étais amoureuse de ce garçon qui n'était pas de ma religion et cela me compliquait l'existence. Quand je fis une mise au point sur ma situation je découvris que j'étais engagée dans le mauvais chemin. Je n'avais pas le courage de me détacher de cet homme qui me plaisait tant. Ma mère ne tardait pas à découvrir que j'étais amoureuse. Elle était déçue. Elle ne pouvait pas accepter l'idée que j'aimais un garçon zoreil. Quel compte allait-elle rendre à son mari quand il apprendrait que je fréquentais un étranger et un garçon qui n'était pas de ma religion. Elle m'avait proféré des menaces et m'avait injuriée pour cette vie de débauche qu'elle me reprochait de mener. Des démarches furent effectuées par la suite, sans que je fusse tenue au courant, pour me trouver un mari dans le meilleur délai avant, disait-elle, que je ne déshonore la famille. En plusieurs occasions des visites inattendues m'obligeaient à me présenter devant des hommes bien différents à mes goûts et à mes aspirations. Certains étaient en tenu arabe, à l'aspect grossier et louche, avec de longues barbes. Ils me donnaient une telle frayeur que j'avais une envie terrible de fuir. Personne ne me convenait ni ne me plaisait. Je fus interdite de quitter la maison sans aucun motif valable. Je fus très affectée de ne pouvoir rencontrer l'homme que j'aimais et à qui je pensais énormément. Après une semaine de m'être privée de le voir, j'éprouvais un désir terrible d'aller lui trouver même s'il fallait courir des risques. J'avais l'espoir de pouvoir trouver une bonne excuse pour tromper la vigilance de ma mère qui ne me lâchait pas des yeux. Florence me remit une lettre de mon amoureux m'annonçant qu'il devait rentrer en France dans quelques jours. Je voulais le rencontrer avant son départ. Je commençais à perdre espoir à ne jamais plus le revoir. J'étais si triste et désolée que j’avais envie me donner la mort. Quand mon amie était partie c'était à ce moment là que l'idée m'était venue de demander à mon amoureux de venir me voir tard le soir. J'étais certaine qu'il le ferait pour me voir. Je regrettais de ne pouvoir arranger les choses de cette manière. Il ne me restait qu'une seule solution. C'était de me rendre moi-même chez lui. Mais comment tromper la vigilance de ma mère. Elle surveillait tous mes mouvements. Je priais Florence de transmettre à Christophe, il s'appelait ainsi, un message lui demandant de venir me voir le soir. Je laisserais la fenêtre de ma chambre ouverte. Il réussit vers le minuit passé à s'introduire dans ma chambre. Je lui fis comprendre à voix basse combien j'étais malheureuse loin de lui. Il avait compris le sentiment profond que je portais pour lui et profitait de ma faiblesse et de l'empire qu'il exerçait sur moi pour commencer à me faire l'amour. J'avais connu un instant de bonheur intense avant de nous séparer à l'aube en nous promettant de nous revoir le plus tôt possible.
J'étais allée à sa rencontre plusieurs fois et nous avions fait l'amour pendant des heures sans nous lasser. J'étais heureuse. Le jour où Christophe devait partir je m'étais enfermée dans ma chambre et avais pleuré pendant longtemps. Florence était venue me consoler. Elle connaissait mes moindres secrets.

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