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LA SOUFFRANCE D'UNE MÈRE

28 Avril 2023 , Rédigé par Kader Rawat

LA SOUFFRANCE D’UNE MÈRE

Ceci est un ouvrage de fiction. Toute ressemblance avec des personnages réels ne peut être que fortuite.

Quand je fus bien installée une voix venant de peu de distance s’adressait à moi.

– Je dois tout d’abord vous avertir, mademoiselle, que vous n’aurez pas le privilège de me voir. Et si je vous ai fait monter jusque dans ma chambre, considérez bien que c’est une faveur que je n’accorde à quiconque. Sans doute vous vous posez déjà la question de ce qui m’aurait décidé de vous faire venir auprès de moi. Et bien c’est tout à fait simple, mademoiselle. J’aurai besoin de vous parler de cet homme qui est venu acheter le lit et le matelas. Cet homme, c’est mon fils. Il est parti depuis longtemps déjà et je ne sais pas quand il va revenir. Vous l’avez vu n’est-ce-pas ? Comment se porte-il ? Est-ce qu’il vous a parlé ? Qu’est-ce qu’il vous a dit ? Je voudrais tellement vous entendre me parler de lui, tellement….

– Mais je ne le connais pas, madame, lui dis-je, je ne sais pas quoi vous raconter à son sujet. Je ne pense pas que je pourrai vous être utile à ce propos. Vous vous trompez sur ma personne. Je ne le connais pas du tout et c’est par pure coïncidence que quand il s’est présenté dans le magasin de Mr Salim je m’y trouvais aussi. Je suis vraiment confondue et je suis vraiment désolée de ne pouvoir vous êtes utile en quoique ce soit concernant ce monsieur…..

– Mais si, mais si, me coupa-t-elle, vous pouvez quand même me parler de sa brève apparition dans le magasin. Voyons, mademoiselle, qu’est-ce-que cela vous coûte de me dire ce qui s’était passé ? Je sais qu’il s’est présenté à vous et puis a disparu. Mais pour moi, sa mère, une mère qui aime son fils comme il n’y a pas deux, une mère qui souffre, qui ne fait que vivre dans les grandes espérances, une mère qui a essuyé toutes les souffrances de ce monde, qui a supporté des moments horribles, des moments de supplices dont il n’est pas nécessaire ici de faire mention mais que voulez-vous, dans de moment de douleur, on accepte tout apaisement, réconfort, soulagement. Comment vous faire comprendre l’immense plaisir que cela me fait d’entendre des nouvelles d’un fils qui ne veut plus voir sa mère, qui est parti, emporté par la colère.

– Puisque vous insistez, madame, dis-je, et puisque vous tenez tellement à savoir je ne vois pas comment je ne dois pas satisfaire votre avide intérêt. En échange, vous me diriez bien le mal dont vous souffrez pour que vous vous voyiez contrainte de vous mettre à l’abri des regards et de lumière.

– Là, répondit-elle, vous me faites du chantage.

– Absolument pas, madame. Je suis sincèrement bouleversée de vous voir à une pareille époque, dans cet état. A vrai dire, je fais allusion à votre condition de vie. Jamais je n’aurai imaginé qu’une personne aurait choisi une existence pareille quel que soit le mal dont elle souffre, les déceptions qu’elle ait eues, les souffrances, les peines, les supplices qu’elle ait endurés. De vivre comme vous le faites est déjà une épreuve bien sévère à subir. Vous me trouverez indiscrète ou impertinente de l’intérêt que je porte à vos malheurs et de la curiosité qui me ronge à en savoir plus qu’il en faut sur vous. Vous ferez la part de chose et aussi le tri dans votre esprit afin de ne pas m’apprendre plus que je ne devais connaître sur vous et vos rapports avec votre fils. Vous êtes libre de ce choix. Je vous demande peut-être un peu trop pour que vous ne vouliez plus parler. Pourquoi m’avez-vous fait monter jusqu’ici pour me donner un esprit fatigué ? Comment pourrais-je oublier l’état dans lequel vous vous trouvez, toutes ces singularités qui ne font pas partie de la vie courante que nous menons ? Ma mémoire ne pourra jamais les effacer et tout cela restera indélébile jusqu’à ma mort. Si vous tenez à ne pas vous montrer, je respecte votre choix. Imaginez-vous que j’éprouve déjà pour vous une faiblesse, un sentiment particulier émanant de ce fait que vous vivez une vie hors de commun et cela m’émeut jusqu’au profond de mon être.

– En fait, dit-elle, mon silence est dû à mon étonnement de vous entendre me parler de cette manière. Votre langage me plait énormément et je suis confiante de trouver en vous une personne en laquelle je peux avoir confiance. Votre sincérité, votre franchise me rassure sur votre loyauté. Je suis prête à vous accepter comme ma confidente. Mais le temps seulement sera capable d’établir entre nous des liens aussi étroits. J’ai constaté dans tout ce que vous m’avez dit des réalités qui ne m’ont pas laissée insensible. Je me suis longtemps préparée à me confier à la personne que je jugerais digne de connaître ce que contient mon cœur et que je reconnaitrais parmi le nombre de personnes de mon choix que je désire rencontrer. Je me trompe rarement. Jamais cette personne ne s’est présentée à moi. Il est vrai que mes contacts sont limités. Mais aujourd’hui c’est différent. Pourtant, ce n’est pas l’envie qui me manque de vous raconter l’histoire de ma vie. C’est ce que vous souhaitez afin de me connaître mieux. J’estime que vous avez appris sur moi suffisamment de choses pour que vous ne me laissiez pas tomber. Ce n’est ni le jour, ni l’heure de m’engager dans un récit qui prendra un temps considérable pour arriver à la fin. Je préfère le réserver pour une autre fois, dans une occasion appropriée et avec tout le temps que nous aurons. Par contre, pour le moment j’écouterai avec beaucoup de plaisir sur ce que vous avez à me dire sur cet homme qu'est mon fils et qui s’est présenté dans le magasin. J'ai tellement envie d'entendre parler de lui, tellement.......

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©Kader Rawat

 

 

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