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La colonie lointaine Chapitre 6

22 Mai 2014 , Rédigé par Kader Rawat

La colonie lointaine

 

Chapitre 6

 

Quand l'étranger disparut dans la forêt, Charles Deschamps allait chercher du bois entassé derrière la maison.

Une demi-heure plus tard Charles Deschamps était en train de couper du bois quand Julie se présenta dans la cour.

— Ah! Enfin, te voilà de retour, dit le père, tu ne pouvais pas savoir quel souci nous avons fait pour toi.

— Bonjour père. Je suis vraiment désolée. Je ne veux pas vous faire de la peine.

— Ta mère est en train de mourir d'inquiétude à ton sujet.

— Fabien sait que je suis partie chercher du travail. Il ne vous a rien dit?

— Tu aurais dû nous le dire toi-même. D'habitude tu ne t'absentes pas pendant si longtemps sans donner de nouvelle.

— Vous ne m'aurez jamais laissé m'en aller toute seule. Où est maman? J'ai une bonne nouvelle à vous annoncer.

— Elle est partie à l'église avec Fabien et Yvette. Ils vont sûrement passer au cimetière pour déposer des fleurs et faire une prière pour les morts. Rentres à la maison et sers-toi à boire et à manger. Tu devais être fatiguée pour avoir fait un long trajet.

— Tiens. J'ai apporté une dinde et une bouteille de vin. Devine ce qu'on va fêter?

— Tu as beaucoup de choses à nous dire, je suppose. Et bien vas te reposer un peu pendant que je termine à couper ces morceaux de bois. Quand nous serons tous réunis tu vas nous raconter tout dans les détails.

Julie entrait dans la maison en regardant avec tristesse ces vieux meubles de pacotilles qui ne valaient pas grand chose à comparer de ceux qu'elle avait vus dans les maisons où elle avait travaillé. Elle menait une vie sans histoire jusqu'au jour où quelques événements déplorables la firent comprendre qu'elle pourrait terminer son existence dans la misère si elle ne réagissait pas. L'aventure sans précédent qu'elle avait eue chez sa dernière maîtresse l'avait fait porter sur le dos l'étiquette de l'allumeuse. Sa vie était tourmentée de telle sorte que si elle n'avait pas le moral fort et le soutien de sa famille elle aurait longtemps sombré dans la dépression.

C'est arrivé pendant qu'elle travaillait comme femme de ménage chez Madame Blondet, épouse austère d'un colon prospère de la région. Quand sa présence avait commencé à tourner la tête de ses petits patrons, Madame Blondet, qui avait l'œil à tout, n'avait pas tardé à réagir et avait jugé bon de la renvoyer avant que les choses ne se dégradent et que les jeunes fils de la noblesse commencent à perdre la tête pour une domestique. Julie n'avait rien fait de mal pour mériter un traitement aussi odieux et pour supporter autant des calomnies sur son dos fragile. La prévoyance de Mme Blondet, ses rigueurs ne l'avaient pas donné le temps de réfléchir ni de savoir plus de ce qu'elle avait cru comprendre. Elle n'avait même pas soulevé des discussions ni cherché des explications pour se rassurer si ses jugements étaient bons ou pas. Elle se rapportait au vieil adage qui disait qu'il valait mieux prévenir que guérir. Elle voulait vivre dans la transparence et préférait écarter les doutes, les dissiper par tous les moyens possibles sans penser aux conséquences. Julie avait digéré mal une telle humiliation et bien qu'elle ne se sente pas coupable de la situation elle n'avait aucun moyen de se défendre. Les reproches injustifiées dont elle fut objet et qu'elle était la seule à comprendre la firent tellement mal qu'elle était couverte d'une honte indicible. Quand elle devait quitter la maison la tête grosse, elle n'imaginait pas devoir laisser derrière elle une image spoliée et cette impression qui la rangeait parmi les personnages indésirables. Elle aurait dû avoir recours au temps pour se relever de la situation et pour comprendre que la seule solution demeurait à ne jamais perdre courage.

Charles Deschamps qui approchait la cinquantaine s'acharnait sur les bois secs et robustes obtenus sur les tamariniers des hauts. Il suait à grosses gouttes par la chaleur et sa peau luisait par le soleil ardent. Son visage dur indiquait qu'il avait débattu pendant longtemps dans la misère. Il était le rejeton d'une mère alcoolique et d'un père violent qui passait la majeure partie de sa vie en prison. Il grandit dans de condition de vie semblable à ce que Dickens nous raconte dans ses romans. II fit la rencontre de Pauline quand il était jeune et habitait chez une tante qui ne lui donnait pas de l'affection mais qui lui inculquait de l'éducation. Pauline réussit à le faire mener l'existence d'un homme conscient de sa responsabilité et de son devoir. Elle lui procurait les joies d'un ménage et lui donna chaque année un enfant qui l'attacha au foyer. II n'avait pas un travail fixe et acceptait de faire un peu de tout pour gagner sa vie et nourrir sa famille. Il était souvent contraint de se déplacer pour travailler dans de lointains quartiers où sa famille devait le suivre. Le temps devenait dur et parfois il ne travaillait pas. Il décida de trouver un endroit où il avait la possibilité d'organiser sa vie, d'élever ses enfants et de s'occuper de sa femme. Une vieille bâtisse décrépite, construite à l'époque coloniale, attira son attention quand il fût engagé par un riche propriétaire comme garde-chasse. Sa tâche consistait de veiller sur plusieurs hectares de terres recouvertes des cultures et regroupant des animaux. Il avait l'habitude de parcourir la région en compagnie d'un chien et d'empêcher les intrus à commettre des délits. Nombreux individus sans scrupules pillaient les cultures et volaient les animaux. Charles Deschamps avait une fois rencontré son patron dans les bois lors d'un mauvais temps à l'approche de la nuit et il l'avait accompagné jusqu'à sa demeure en éclairant son chemin par un fanal. La conversation engagée entre les deux hommes était suffisante pour permettre à l'employé d'avoir l'accord du maître pour aménager dans la vieille maison abandonnée dans le bois. Charles Deschamps s'était installé avec sa famille dans la maison. Les murs en pierre avaient résisté aux vents violents qui causaient des dégâts pendant la saison chaude.

Julie se tenait tout près de la fenêtre pour contempler la photo dans laquelle figuraient ses deux sœurs mariées à des militaires et qui avaient quitté le pays. Elle se rappelait comment elle avait passé son enfance en leur compagnie. Cette photo refoulait à l'esprit une foule de souvenirs qui la rendait triste mais rassurée en imaginant qu'elles devaient être heureuses avec leur mari dans un lointain pays où la vie était intéressante.

Le soleil était bien haut dans le ciel quand la voix de Fabien retentissait au loin. Julie voulait rester dans la maison pour leur réserver la surprise mais le désir de les revoir l'avait fait sortir le plus vite possible pour les rejoindre en courant dans leur direction.

— Ah! Ma fille. Seigneur? Que je suis contente de te revoir. Si tu savais combien j'ai prié pour que Dieu te protège. Enfin, te voilà, ma fille, saine et sauve. Mais où t'étais-tu passée tout ce temps. Je n'ai pas fermé l'œil ces dernières nuits tant je m'inquiétais pour toi.

— Je suis vraiment désolée maman, dit Julie en embrassant sa maman et la serrant fort dans ses bras. Moi aussi je pensais à vous. Comment vous portez-vous? Votre rhumatisme ne vous fait pas trop souffrir, j'espère? Et Yvette, ma petite sœur, ne fais pas cette tête là. Viens auprès de moi. Fabien, tu sais que je ne t'ai pas oublié. J'ai amené un beau cadeau pour toi.

Julie continuait à parler en mettant ses bras autour des épaules de son frère et de sa sœur. Quand ils avaient rejoint le père auprès du puits, Julie dit:

— J'ai eu du travail chez une famille aisée et généreuse. J'ai terminé ma première semaine et je suis contente. Les patrons sont tous gentils avec moi et je commence déjà à m'habituer aux membres de la famille. J'ai eu ma paie et j'ai bien l'intention de fêter ça en famille. Papa voudra bien allumer un feu de bois et maman fera cuire la dinde que nous dégusterons avec du riz et des légumes. Qu'en pensez-vous si nous nous amusons un peu. Tonton Jacques serait content de battre sa ravane et de nous chanter un bon séga-maloya.

Elle retira de son sac à main flambant tout neuf le reste de son salaire et le présentait à sa mère:

— Tiens, maman. Prends cet argent. Tu auras besoin pour t'acheter des médicaments et pour tes dépenses imprévues.

— Je garderai cet argent plutôt pour tes trousseaux. Ainsi quand tu vas te marier il ne te manquera pas grand chose. Trouve toi un bon mari et fonde toi un foyer. Ton père gagne assez d'argent pour subvenir à nos besoins.

— Combien va-t-il se tuer dans le travail à l'âge qu'il est, mère? Cette maison n'est pas convenable. Vous devez penser à améliorer votre condition de vie. Vous n'allez pas terminer votre existence dans ce taudis. Ce village n'a aucun attrait. Il est temps de vous décider d'aller vivre dans une ville.

— Je te comprends très bien ma fille mais nous n'avons pas l'intention de quitter ce lieu. Nous sommes très bien ici. Quelques personnes sont venues voir ton père l'autre jour pour lui proposer de monter une distillerie. Je dois te dire aussi que les terres sont à vendre et qu'un clerc du notaire est passé pour demander à ton père s'il est l'intéressé de faire acquisition d'une parcelle.

— Vous comptez acheter un terrain? Mais où est-ce-que vous allez trouver de l'argent?

— Nous n'avons pas l'intention de baisser les bras. Nous voulons nous battre pour sortir de la misère. Nous sommes habitués à cultiver la terre, à élever des animaux. Nous ne savons faire que ça. Ailleurs nous serons perdus et nous ne voulons pas être à la merci des autres. Nous avons appris à vivre dans la dignité malgré que nous ne possédions pas grand chose. Nous avons économisé un peu d'argent au prix d'énormes sacrifices parce que nous avons pensé à nos enfants. Nous ne voulons pas quitter ce monde sans vous laisser de quoi vous permettre de vivre. Nous allons utiliser cet argent pour acheter quelques hectares de terre et l'exploiter. Quand nous ne serons plus là vous aurez de quoi vivre.

— Si telle est votre intention mère comment ne me sentirai-je pas touchée. J'ai toujours su que vous vous occupez de nous comme une mère soucieuse de l'avenir de ses enfants. Dieu vous aide à exaucer vos désirs. Laissez moi aussi vous aider à acheter ces terres. Je travaille aussi pour apporter mon soutien à la famille. Je serai contente de participer dans l'engagement que vous allez prendre et de vous aider.

— Tes intentions sont bonnes, ma fille. Dieu te bénisse. Ton père a pris rendez-vous avec le notaire. Il ira prendre connaissance des propositions qui lui seront faites et nous allons voir de quelle manière procéder pour l'achat de cette parcelle de terre. Nous te tiendrons au courant quand nous serons fixés sur les modalités.

Julie avait envie de sortir de la cuisine enfumée pour contempler les alentours. Elle avait l'impression de respirer un air qui appartenait à elle. Jamais auparavant elle n'avait ressenti pareille émotion, et une telle fierté de se trouver en possession d'une parcelle de terre dont elle pouvait disposer comme elle le voulait. Ses regards admiraient les moindres recoins, repérant chaque objet qui représentait une valeur importante. Elle regardait les cryptomerias, les tamariniers des hauts, les eucalyptus, les ficus avec des branches démesurément longues et les variétés de palmiers. Ces espèces ne représentaient qu'une partie de la flore tropicale et s'ajoutaient à la richesse de ce décor naturel.

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The far away colony Chapter 6

22 Mai 2014 , Rédigé par Kader Rawat

The far away colony

 

Chapter 6

 

Once the foreigner disappeared in the forest, Charles Deschamps went to the back of his house and looked for some stacked wood.

Half an hour later he was cutting wood when Julie appeared in the courtyard.

“Oh, finally, here you are back”, said the father, “you couldn't have imagined how worried we were about you.”

“Good morning, father, I am really sorry. I don't want to hurt you”.

“Your mother is dying from anxiety about you.”

“Fabien knows I left to find a job. Didn't he tell you anything?”

“You should have told us yourself. Usually you never go away for so long without giving some news.”

“You would have never let me go alone. Where's mom? I have some good news to announce you.”

“She left for the church with Fabien and Yvette. They will surely pass by the cemetery to bring some flowers and make a prayer for the dead. Go inside and serve yourself something to drink and eat. You must be tired for having traveled so long.”

“Look. I brought a turkey and a bottle of wine. Guess what we are going to celebrate?”

“You have lots of things to tell us, I suppose. So have some rest while I finish cutting these wood pieces. When we'll be all reunited you will tell us everything in detail.”

Julie entered into the house and looked with sadness the old cheap furniture which didn't worth much compared to those she had seen in the houses she worked. She led a life without stories until the day in which some deplorable events made her understand she could finish her existence in misery if she didn't react. The adventure without precedent she had at her last mistress' made her carry on her back a tease's reputation. Her life was tormented in such a way that if she hadn't had a strong spirit and her family's support she would have sunk into depression a long time ago.

It happened while she was working as a cleaner at Mrs Blondet, austere wife of a prosperous settler from the region. When her presence started to turn her little bosses heads, Mrs Blondet, who kept an eye on everything, didn't take long time to react and found it appropriate to fire her before things degraded and the young sons of the nobility started to loose their head for a servant. Julie didn't do anything wrong to deserve such a horrible treatment and to support so many slanders on her fragile back. Mrs Blondet's foresight, her strictness, didn't give her the time to reflect nor to know more than she thought she understood. She didn't even raise discussions or look for explanations to be sure whether those judgments were good or not. She referred to the old adage that said it's better to prevent than to cure. She wanted to live transparently and preferred to rule out the doubts, to dissipate them by every possible mean, without thinking on the consequences. She hadn't put up with such a humiliation and even if she didn't feel guilty with the situation, she didn't have a way to defend herself. She was so hurt by the unjustified reproaches that she was covered by an inexpressible shame. When she had to leave the house with her head swollen, she didn't imagine she would have left behind her a despoiled image or that impression that puts her among the undesirable figures. She would have had recourse to time to get up from the situation and to understand that the only solution was to never loose her courage.

Charles Deschamps, who was approaching fifty, was taking it out on the dry and strong woods obtained from the High's tamarind trees. He was sweating streams because of the heat and his skin shined with the burning sun. His hard face shown he had struggled in the misery for a long time. He was the offspring of an alcoholic mother and a violent father who used to pass the most part of his life in prison. He grew up in life conditions similar to what Dickens tells us in his novels. He met Pauline when he was young and was living with an aunt who didn't give him affection but who instilled education in him. Pauline succeeded at making him lead the existence of a man conscious of his responsibility and his duty. She provided him with home pleasures and gave him a child every year, which attached him to the household. He didn't have a stable job and accepted to do a little bit of everything to earn his living and feed his family. He was often constrained to move to work in the far away neighborhoods where his family had to follow him. Times got harder and sometimes he didn't work. He decided to find a place where he could organize his life, raise his kids and take care of his wife. An old and decrepit construction, built during the colonial period, attracted his attention when a rich owner hired him as a gamekeeper. His task consisted in watching over several hectares of land used for farming and animal herding. He was in the habit of crossing the region accompanied by a dog and preventing intruders to commit crimes. Many persons without scruples plundered the farmings and stole the animals. Charles Deschamps  had once encountered his boss in the woods during a rough weather period when the night was approaching and he accompanied him up to his house by lighting the road with a lantern. The conversation the two men held had been enough to allow the employee to obtain his master's agreement to move into the old house abandoned in the wood. Charles Deschamps settled in the house with his family. The stone walls have resisted to the violent winds that used to cause damages during the hot season.

Julie was standing quiet close to the window to contemplate a picture in which appeared her two sisters, who were married to military men and had left the country. she remembered the way she spent her childhood with them. This picture held back in her mind a crowd of memories that made her feel sad but reassured when she imagined they should be happy with their husbands in a far away country where life was interesting.

The sun was high in the sky when Julien's voice resounded in the distance. Julie wanted  to stay in the house to reserve them the surprise but the wish to see them again made her exit as fast as possible and run to join them.

“Oh Lord, my daughter? I am so happy to see you again. If only you knew how much I prayed to God to protect you. Finally, here you are, my daughter, safe and sound. But where have you been all this time? I haven't slept a wink these last nights, so much I was worried about you.”

“I am really sorry, Mom,” said Julie while hugging her mother and holding her strongly in her arms. I also had you in my thoughts.  How are you? Your rheumatism is not making you suffer too much, I hope? And Yvette, my little sister, don't pull that face. Come close to me. Fabien, you know I didn't forget you. I brought a nice present for you.”

Julie kept talking while putting her arms around her brother and sister's shoulders. When they reached the father near the well, Julie said:

“I found a job with a wealthy and generous family. I've finished my first week and I am happy. The bosses are really nice with me  and I am already getting accustomed to the members of the family. I've got my pay and I intend to celebrate it with my family. Dad would light the fire and Mom would cook the turkey we are going to taste with rice and vegetables. What about having some fun? Uncle Jacques would be glad to squeeze his ravanne chords and sing a good sega-maloya for us.

She took out from her radiant and new bag the rest of her wages and gave it to her mother:

“Here you have, Mom. Take this money. You will need it to bye some medicine and for your unexpected expenses.”

“I would rather keep this money for your trousseaux. This way, when you will marry you will lack very little. Find a good husband and set up home. Your father earns enough our living.”

“How much does he have to kill himself working at his age, mother? This house is not suitable. You have to think about improving your life conditions. You are not going to finish your existence in this hovel. This village hasn't any attraction. It's time for you to go live in a town.”

“I understand you very well, my daughter, but we have no intention to leave this place. We feel very well here. Some persons came the other day to see your father and propose him to put up a distillery. Also, I have to tell you that the lands are on sale and that a notary clerk passed by to ask your father if he was interested in buying a plot.”

“Are you counting on buying a ground? But where are you going to find the money?”

“We have no intention of throwing in the towel. We want to fight to escape from misery. We are used to cultivate the land and to raise animals. It's the only thing we know how to do. We would feel lost everywhere else and we don't want to be at the other's mercy. We have learnt to live with dignity even if we have very little. We have saved some money at the price of enormous sacrifices because we have thought of our kids. We don't want to leave this world without leaving you something that allows you to live. We are going to employ that money to buy some hectares of land to farm. When we won't be here anymore, you would have a living.”

“If that's your intention, how couldn't I feel touched? I always knew you took care of us like a mother concerned on the future of her kids. May God help you to fulfill your desires. Let me help you buying those lands. I also work to give support to my family. I would be glad to participate in the commitment you are going to make and to help you.” 

“Your intentions are good. God Bless you my daughter. Your father has an appointment with the notary. He's going to get acquaintance with the proposals they are going to offer him and then we're going to see in which way we can proceed with the purchase of this plot of land. We will keep you informed when the modes would be decided.

Julie wanted to go out from the kitchen full of smoke to contemplate the surroundings. She had the impression to breath an air that belonged to her. She had never before felt such an emotion and such a pride for being in possession of a land plot she could dispose of as she wanted. She admired with her gaze the lower nooks, noticing every single object of important value. She looked at the cryptomerias, the tamarind trees from the highs, the eucalyptus with the extremely long leaves, the ficus and the varieties of palm trees. Those species were only a part of the tropical flora added to the richness of the natural scenery.

 

 

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La colonie lointaine Chapitre 5

20 Mai 2014 , Rédigé par Kader Rawat

La colonie lointaine

 

 

Chapitre 5

 

Un dimanche matin, en regagnant son village par des raccourcis, Julie éprouvait la crainte de se faire réprimander par son père pour avoir quitté la maison sans donner de ses nouvelles. Pendant toute la semaine la famille s'inquiétait à son sujet. Elle avait confié à son frère Fabien avec lequel elle s'entendait bien qu'elle partait en ville pour chercher du travail. Elle imaginait qu'elle pouvait présenter cela comme une excuse. Tout le long du chemin tortueux et endommagé, Julie éprouvait de la peine. Elle ne connaissait pas bien cette route qu'elle n'avait pas l'habitude d'emprunter quand elle se rendait en ville en compagnie de son père. Quand elle aperçut une charrette à bœuf chargée de diverses marchandises elle décida de trouver une place à l'arrière pour s'asseoir afin de poursuivre sa route sans fournir des efforts. Elle connaissait le charretier pour avoir plusieurs fois croisé son chemin quand il se trouvait dans la région.

Les parents de Julie étaient des gens pauvres qui vivaient dans une vieille case en tôle dans la région qui se nommait le Bois de Nèfles. Les familles qui s'étaient regroupées dans cette contrée menaient une existence paisible et sédentaire. Les gens ne quittaient jamais leur village et s'éloignaient rarement de leur maison. Ils entretenaient de bons rapports et ne se disputaient jamais.

Ils étaient attachés à leur terre et se devaient du respect. Ils apprenaient les nouvelles du monde par des gens qui traversaient la région. Leur soirée était souvent animée par des visites inopinées qui apportaient fraîcheur à leur existence.

Charles Deschamps, le père de Julie, était appuyé contre le rebord d'un puits avec une hache et une meule à aiguiser dans les mains. Il parlait à un étranger qui paraissait fatigué pour avoir parcouru une longue distance. Il ne se donnait pas l'air de quelqu'un du pays. Cela se voyait tout de suite par son allure, ses habits et son langage.

— Ouf! Quelle chaleur! dit l'étranger, j'ai bu tellement d'eau que ma gourde est vide. Pourtant le soleil n'est qu'à mi-hauteur. La journée devait être rude. Ah! Quel beau pays!

— Vous trouvez? C'est très flatteur de votre part. Vous ne devriez pas être depuis longtemps dans l’ile, je suppose?

— En vérité nous sommes arrivés hier, mes amis et moi-même. Ils sont quelque part dans la forêt en train de se reposer. J'ai vu de la fumée et me suis dis que je ferai mieux remplir ma gourde avant de reprendre la route.

— Vous n'avez pas des inquiétudes à vous faire. La région ne manque pas d'eau ni de gibiers. Des habitations sont disséminées un peu partout dans les hauteurs et vous pouvez trouver hospitalités chez des gens. Nous avons la chance de ne pas nous sentir isolés comme ceux qui habitent les cirques. Là-bas, l'accès est difficile, les chemins impraticables et dangereux. Mais dis donc! Qu’est-ce qui vous a amené, aussitôt débarqué, dans cette partie de l’île? Les étrangers passent rarement de ce côté. J'espère que vous avez un guide. Autrement je ne vois pas comment vous allez poursuivre votre chemin.

— Nous sommes déjà prévenus de ce qui nous attend de cette aventure. Nous sommes en compagnie d'une personne qui connaît bien la région. Et nous avons pris nos précautions contre les intempéries et pour nous protéger du froid. Nous voulons visiter le vaste domaine qui appartenait à Madame Desbassyns.

— Ah! Vous devez avoir un sacré courage.

— Mais pourquoi dites-vous cela?

— II parait que cela porte malheur à ceux qui fouillent dans le passé de Mme Desbassyns. Vous devez avoir entendu ce qu'on raconte sur elle.

— Certains disent qu'elle était une femme méchante et qu'elle avait fait des misères à ses esclaves. Ceux qui ont connu Mme Desbassyns racontent qu'elle était une figure remarquable de son époque. Ce n'était qu'après sa mort que le nom de Mme Desbassyns avait pris une dimension mythique et légendaire. Elle représentait le symbole de la richesse et comptait plus de 400 esclaves et domestiques à son service.

— Pourtant ce que nous connaissons de Mme Desbassyns est loin de ce que vous dites. Elle est l'incarnation même du mal et de la méchanceté. Nous ne pouvons pas entendre ce nom sans que nous la donnions l'image d'une diablesse tant elle faisait souffrir ses esclaves de toutes sortes d'atrocités.

— Que les esclaves subissent un sort inimaginable est un fait indéniable mais l'attribuer à une dame qui a fait verser de larmes tant de gens et en particulier ses esclaves eux-mêmes par sa disparition me parait inacceptable dans la mesure où l'on ne pleure pas sur la tombe d'une personne qu'on n'a pas aimée. Je vous dis qu'il y avait des enjeux politiques d'une importance capitale qui avait amené les adversaires de Mme Desbassyns à déformer la vérité, à rassembler bon nombre des sympathisants de l'époque, à détourner l'opinion publique contre elle et la faire endosser les crimes que les autres maîtres avaient commis et qui étaient un secret pour personne. Les gens croyaient tout ce qu'on les racontait. Ils ne se donnaient jamais la peine de vérifier. Mme Desbassyns était devenue en quelque sorte le bouc émissaire de nombreux mécréants. Elle ne mérite pas une place aussi ignoble dans le cœur des gens qu'elle avait tant aimés. Ce serait injuste de ne pas la donner sa vraie valeur. Aujourd'hui ce n'est qu'une question d'opinion."

— Il est difficile de changer l'opinion des gens qui tremblent et qui éprouvent des craintes en entendant le nom de Mme Desbassyns. Je pense qu'on nous a parlé trop de mal de cette femme, pour qu'aujourd'hui nous puissions faire d'elle une image contraire de celle qu'elle mérite. Ensuite le temps a contribué à repousser Mme Desbassyns dans le rang des charlatans et des scélérates. Je trouve cela dommage qu'elle fut réduite de si peu de chose aux yeux d'un peuple pour lequel elle avait beaucoup contribué de par le fait qu'elle tenait elle-même pendant des années leur destinée en main. Vous avez éclairé en moi une bonne partie de l'obscure opinion que j'avais de Mme Desbassyns. Mais de quelle source vous tenez tous ces renseignements pour me parler avec autant d'assurance? Vous défendez les causes de Mme Desbassyns comme si vous la connaissiez mieux que quiconque. Avez vous un quelconque lien de parenté avec elle ou êtes-vous un érudit qui étudie les personnages marqués par l'histoire et remonte souvent le temps en quête de vérité? En tout cas c'est un plaisir pour moi d'apprendre ce que vous venez de me raconter. Je me ferai un devoir de le partager à ceux qui veulent m'écouter.

— Je suis historien. Cette visite consiste à découvrir les lieux où Mme Desbassyns a vécu. L'essentiel est de croire en ce qui est vrai. Je suis convaincu que Mme Desbassyns ne vous fait pas autant peur comme quand vous ignorez ce qu'elle était vraiment. J'ai eu beaucoup de plaisir de vous parler et je suis content que vous m'ayez écouté avec intérêt. Je dois maintenant aller joindre mes amis qui doivent s'inquiéter de mon retard.

— Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas.

— Merci pour tout et au revoir.

— Au revoir et soyez prudent.

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