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MÉMOIRES ET CONFIDENCES 40

24 Février 2022 , Rédigé par Kader Rawat

MÉMOIRES ET CONFIDENCES 40

Je venais tous les jours prendre mon déjeuner à la maison malgré la distance qui me séparait de mon travail.

D’après le règlement, je n’avais droit qu’à une demi-heure pour le déjeuner mais, comme mon supérieur et moi-même entretenions de bonnes relations, je me permettais quelquefois des petits retards que je compensais par une bonne volonté que je démontrais dans mon travail.

A midi vingt exactement ma femme, ma tante, parfois ma petite sœur, mon frère qui était en apprentissage dans un atelier de la ville, moi-même, nous nous mettions à table dans la grande salle pour déjeuner ensemble.

La conversation était inexistante ou médiocre bien que nous adoptions cette habitude de nous réunir à table pendant les deux repas principaux du jour.

Le soir, le programme de la télévision animait l’ambiance et nous permettait de demeurer plus longtemps devant notre repas, lequel se terminait invariablement par une orange, une pomme ou une banane.

Les fruits en conserve n’étaient réservés que pour des occasions particulières, une boisson gazeuse terminait le repas.

Juste après le déjeuner, je repartais travailler et ma femme qui n’avait absolument rien à faire en attendant mon retour en profitait pour aller se reposer pendant que, dans la chambre à côté, ma tante faisait de même.

Elle ne se réveillerait qu’une demi-heure avant mon arrivée afin de prendre tout son temps à se parer exceptionnellement pour moi en passant une de ses plus belles robes, en soignant son maquillage qu’elle voulait parfait pour se présenter devant moi sublime, en n’oubliant pas de déposer quelques gouttes d’un parfum léger, ensorcelant, dans le creux de son cou, juste là où j’avais l’habitude de poser mes baisers brûlants en rentrant !

Elle me serrait contre elle pour me témoigner tout le bonheur que mon retour lui procurait, l’instant d’après, à contre cœur elle dénouait mon étreinte et me laissait un instant avant de reparaître avec du thé bien chaud, du beurre et du pain qu’elle me présentait sur un plateau.

Je me régalais en sa compagnie et, si le temps le permettait, je l’emmenais  promener à la rue Desforges à cette heure déclinante de la journée où l’activité est moins intense, les trottoirs moins encombrés et où seules quelques boutiques offraient encore aux yeux des promeneurs leurs marchandises derrière des grillages bien consolidés.

Notre marche bras dessus, bras dessous nous emmenait jusqu’à la Municipalité,  avant de prendre la direction du Champ de Mars en passant devant la cathédrale, parfois vers le port, en passant devant le bureau du gouvernement.

 

 

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