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UN DÉBUT DANS LA VIE DEUXIÈME PARTIE

23 Août 2023 , Rédigé par Kader Rawat

Un dÉbut dans la vie

DEUXIÈME partie

Ceci est un ouvrage de fiction.

Toute ressemblance avec des personnages réels ne peut être que fortuite.

Avoir de bonne intention envers une fille dans le but de la demander en mariage n’est pas une simple affaire. Comment pouvais-je savoir ce que me réservait l’avenir alors que j’étais moi-même en train de tout faire pour conquérir le cœur d’une fille à laquelle je tenais énormément. A force d’insistance et de persévérance je réussi à la convaincre d’accepter mon invitation chez un glacier qui venait d’ouvrir ses portes dans la rue du Grand Chemin. Elle avait beaucoup hésité avant de me donner son accord. J’aurais dû attendre longtemps, avoir beaucoup de patience et aussi essayer de comprendre sa situation qui ne devait pas être facile. A vrai dire ce n’était pas de coutume à l’époque de s’afficher publiquement avec un garçon. Encore moins avec quelqu’un qui était complètement étranger à la famille. Je peux dire que j’avais de la chance qu’elle avait pris ma demande en considération pour me donner enfin une réponse positive. Nous avions pris place dans un petit coin tranquille au fond de la salle ; j’avais pu apprendre plus sur sa famille et je peux dire, toutefois, que la suite de cette relation ne me paraissait pas vraiment facile et que j’aurais du fil à retordre, vu que nous n’étions pas du même rang social ni de même milieu, elle une créole blanche de bonne famille et moi un cafre d’une famille modeste si l’on pouvait dire cela ainsi.

Son père était un agent de la compagnie EDF de la réunion et sa mère, employée de la collectivité locale. Des postes qui permettaient de percevoir une rémunération plus que confortable à une époque où ce n’était pas facile de gagner sa vie. Elle avait deux sœurs et trois frères plus jeunes qu’elle et tous répartis au collège, lycée et université. Elle avait tout de suite trouvé du travail après avoir terminé ses études universitaires. Elle habitait avec ses parents dans une magnifique villa entourée d’un jardin fleuri et des beaux arbres centenaires. En vérité ce n’était pas une modeste maison comme je l’avais imaginé ou qu’elle avait voulu me faire croire au début. La maison était vraiment superbe la première fois que je la découvrais pour satisfaire ma curiosité. Au cours de ce premier contact avec Karine, j’avais tout de suite compris que je devais absolument me montrer à la hauteur afin de garder toutes mes chances de me faire accepter par la famille.

Mon père avait travaillé toute sa vie comme employé dans une compagnie de construction en bâtiments. Il avait terminé sa carrière pas trop longtemps comme chef d’équipe et commençait à peine de profiter de sa retraite quand je débutais dans mon travail. Il était fier d’avoir pu transformer de ses mains et de ses économies, au fil de longues années de sacrifice, notre petite case en une superbe villa à étage qui nous mettait d’une part en sécurité et nous permettait d’autre part de mener une vie convenable. Ma mère avait toujours été femme au foyer et s’occupait avec dévotion de son mari, de son ménage et de ses enfants, sans jamais pousser la moindre plainte. Ces derniers temps des huissiers s’étaient présentés devant la porte de la maison pour réclamer le remboursement d’une dette qui remontait dans le temps. C’était bien cela qui avait perturbé la tranquillité qui régnait dans la maison. Mon père ne pouvait accepter ce genre de situation. Je compris qu’il vivait un moment difficile. Ma mère se repliait sur elle-même et avait du mal à cacher sa tristesse. J’imaginais que ce n’était pas si grave et qu’une solution devrait être trouvée dans les jours à venir.

Ce n’était pas le moment pour moi d’annoncer quoi que ce soit sur le rapport que j’entretenais avec Karine. Ce n’était pas non plus l’envie qui me manquait de rendre officielle notre relation. J’avais cru bon et même honnête de mettre ma mère dans mes confidences. Elle était sceptique et me demandait d’être prudent et surtout me montrer très vigilent avec le temps qui courait.  Je préférais attendre le temps qu’il faudrait pour donner suite à mon projet. Je continuais à voir Karine dans les jours à venir. J’aurais dû utiliser toutes les ruses pour me rapprocher d’elle et de tous ceux qui faisaient partie de sa vie. J’avoue que je n’étais pas un fervent pratiquant mais quand il s’agissait de rencontrer Karine, de la voir, de me trouver à ses côtés pourquoi aller chercher loin ? L’Eglise de la Trinité était un lieu où l’on se rendait pour prier. Son espace verdoyant et arborisé occasionnait des rencontres fortuites. Je n’avais pas hésité de me tourner un peu plus souvent vers Dieu, si cela pouvait m’aider dans mes démarches de connaître davantage Karine. C’était de cette manière que j’avais eu l’occasion de faire la connaissance de ses parents que j’avais trouvé sympathiques, sociables et d’un niveau intellectuel élevé. C’était l’opportunité pour moi de prouver que j’étais un bon chrétien. Depuis petit, maman, qui était une fervente catholique, nous emmenait, mes frères, mes sœurs et moi à la messe. Très jeune, j’avais reçu le batême, la communion et la confirmation. Je n’avais pas de reproche à me faire de ce côté-là quand j’évoquais mon attachement à la religion. Je savais que tous ces critères étaient pris en considération pour évaluer le genre de personne que j’étais avant de décider si je pouvais faire partie ou pas de leur cercle familial. J’avais tout fait pour donner de moi-même une bonne image, mais je pensais que ce n’était pas suffisant. Je savais qu’il manquait quelque chose mais ne parvenais pas à trouver ce que c’était. J’avais besoin de chercher encore et cela m’agaçait énormément, au point à me faire avoir de l’insomnie tous les soirs.

Tous droits réservés y compris les droits de reproduction, de stockage des données et de diffusion, en totalité ou en partie sous quelque forme que ce soit.

©Kader Rawat

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Un début dans la vie

12 Août 2023 , Rédigé par Kader Rawat

Ceci est un ouvrage de fiction.
Toute ressemblance avec des personnages réels ne peut être que fortuite.

 

Vers la fin de l'année 1964, je décidais d’abandonner mes études secondaires, dans lesquelles je ne brillais pas du tout, pour chercher un travail quelconque qui me permettrait d’apporter de l’aide à ma famille dont la situation financière laissait à désirer. Cela, je l’avais compris depuis un certain temps, mais je ne savais pas trop comment m’y prendre, et surtout de quelle manière. Mes frères et mes sœurs, plus jeunes que moi, représentaient un lourd fardeau pour mes parents qui étaient d'un âge avancé mais qui faisaient de leurs mieux pour que nous ne manquions de rien. J’habitais le quartier des Camélias, à peu de distance du centre-ville de Saint-Denis. Je m’y rendais souvent avec mes amis pour errer dans les rues, fréquenter les cabarets, les salles de cinéma et de dance et aussi profitais des fêtes organisées par la Mairie. Cela n’avait pas été difficile pour moi de dénicher un emploi d’agent d'entretien dans un de ces bureaux miteux situés dans la rue de la Compagnie. Le salaire qui me fut proposé me paraissait raisonnable pour un début dans ma vie professionnelle et je n’en demandais pas mieux.
Je peux dire que j’avais mis du temps à m’adapter aux horaires qui me fut proposés mais, avec la volonté de réussir ma vie et surtout d’aider mes parents, au bout de quelques mois, j’assumais mes responsabilités, avec beaucoup de sérieux et d’enthousiasme.
Après plus d’une année de service dans la boite, un matin mon patron me convoqua dans son bureau pour me proposer un emploi de coursier, en même temps qu’une augmentation de salaire. La boite s’était fructifiée dans les Imports/Exports et vente en gros et de son aspect miteux, elle s’était métamorphosée complètement par des travaux de rénovation intense tout le long de l’année en cours. Je fus plus que satisfait de cette promotion et le remerciais du fond du cœur pour cette confiance qu’il me faisait tout en lui affirmant mon dévouement dans mon travail.
Ma nouvelle tâche consistait à déposer et récupérer des courriers dans les autres boites de la ville. Un trajet que j’effectuais à vélo, en parcourant les rues de la ville de long en large à toute heure de la journée. Cela me donnait l’occasion de me rendre tous les jours de la semaine, sauf le dimanche, dans les bureaux des secrétaires, à l’accueil des agences qui venaient d’ouvrir leurs portes dans les quatre coins de la ville pour présenter le registre, délivrer les courriers, en récupérer d’autres et obtenir la signature.
C’était de cette manière que j’avais rencontré Karine. Elle se trouvait derrière son comptoir quand je m’étais présenté pour la remettre les courriers. Elle avait ouvert ses grands yeux avec de longs cilles et me regardait d’une drôle de façon. J’étais éblouis par sa beauté et m’étais resté figé devant elle, examinant avec minutie les franges à la Brigitte Bardot qui décoraient son front protubérant.
— Quoi ? avait-elle demandé.
— Rien du tout. Je suis perdu dans mes pensées.
Je ne voulais pas lui dire que j’étais en extase devant sa sublime beauté.
— N’importe quoi. Avait-elle répliqué.
Et à chaque fois que j’allais déposer des courriers sur son bureau, je ne pouvais m’empêcher de l’admirer, de la fixer dans les yeux. Je savais que c’était gênant, que je la mettais mal à l’aise mais je ne pouvais me retenir et elle commençait par ne plus tolérer cela. Ce jeu durait un peu de temps avant que je remarque que des changements s’étaient effectués dans mes habitudes. Même ma mère s’étonnait devant l’allure que je me donnais, les soins que je portais à ma personne et les choix de mes vêtements. Elle était la première à soupçonner que j’étais amoureux. Au fait, elle n’avait pas tort. Je l’étais bien évidemment mais je me trouvais en quelque sorte dans le flou et ne savais pas comment communiquer ce sentiment à la femme qui commençait déjà à hanter mon esprit.
En vérité nous ne nous adressions pas vraiment la parole et encore moins nous nous faisions une conversation pour ainsi dire. Elle était du genre timide comme pas possible et moi aussi, je ne faisais pas des efforts pour trouver un moyen d’ouvrir un sujet de conversation. Des jours passaient ainsi sans que nous nous connaissions plus que lors du premier jour.
Un beau jour j’avais pris mon courage à deux mains et j’étais allé droit au but. J’avais tout bien préparé, effectué les répétitions devant le miroir afin de ne pas commettre des bêtises et quand je me trouvais en face d’elle, j’avais demandé d’un ton mielleux, avec une voix qui sortait de ma bouche et que moi-même ne reconnaissais pas :
— Vous aimez danser ?
— Quoi ?
Cela m’avait donné une frayeur. Je me demandais s’il fallait que je poursuive la conversation ou arrêter tout court. Du coup je décidais de changer de tactique.
— Est-ce que je peux vous parler ?
— De quoi ?
— De ce que je ressens pour vous.
— Ah bon ! Qu’est-ce que vous ressentez pour moi ?
Comme j’étais sûr de mes sentiments, j’avais tout dit pour qu’elle puisse comprendre combien je tenais à la connaître pour aller plus loin dans nos rapports. Elle m'avait écouté parler sans broncher, tout en se méfiant que les murs n'avaient pas des oreilles et le plafond des yeux. Elle était restée insensible, indifférente par toutes ces belles paroles que je déversais à son encontre.
Karine était une belle jeune fille créole de bonne famille qui habitait dans un modeste logement situé à la Source. Elle avait le teint clair, les cheveux coupés à la garçonne très à la mode à l'époque, portait des jupes courtes et avait une physionomie que je prenais plaisir à admirer à chaque fois que j'allais prendre des colis et des lettres sur son bureau. Depuis que je l’avais avoué mon amour pour elle, je prenais l'habitude de livrer avec elle un brin de conversation sans jamais manquer à la complimenter sur sa beauté et sa gentillesse. Elle se sentait au début très gênée et embarrassée mais n'avait pas pris le temps de comprendre que mes intentions étaient bonnes.
Tous droits réservés y compris les droits de reproduction, de stockage des données et de diffusion, en totalité ou en partie sous quelque forme que ce soit.
©Kader Rawat
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